The Cure fait plier le géant mondial Ticketmaster

Le groupe a obtenu le remboursement d’une partie des frais perçus par Ticketmaster lors de la vente des places de leur tournée américaine. Un fait inédit.

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©JC Guillaume

Le sujet s’invite dans la presse et sur les réseaux sociaux à l’annonce des concerts très en vue ou lorsque les festivals mettent en vente leurs billets : le prix des places. Qu’il s’agisse des Rolling Stones au stade Roi Baudouin ou de Madonna et de Peter Gabriel au Sportpaleis d’Anvers, tous les articles consacrés à ces événements mentionnaient aussi le prix à payer pour y assister. Minimum 199 euros pour les Stones. Jusqu’à 324,70 euros pour la Madone. Sans compter les packs VIP… Pour Beyoncé au stade Roi Baudouin, ces derniers se déclinent en 9 versions dont la plus onéreuse s’affiche à 2 685 euros. Avec un Meet&Greet ? Même pas ! Aux États-Unis, la situation est pire. On a vu des sièges pour la tournée américaine de Bruce Springsteen se vendre 1 000, 2 000, 5 000, 12 000 dollars !

Si ces exemples figurent parmi les plus fous, force est de constater que de manière générale, assister à un concert coûte de plus en plus cher. La faute à la pandémie et à la crise de l’énergie depuis la guerre en Ukraine ? En partie, certainement. Mais la vraie explication est liée à l’effondrement du marché du disque au début des années 2000 et à l’émergence du streaming. Il se vend de moins en moins de disques et les revenus des écoutes en ligne sont très loin de compenser le manque à gagner. Les concerts sont donc devenus les gagne-pain des musiciens.

Tout le monde n'est cependant pas prêt à jouer le jeu de la surenchère. C'est le cas d'Indochine. Il est hors de question pour Nicola Sirkis de plumer ses fans. Quitte à déranger dans le milieu, le groupe impose à son ou ses tourneurs et partenaires des prix qui restent accessibles au plus grand nombre, comme nous le confiait le chanteur en novembre 2022 : "Je suis détesté de tous les producteurs de concerts. Vraiment ! Parce que j'arrive à faire des concerts en démontrant qu'à 85 euros la place, c'est tenable. Effectivement, mon but n'est pas de capitaliser et de faire du bénéfice, contrairement à eux. Nous ne ferons jamais de Golden Pelouse, d'entrée machin, etc."

En guerre contre les places hors de prix

Autre exemple : The Cure. En annonçant sa tournée américaine le mois dernier, Robert Smith avait fait savoir qu'il avait tout mis en place pour éviter une flambée des prix. "Nous voulons que cette tournée soit accessible pour tous les fans. Nous proposons une grande variété de prix que nous jugeons corrects. Nos partenaires en matière de 'ticketing' ont accepté de nous aider en minimisant le marché noir et faisant en sorte que les billets conservent leur valeur faciale", a confié le chanteur. Explication : pas de tarification dynamique comme cela existe outre-Atlantique (des places dont les prix fluctuent en fonction de l'offre et de la demande) et pas de revente possible au marché. Les tickets sont tous nominatifs et ne peuvent pas être transférés à quelqu'un d'autre si ce n'est en passant par des plateformes qui identifient les fans et n'autorisent pas la revente à un prix supérieur à la valeur faciale du ticket acheté ('Ticketmaster Verified Fan Page' et 'Face Value Ticket Exchange'). Un système qui n'est pas exempt de défauts avait reconnu Robert Smith sur les réseaux sociaux, mais qui a le mérite de mettre des bâtons dans les roues des revendeurs indélicats.

Des frais exorbitants

Une excellente initiative, donc. À un détail près… Le chanteur n’avait pas anticipé les frais supplémentaires facturés par les plateformes en question auprès des acheteurs ! Ce fut la douche froide pour ceux-ci, mais également pour le leader de The Cure.

Dans le viseur : Ticketmaster et sa plateforme "Verifed Fan Page". Selon certains tweets, les frais ont fait doubler l’addition ! De quoi rendre malade Robert Smith qui n’a pas caché son écœurement tout en constatant que les artistes n’étaient pas en mesure de faire obstacle à ces pratiques.

Cela n'a pas empêché le chanteur de demander des explications à Ticketmaster pour comprendre ce qui justifiait de tels frais. Il avait promis de revenir vers les fans s'il obtenait une réponse. Parole tenue. Jeudi, Robert Smith a annoncé sur Twitter avoir obtenu de Tickmaster que l'entreprise rembourse une partie de ces frais. 10 dollars pour ceux qui ont acheté les places les moins chères, 5 dollars pour les autres. "Après une conversation plus approfondie, Ticketmaster a convenu avec nous que bon nombre des frais facturés étaient indûment élevés."

Taylor Swift et Bruce Springsteen

À notre connaissance, ce qui est intervenu jeudi est inédit. Et si cela se passe aux États-Unis, ce n’est peut-être pas sans incidence sur ce que nous pourrions connaître en Belgique et plus globalement en Europe. Car les méthodes développées aux États-Unis finissent tôt ou tard par être d’application chez nous. Toutes ? Non, pour des questions de réglementation. La vente dynamique n’est pas compatible avec la législation en vigueur en Belgique, où le prix des tickets de concert doit être clairement annoncé et indiqué. Il est aussi interdit de les revendre plus cher que leur valeur faciale.

En attendant, voir The Cure faire plier le géant Ticketmaster pourrait donner des idées à d’autres artistes. Faut-il rappeler la déconvenue des fans de Taylor Swift et de Bruce Springsteen quand ont été mis en vente les tickets pour leurs prochaines tournées ?

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