La DH a écouté le nouveau Depeche Mode, “Memento Mori”: déjà un des albums de l’année ?
“Memento Mori” est le quinzième album du groupe, le premier sans Andrew Fletcher, décédé l’an dernier.
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Publié le 23-03-2023 à 23h53 - Mis à jour le 24-03-2023 à 17h56
Quarante-trois ans après la formation de Depeche Mode, que peut-on encore attendre du groupe désormais réduit au duo Martin Gore-Dave Gahan après la mort d’Andrew Fletcher le 26 mai dernier ? La question est légitime au moment où sort le nouvel album du groupe. On l’imagine imprégné par la disparition de son membre fondateur. Memento Mori ne signifie-t-il pas “Souviens-toi que tu vas mourir” ?

Ce pressentiment se confirme à l’écoute de “My Cosmos Is Mine”, la plage qui introduit le disque. Une ouverture sépulcrale qui fait penser à la bande-son d’un film de science-fiction angoissant façon Alien. Ça ne rigole pas. Seule la voix plus sensuelle et charmeuse que jamais de Dave Gahan vient apporter un rayon de luminosité. Voilà réunis les deux éléments qui caractérisent ce quinzième album de Depeche Mode : des compositions sombres, ténébreuses, et un chanteur au sommet de son art. En atteste les somptueux “Soul With Me” et “Caroline’s Monkey” qui occupent le milieu du disque.
Sur les douze titres proposés, un seul est signé par Martin Gore et Dave Gahan. Ce dernier appose son sceau sur deux autres morceaux en partie avec les musiciens qui accompagnent Depeche Mode sur scène depuis 25 ans, tandis que Martin Gore en a écrit quatre avec Richard Butler, leader de Psychedelic Furs, autre formation réputée de l’époque new wave. Parmi ceux-ci figure le single “Ghost Again”.
Soyons honnêtes, il n’y a pas de tube taillé pour les radios sur cet album, mais plutôt un tout cohérent qui vous tient en haleine de la première à la dernière seconde. À l’heure où la musique s’écoute en ligne en piochant des titres pour constituer des playlists, cela pourrait faire ringard. Bien au contraire, on retrouve le plaisir de se plonger dans un disque qui nous raconte une histoire, celle d’un monde post-Covid et marqué par la guerre en Ukraine comme l’explique Martin Gore dans l’interview à découvrir dans le DH Mag de ce samedi 25 mars.

Pas de coups d’accélérateur non plus. Ou si peu. Memento Mori est en mode mid-tempo du début à la fin. Mais on ne s’ennuie jamais. Et chaque fois qu’on pense être en terrain de connaissance comme avec “My Favourite Stranger”, le traitement apporté à la chanson vous emporte dans des contrées inattendues. Idem avec “Caroline’s Monkey” déjà cité plus haut. Depeche Mode se montre audacieux. Ce sont deux incontournables de l’album.
Il y a plein de guitares sur ce disque, mais elles sont le plus souvent méconnaissables. Il y a aussi des cordes qui se cachent un peu partout. Elles apportent ce brin de légèreté qui contraste avec la noirceur omniprésente. Mais dans l’ensemble, la musique est marquée par les machines. Un exemple : le très bon “People Are Good”.
Depeche Mode livre un quinzième album magnifiquement sombre, de ceux qui vous "condamnent" à y revenir encore et encore. Comme quoi, après plus de 40 années d’activité, il reste toujours des choses à dire et des audaces à expérimenter. Avec Miley Cyrus, Martin Gore et Dave Gahan signent des albums de l’année.