Ce temps est révolu. Portés depuis des années par leur succès public et financier, la grande majorité des festivals belges et internationaux se sont transformés en machines rutilantes et bien huilées. Des équipes de plusieurs dizaines de personnes sont sur le pied de guerre tout au long de l’année, et les événements musicaux les plus massifs du pays - comme Rock Werchter (80 000 spectateurs par jour) ou le Pukkelpop (66 000 spectateurs par jour) - sont devenus de véritables empires de la musique live, gagnant en puissance ce qu’ils ont perdu en légèreté et en spontanéité.
"Le Pukkelpop n’a plus rien à voir avec le petit festival de musique alternative qu’il était il y a vingt ans, nous confirme son organisateur, Chokri Mahassine. L’évolution naturelle du secteur et les exigences du public nous ont contraints à devenir ultraprofessionnels à tous les niveaux : la sécurité, dont les coûts ont fortement augmenté, mais aussi le confort, la technique, le catering, et bien entendu la programmation musicale, qui demande toujours plus de moyens et d’expertise. A la création du Pukkelpop en 1985, j’étais seul à la programmation. Aujourd’hui, j’emploie à temps plein cinq personnes spécialisées dans des genres musicaux différents. L’édition 2017 n’a lieu que dans un mois, mais nous travaillons déjà sur l’affiche de 2018. Il y a quelques années, c’était inconcevable. Désormais c’est obligatoire. La concurrence des autres festivals est telle que la programmation des groupes est devenue une véritable course contre la montre. Il est essentiel d’avoir un bon réseau international et de passer des accords avec d’autres festivals à l’étranger."