"Hello Tomorrow" : ça vous dit d'être "proprio" dans un "Center Parcs" sur la Lune ?
Dans un passé futuriste, une entreprise vend des propriétés sur la Lune. A voir sur Apple TV.
Publié le 18-02-2023 à 10h22
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Il ne faut pas cinq minutes de visionnage pour saisir le parti pris de Lucas Jansen et d’Amit Bhalla. Les créateurs et showrunners de Hello Tomorrow ont fait le choix du rétrofuturisme. Comme son nom l’indique, ce courant joue sur les contrastes. Ils ont pris l’esthétique des années 50, en y incorporant certains codes de science-fiction et des éléments d’un futur fantasmé. L’équipe derrière la nouvelle série d’Apple TV s’est démenée et a, semble-t-il, pris, énormément de plaisir pour nous désarçonner.
Entre Siri et le télégramme
L’univers d’Hello Tomorrow ressemble un peu au cerveau de Douglas Adams, l’auteur du Guide du voyageur galactique. On y croise, par exemple, des vieilles voitures américaines fendant l’air comme à la Havane aujourd’hui mais sans roues… Dans les suburbs proprets d’après-guerre, les journaux papiers sont livrés par une machine. Des sosies de R2D2 servent, aussi, les pintes et les Dry Martini au bar des diners, promènent les chiens en laisse et arrêtent les hors-la-loi. Les trains ressemblent à des grille-pain, on peut cuire des steaks en cinq secondes, nouer son nœud de cravate sans les mains, ou encore écrire des télégrammes seul rien qu’en parlant. Comme si l’on avait demandé à nos grands-parents, à 20 ans, d’imaginer la vie d’aujourd’hui.

Les personnages qu’on croise ici semblent tout droit sortis du magazine Life. À commencer par Jack Billings. Après avoir tiré les ficelles d'une matinale américaine dans The Morning Show (et remporté un Emmy), l'acteur Billy Crudup (Big Fish, Spotlight…) incarne cette fois-ci ce commercial plein de charme et d’optimisme épris de grandes envolées lyriques et limite “gourouesque” pour vendre du rêve aux potentiels clients qu’il croise. Jack et ses collègues ne tentent pas de refourguer des baskets avec une virgule, des cuisines en bordure d’autoroutes ou un détachant pour carpettes, mais des propriétés sur la Lune à prix correct pour Brightside.
Une entreprise créée par un mystérieux inventeur iconique et génial. Ça marche. “J’avais l’impression qu’il me parlait directement”, s’enthousiasme le jeune Joey après avoir écouté le speech de Jack. Comme lui, d’autres clients se ruent sur ces colonies sous cloche à la Center Parcs et sont prêts à mettre toutes leurs économies dans l’espoir de fuir une vie de misère sur la Terre.
Tout n’est pas net
Il est vraiment difficile de dévoiler trop de détails sous peine de vous gâcher le sel de cette série en dix épisodes, mais tout n’est évidemment pas net. Du côté des vendeurs comme celui des clients. Lucas Jansen et Amit Bhalla nous embarquent dans une histoire folle, bien ficelée, et peuplée de personnages stylés, déjantés, névrosés : un jeune enthousiaste et naïf qui recherche son père absent, une mère au foyer pleine de rage et revancharde (Alisson Pill), un inspecteur du travail plus que tatillon et vieux garçon, un foireux addict au jeu et aux milk-shakes (Hank Azari)… En plus d’être drôle, Hello Tomorrow questionne l’American way of life, le progrès technologique, le réchauffement climatique (la pénurie de charbon…), les affres de la modernité (passer quatre heures pour pouvoir parler à un conseiller), et plus généralement, notre quête de sens, nos croyances, nos espoirs, nos vices et nos failles. Souvent les mêmes, qu’on vive en 1950, en 2023 ou en 2070.