Quand Netflix se penche sur la disparition du vol MH370, c’est aussi fascinant que terrifiant
La plateforme de streaming a mis en ligne une mini-série consacrée au plus grand mystère de l’aviation de tous les temps. La DH l’a regardée. Voici notre verdict.
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Publié le 09-03-2023 à 17h17 - Mis à jour le 09-03-2023 à 17h27
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L’affaire a relégué le mystère du Triangle des Bermudes au rang de “mystèreke”, voire d’anecdote. Le 8 mars 2014, au milieu de la nuit, le vol MH 370 de la Malaysia Airlines reliant Kuala Lumpur à Pékin disparaît des écrans radar. Il n’a jamais été retrouvé, tout comme les 227 passagers à bord et les douze membres d’équipage. Que s’est-il passé ? Neuf ans plus tard, la question reste sans réponse et l’appareil introuvable malgré des campagnes de fouilles sous-marines d’une ampleur inédite, comme celles qui ont permis de retrouver l’Airbus du vol Air France 447 disparu entre Rio de Janeiro et Paris le 1er juin 2009.
Les explications les plus folles ont circulé depuis pour expliquer le sort du vol MH 370 : action terroriste, suicide du pilote, détournement sur une base américaine perdue dans l’océan Indien, l’œuvre d’une météorite… Seules certitudes, au-dessus de la mer de Chine méridionale, l’appareil a quitté son plan de vol quelques minutes après un dernier contact avec les contrôleurs aériens, direction l’Ouest. Il a disparu des radars civils mais a été encore suivi par ceux des militaires avant de se perdre on ne sait où.
”Comment un avion a-t-il pu disparaître sans laisser de traces ?” se demande la voix off qui introduit la mini-série documentaire que Netflix consacre sur ce qui est aujourd’hui le plus grand mystère de l’histoire de l’aviation. En trois épisodes d’approximativement une heure chacun, MH370 : l’avion disparu explore les circonstances dans lesquelles le vol a eu lieu, les éléments concrets de l’enquête et les hypothèses pouvant expliquer ce qui s’est passé.
Une confusion incompréhensible
Dès le début, un élément cloche dans cette incroyable affaire : l’attitude des autorités malaisiennes. Celles-ci ont entretenu un flou – c’est le moins qu’on puisse écrire – à l’égard des familles des disparus provoquant la colère de celles-ci. Les images montrent des proches perdus, en larmes ou fous de rage, hurlant sur le personnel de la compagnie et les officiels qui ne disent rien ou presque. Ou uniquement des propos pleins d’incertitudes.
Autre élément intrigant : il faudra attendre deux jours avant de savoir que l’avion avait dévié de sa trajectoire et pris une direction l’éloignant des lieux où étaient effectuées les opérations de secours, là où le dernier contact radar avait été enregistré. De quoi nourrir les hypothèses les plus improbables…
Seize jours après le dernier contact avec le Boeing 777 de la Malaysia Airlines, alors que dans le monde entier, des autorités officielles, des spécialistes et même des quidams tentent de savoir ce qui s’est passé, l’appareil est déclaré définitivement perdu dans le sud de l’océan Indien sur base de données provenant de satellites. C’est la première fois dans l’histoire que 239 personnes sont déclarées mortes à partir d’une logique mathématique, sans aucune autre preuve… Surréaliste et inacceptable pour les proches.
La boîte à fantasmes
La mini-série de Netflix décortique avec précision les différents éléments concrets de cette affaire à grand renfort de témoignages, de cartes animées et d’images d’archives.
La suite, ce sont des hypothèses. Pour le journaliste américain Jeff Wise, spécialiste de l’aviation, le scénario le plus plausible est celui d’un suicide orchestré par le commandant du vol MH370, Zaharie Ahmad Shah. Par le passé, on a déjà connu ça. On se souvient du vol de la Germanwings qui s’est écrasé dans les Alpes du Sud, en France. Improbable selon la journaliste française Florence de Changy (Le Monde). Il n’avait rien d’un suicidaire, encore moins d’un terroriste.
Et s’il s’agissait d’un acte de guerre ? Moins de cinq mois après la disparition du vol MH370, un Boeing 777 de Malaysia Airlines a été abattu au-dessus de l’Ukraine par des troupes pro-russes alors que celles-ci avaient envahi la Crimée depuis quelques semaines. Un leurre parfait pour distraire tout le monde de ce que Moscou faisait en Ukraine, juge le journaliste américain Jeff Wise. Il détaille un scénario à la James Bond finissant au Kazakhstan. Farfelu et impossible, dénoncent plusieurs intervenants.
À moins que l’avion ait été détourné en Irak pour servir pour un attentat façon 11 septembre 2001. Ou par la Corée du Nord ? D’autres ont imaginé qu’il avait été obligé de se poser sur la base aérienne américaine de Diego Garcia, un îlot dans l’océan Indien où sont basés des bombardiers américains B-52.
L’ombre des États-Unis…
Les États-Unis… Ils apparaissent presque partout lorsqu’on épluche les événements qui entourent cet avion qui s’est volatilisé. Ghyslain Wattrelos a perdu sa femme et ses deux plus jeunes enfants disparus avec l’avion. Ce Français l’affirme : “On ne nous donne aucune preuve, on nous fait croire n’importe quoi”. Il a recueilli les confessions d’un proche des services de renseignement. Selon ce dernier, “les Américains sont parfaitement au courant de ce qui s’est passé”. “Quand je dis que les Américains sont impliqués, je sais très bien que les gens ne vont pas me croire”, explique le Français qui s’interroge sur le fait qu’ils ont pris en main l’enquête dès le début et sur le travail réalisé par le FBI. Celui-ci a notamment saisi le simulateur de vol du pilote du vol MH370. Mais il n’a versé aucune pièce au dossier de l’enquête. “On aimerait bien savoir ce qu’ils ont fait.”
Florence de Changy, une journaliste du Monde, spécialiste de l’Asie du Sud-Est, a aussi enquêté. Pour elle également, la vérité sur le vol MH370 est totalement différente de la version officielle. Dans son livre La disparition, publié en 2021, comme dans la série, elle démonte l’authentification des quelques débris retrouvés supposés appartenir au Boeing de la Malaysia Airlines. Elle s’interroge aussi sur le rôle joué par les États-Unis et est persuadée que ce qui est arrivé à l’avion de la Malaysia Airlines s’est déroulé dans la mer de Chine et pas ailleurs. Et justement, une quidam, en analysant des images satellites des lieux, au sud du Vietnam, affirme avoir repéré des débris correspondants. Sauf qu’elle n’a jamais été prise au sérieux. Mais d’autres témoignages abondent.
Pour Florence de Changy comme pour Ghyslain Wattrelos, la clé de cette affaire pourrait se trouver dans la soute de l’appareil. Un étrange chargement de matériel électronique américain de haute technologie. Des équipements convoités par la Chine. Et si les Américains avaient découvert que Pékin allait mettre la main là-dessus et tout mis en œuvre pour que le vol n’arrive pas à destination ? Bonjour la thèse conspirationniste ? Pourquoi pas, mais la démonstration est argumentée. À vous de vous faire votre idée.
Quoi qu’il en soit, MH370 : l’avion disparu est une enquête passionnante de bout en bout. Intrigante aussi. Flippante. Terrifiante même. La mini-série documentaire est à voir sur Netflix. Quant aux familles, elles n'ont toujours pas les résponses qu'elles attendent et ce neuf ans après la disparition du Boeing 777.