Financement de la zone de secours: la Province du Brabant wallon doit réaliser 6 millions d'économies
La Province devra faire des choix mais elle garantit l'emploi et les missions d'intérêt public.
- Publié le 09-12-2020 à 08h54
- Mis à jour le 09-12-2020 à 08h57
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Mardi, sans encore dévoiler les détails du budget 2021, le collège provincial a annoncé aux communes, lors d’un conseil 27 +1, les orientations financières pour l’année à venir et les choix à poser à plus long terme. Le défi est important puisque le financement progressif de la zone de secours, qui ira jusqu’à 60 % à l’horizon 2024, aura un impact non négligeable sur le budget provincial.
Pour 2021, ce coût s’établira déjà à 6,1 millions d’euros. La Province exclut les licenciements de personnel pour faire des économies même si à terme, la masse salariale devrait être réduite via certains non-remplacements de départs et un travail sur la mobilité interne. Pas question non plus, dans le contexte actuel, d’accroître la fiscalité.
Il faut donc jouer sur les dépenses de fonctionnement, et sur les subsides à octroyer. Plusieurs critères ont été appliqués pour poser des choix : la préservation de l’emploi chez les partenaires, la capacité à continuer les missions essentielles d’intérêt public, et la mesure de l’efficience des politiques menées.
Ainsi, si certaines actions seront "recentrées", on ne remettra pas en question des missions où la Province apporte une vraie plus-value comme la mobilité, la lutte contre les inondations, la stratégie économique pour le territoire, l’aide au maintien à domicile des personnes âgées, la préservation de la biodiversité, le soutien à l’accueil de la petite enfance, au tourisme, aux circuits courts…
Certains appels à projets à destination des communes seront supprimés et parfois remplacés par des actions dans le même domaine et des primes qui semblent moins essentielles passeront à la trappe également. Le subside de 600 000 euros attribué à Wavre pour son statut de capitale du BW ne sera plus octroyé en 2021, ni les 240 000 euros à Ottignies "pôle culturel". "Le budget sera à l’équilibre et le Brabant wallon assumera ses obligations envers les communes, assure le président du collège provincial, Tanguy Stuckens. On préserve aussi notre capacité pour des actions spécifiques."
Des millions d’euros pour la relance
Si certaines coupes budgétaires seront inévitables dans les années à venir et qu’un recentrage de certaines politiques provinciales avait déjà été annoncé il y a plusieurs mois suite au soutien accru à la zone de secours imposé par la Région (lire ci-contre), des moyens ont tout de même été dégagés cette année pour soutenir la relance.
Les 3,3 millions d’euros destinés à la zone de secours (sur un budget provincial total de 157,1 millions) ont été financés grâce à un prélèvement dans un fonds de réserve, ce qui ne sera plus possible en 2021. À côté de cela, suite à la crise sanitaire mais aussi sociale et économique, la Province a voulu s’engager aux côtés des communes et des secteurs lourdement touchés.
Ainsi, un million d’euros a été prévu en 2020 pour soutenir les communes du Brabant wallon qui ont mené des actions afin de relancer l’Horeca, les commerces ou les entreprises sur leur territoire. Alors que les maisons de repos ont vécu des moments très difficiles, la Province a également dégagé 500 000 euros pour les homes publics - dépendant des CPAS, donc - afin de financer certains investissements en matériel, notamment en matière d’équipements sanitaires.
Via Place aux Artistes, durant tout cet été, des cachets ont également été assurés aux personnes du secteur culturel : 750 000 euros étaient prévus et ils ont été dépensés "pratiquement jusqu’au dernier cent".
Une somme de 290 000 euros a permis également de soutenir le secteur social au sens large, et il est envisagé dans ce cadre d’étendre les missions de l’association Soli-Dons (Nivelles) aux autres communes du Brabant wallon. La création d’un réseau d’ergothérapeutes pour lutter contre l’isolement des personnes âgées est également en cours.
En matière de tourisme, l’action "une nuit payée, une nuit offerte" a bénéficié de 140 000 euros et sera prolongée en 2021. Quant au secteur de l’enseignement, il a reçu 230 000 euros pour financer les initiatives de remédiation scolaire.
Des incertitudes restent à lever
L’impact financier pour la Province du financement de la zone de secours sera croissant. Il est de 3,3 millions d’euros pour cette année 2020, de 6,1 millions d’euros pour 2021, pour arriver à 10 millions d’euros en 2024. Rude, mais supportable d’après les membres du collège provincial qui ont toutefois peur que cela soit beaucoup plus. En effet, si les montants figurent sur une circulaire de la Région, l’accord intervenu au niveau du gouvernement, lui, ne cite pas de montants fixes mais des pourcentages. En 2024, les provinces seront censées assumer 60 % du coût total des zones de secours. Et à ce niveau, les Provinces n’ayant pas la maîtrise de la confection des budgets des zones de secours, on pourrait fort bien se retrouver à bien plus de dix millions d’euros dans quatre ans. "Il y a des incertitudes", souffle le président du collège, Tanguy Stuckens.