Le Conseil National de Sécurité s'est réuni mercredi. Il a officiellement interdit la tenue des festivals jusqu'au 31 août inclus. Le secteur l'attendait et semble privilégier les annulations aux reports. Le public, lui, pourra être remboursé, mais devrait également se voir offrir des "vouchers" valables pour 2021. Explications
C'est confirmé : il n'y aura pas de festivals de musique en Belgique cet été. Le Conseil National de Sécurité a officiellement interdit mercredi la tenue de tout événement public de masse jusqu'au 31 août inclus. Rock Werchter, Dour, Les Ardentes, Couleur Café, Tomorrowland, les Francofolies, LaSemo, mais aussi Esperanzah!, le Brussels Summer Festival et le Pukkelpop seront donc fort vraisemblablement purement et simplement annulés en 2020. Cette décision n'a rien de surprenant. Nombre de festivals savaient depuis des semaines que leur édition était compromise, mais l'ensemble du secteur attendait une prise de position officielle avant de l'annoncer.
La raison ? Le fameux "cas de force majeure" qu'il appartient aux autorités de décréter, et qui libère artistes et organisateurs des frais contractuels qui les lient. "Si le festival annule, il est tenu de verser une partie du cachet de l'artiste ou des fournisseurs" précise Samuel Chappel, qui dirige le festival LaSemo. "Si c'est l'artiste qui prend cette décision, les frais sont pour lui. La force majeure libère tout le monde. Ces dernières semaines, c'était presque amusant, les artistes et les festivals s'observaient un peu via les agents pour voir qui allait prendre la décision."
Pas d'assurance pour ce type de situation
Dans le secteur, on se dit plutôt satisfait du timing des autorités, car une clarification de la situation commençait doucement à être indispensable. D'abord, parce que plus le temps avance, plus les frais engagés sont importants. Ensuite et surtout, parce que les dates de montage des différents sites approchaient furieusement. "Des festivals comme Rock Werchter ou le Graspop commencent à monter le 5 ou le 10 mai" précise Damien Dufrasne, patron du Dour Festival. "Pour Dour, c'est le 25 mai. On devait absolument être fixés pour ces dates-là, sans même parler de la situation de tous nos fournisseurs qui attendaient l'info pour faire leurs plannings et engager ou non des frais."
Quand un événement fait face à une annulation, ses organisateurs disposent souvent d'une assurance pour les frais engagés. Mais, dans le monde des festivals de musique, aux budgets souvent colossaux, la question est complexe. "Dour n'est pas assuré pour ce type de risques, et la plupart des festivals belges non plus" poursuit Damien Dufrasne. "C'est un peu une question de mentalité, les Français ont tendance à s'assurer davantage." Malheureusement pour nos voisins, la situation actuelle est à ce point exceptionnelle, que les assureurs tentent manifestement eux aussi de limiter la casse, comme l'illustre le cas du Hellfest. Le très réputé festival de métal installé à 30km de Nantes s'était assuré dès le mois de décembre "contre tout, en ce compris les pandémies". Mais, en dépit des 175 000 euros versés pour cette prime spéciale, l'assureur aurait fini par indiquer aux organisateurs que "ce type de pandémie" n'était pas couvert par le contrat signé, déclenchant un tollé dans l'Hexagone.
Plutôt une annulation qu'un report
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