243 milliards prévus en 2023 : les folles dépenses des plateformes de streaming
Alors que nombre d’entre elles perdent de l’argent, elles devraient dilapider globalement 243 milliards de dollars en 2023.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/c644ff66-61e6-46b5-b06d-08bc3ff5f82d.png)
Publié le 06-02-2023 à 15h13
:focal(595x320:605x310)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/IDQU6B55AVEVNMSKTUZEXBGNQU.jpeg)
2023 sera une année charnière pour le monde de la fiction. Elle devrait déterminer si le covid n’a entraîné qu’un couac passager pour les salles de cinéma ou si le déclin des grands écrans s’inscrit comme une tendance lourde pour l’avenir. Même chose du côté des plateformes de streaming, où la guerre sans pitié pour accroître sans cesse l’audience devrait commencer à atteindre les limites financières de la plupart des participants.
L’an dernier, Disney + a enregistré des pertes de 4 milliards de dollars, Amazon Prime un déficit de 2,7 milliards de dollars, et si Netflix a enregistré des profits de 6 milliards de dollars, globalement, les pertes du secteur s’élèvent à 10 milliards de dollars en 2022. Ces résultats, logiquement, auraient dû amener à revoir les stratégies afin de tenter de trouver un équilibre monétaire. Mais c’est tout l’inverse qui se produit. Même si l’augmentation des budgets alloués aux contenus ne sera que de 2 % en 2023 (contre 6 % en 2022), la tendance n’est toujours pas aux économies, quitte à demander un effort supplémentaire aux abonnés. L’objectif reste encore et toujours d’attirer un maximum de nouveaux clients avec des séries et des films événementiels. Un buzz qui a un coût. Selon la société d’analyse Ampere, au total, d’ici la fin décembre, ce sont pas moins de 243 milliards de dollars qui seront dépensés en fictions dans le streaming, soit presque le double par rapport à 2013 (128 milliards de dollars).
Quitte à rendre fou de rage l’Oncle Picsou, Disney devrait garder son titre de plateforme la plus dépensière cette année encore. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué pour l’instant, mais selon les spécialistes, il ne descendra pas en dessous des 32 milliards de dollars de l’an dernier. Avec une certaine réussite à la clef, puisque Disney +, Hulu et ESPN + comptabilisent, ensemble, 235,7 millions d’abonnés. Ce qui leur permet de devancer de peu Netflix et ses 231 millions de souscripteurs.
La société de Los Gatos, en Californie, bénéficiaire, elle, se montre plus raisonnable quand il s’agit d’ouvrir son portefeuille. Elle devrait se contenter de lâcher 17 milliards de dollars ces prochains mois, contre 16,8 l’an dernier. Une stabilité qui contraste avec la stratégie d’Amazon. Alors qu’elle n’a pas encore annoncé ses plans pour 2023, la société de Jeff Bezos a pulvérisé ses dépenses en matière d’images l’an dernier (+ 28 %), pour atteindre la somme de 16,6 milliards de dollars. Une croissance énorme, liée en grande partie à la série la plus chère de tous les temps, Le seigneur des anneaux : les anneaux de pouvoir, dont le budget a initialement été annoncé à un milliard de dollars pour cinq saisons, mais qui aurait explosé tous les plafonds dès son lancement (750 millions de dollars au lieu de 460 pour la première saison, selon plusieurs analystes de Wall Street).
Une telle fuite en avant ne peut que laisser des participants sur le bord du chemin en cours de route. “La clé n’est pas de dépenser toujours plus d’argent, mais d’obtenir plus d’impact par million de dollars dépensé que n’importe qui d’autre”, a expliqué Ted Sarandos, le big boss de Netflix. La plupart des plateformes vont devoir la trouver rapidement : l’augmentation des souscriptions ou de la pub ne pourra pas éternellement compenser les coûts, sous peine de perdre les abonnés et de faire s’effondrer le modèle actuel du streaming.