Dinant: la citadelle craint pour son point de vue
Le projet d’installation de trois éoliennes sur les crêtes de Meuse inquiète le patron de la citadelle de Dinant. Le site historique le plus visité de Wallonie.
Publié le 26-05-2023 à 05h58
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L’enquête publique (dans les 5 communes de la Haute-Meuse) est terminée, Marc de Villenfagne y est intervenu pour dire tout le mal qu’il pense d’un projet éolien. Il est l’administrateur délégué (et l’un des actionnaires) de la citadelle de Dinant, il craint pour le point de vue exceptionnel qu’il vend à de nombreux visiteurs. Très nombreux même: ils sont 300.000 par an. La place forte est le site historique le plus visité de Wallonie.
Le projet d’installation de trois éoliennes, une fois tous les avis recueillis (dont ceux des collèges communaux) sera examiné par les fonctionnaires de la Région wallonne, qui trancheront. Pour le baron de Villenfagne, c’est déjà tranché. Il le rappelle, le paysage de la Haute-Meuse, c’est la richesse principale de la région. Lui-même emploie une quarantaine de personnes (il gère aussi un restaurant et des bateaux de croisière). Sans aucun subside, il tient à le souligner. La citadelle n’est pas classée, tant mieux de son… point de vue. Ainsi, il ne dépend pas de tiers tout à fait étrangers aux réalités locales, et ne se retrouve pas noyé sous des montagnes de paperasses indigestes. Marc de Villenfagne signale que sa société privée investit en permanence, sur fonds propres. Encore plus d’un million d’euros durant l’hiver 2022-2023. L’attraction a son téléphérique. Tandis que celui de Namur fonctionne largement avec des fonds publics.
Deux fois plus haut que les pylônes
La citadelle, c’est une société privée. Elle vit largement de l’incroyable belvédère sur un coin de vallée classé comme paysage exceptionnel. Or, voilà que des promoteurs flamands ont pour projet d’installer trois éoliennes sur le plateau d’en face, à Sommière (Onhaye), quelque part derrière les ruines du château médiéval de Crévecœur (Bouvignes). Des moulins à vent de 150 mètres de haut. La citadelle de Dinant culmine à 108 mètres, la colline de la rive gauche de la Meuse où se situeraient les éoliennes a plus ou moins la même hauteur, et on veut y installer des engins immenses. Depuis la terrasse de la citadelle, on les prendra visuellement en pleine face. "C’est fini, les belles photos", commente Marc de Villenfagne. Et d’insister: l’endroit est particulièrement mal choisi. Pour son entreprise, mais aussi pour tous les environs. Il le répète: l’une des seules richesses, ici, c’est la carte postale.
Le patron de la citadelle, une société anonyme, a tellement de craintes qu’il envisage de faire signer une pétition à ses clients. Pour éviter le gâchis. Imaginez: quand on regarde du haut de la citadelle, en direction de l’aval de la Meuse, on voit déjà sur le plateau de Sommière des pylônes électriques. Pas très esthétiques. Ils ont 70 mètres de hauteur. Tandis que les éoliennes projetées feraient le double.
Non, et encore non, tel est le message. Le même que celui d’une ASBL locale, l’Association de défense des sites et vallées du Namurois. En dehors de ce projet en particulier, cette dernière ne comprend pas qu’à la Région wallonne, on ne sanctuarise pas un tronçon de Haute-Meuse classé comme exceptionnel, pour d’emblée en exclure tout ce qui pourrait l’abîmer, sur le plan visuel. Les autorités régionales se prononcent au cas par cas. Celui-ci est particulièrement délicat.