“Shrinking” : les créateurs de “Ted Lasso” et Jason Segel signent un “After Life” un peu trop fade
Cette fiction sur le deuil manque cruellement de rythme. Avec Harrison Ford.
Publié le 29-01-2023 à 15h56
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Trois heures du matin. Deux filles en bikini mortes de rire crient, avant de sauter dans une piscine. “Derek, tu es réveillé ? C’est ton tour…”, intime Liz dans son lit à son mari, avant de se lever pour aller gentiment sermonner Jimmy par-dessus la clôture. Ce dernier (Jason Segel) est aussi ivre, que désolé une fois ses deux amies séchées et rhabillées. “Désolé de te demander mais c’est “toi” pour toujours ?”, interroge, avec courage, la quinquagénaire le lendemain à son voisin tout penaud.
Depuis un an et le décès de son épouse dans un accident de la route, Jimmy va mal. Se noyant dans les plaisirs éphémères de la débauche, il délaisse Alice, sa fille lycéenne mature, qui l’appelle "bro” et lui fait payer ses absences récurrentes. Le veuf se comporte avec son meilleur ami comme Brendan Gleeson envers Colin Farrell dans Les Banshees d’Inisherin. Il l’évite.
Au travail, le tableau n’est guère plus doré. Le lendemain de la bacchanale chlorée, Jimmy bâille aux corneilles devant ses patients avant de leur dire, sans pincettes, ce qu’il pense vraiment. Du genre : votre mari est un boulet, changez de vie, quittez-le. Comme Jim Carrey dans Liar, Liar. Jimmy s’implique, d’ailleurs, trop dans la vie de ses patients au point de s’en faire des amis… Ce qui n’a pas le don de plaire au Dr. Paul Rhodes (Harrison Ford) son mentor.
Bienveillant comme “Ted Lasso”
Quatre ans après After Life, la série de Netflix, Apple TV ajoute à son catalogue sa” dramédie” sur le deuil. Les personnages campés par Ricky Gervais et Jason Segel ont le même défi : retrouver goût à la vie après avoir perdu leur épouse. Comme le Britannique, l’Américain peut compter sur l’aide de ses proches et de nouvelles connaissances. Cette série est remplie de bienveillance et ce n’est pas une surprise puisqu’elle a été co-créée par Bill Lawrence et Brett Goldstein, deux des cerveaux derrière l’excellente série Ted Lasso. Mais là où le côté feel good de cette dernière n’était pas dérangeant, le mélo de Shrinking peut être parfois agaçant.
On retrouve plusieurs thèmes évoqués dans la fiction footballistique primée aux Emmy (notamment la saison 2) : le deuil, la résilience, la masculinité, la santé mentale, la libération de la parole, la difficulté d’être parents… Mais moins subtilement et trop superficiellement abordés.
Ted Lasso était une fiction originale et drôle, c’est moins le cas de Skrinking qui manque de rythme, empile trop souvent les clichés, les punchlines fades et les gags éculés. Le brave type campé par Jason Segel ne tient pas la comparaison avec Ricky Gervais et sa verve. Quant à Harrison Ford, il s’en sort honnêtement dans son rôle d’octogénaire solitaire, sarcastique, cynique et bourru, en quête de rédemption.
Shrinking – Dramédie de Bill Lawrence, Jason Segel, Brett Goldstein – Réalisation : James Ponsoldt, Ry Russo-Young… Avec Harrison Ford, Jason Segel, Lukita Maxwell… Apple TV, dès le 27/01 (10' × 30 minutes).