Une chanson de Père Aurélien, prêtre à Chastre, cartonne sur TikTok : "c’est inattendu et ça dépasse carrément la sphère religieuse" (VIDEO)

Le Père Aurélien Saniko, de Gentinnes, a vu son titre "Comment ne pas te louer" devenir un énorme succès sur TikTok, entre autres. Un morceau pop-louange qu’il a écrit étant petit.

Sylvain Docquier

Un buzz ? Un carton ? Ou plutôt une bénédiction ? Le mot qui décrit le mieux l’histoire du Père Aurélien Saniko est peut-être bien ce dernier. Aux yeux de l’intéressé, c’est même une certitude.

 Aurélien Saniko à l’oeuvre dans son studio, à Gentinnes.
Aurélien Saniko à l’oeuvre dans son studio, à Gentinnes. ©EdA Mathieu Golinvaux

Prêtre belge d’origine camerounaise, installé au Mémorial Kongolo de Gentinnes, Aurélien Saniko est partout dans les médias francophones ces derniers temps. Sa chanson Comment ne pas te louer est, en effet, passée entre les mains de tous (ou presque) les DJ de boîtes de nuit. Des moins connus aux plus célèbres, de David Guetta à Bob Sinclar, pour ne citer qu’eux. Ils la font tous tourner sur leurs platines devant des foules de jeunes en délire, dans les établissements du monde de la nuit. Sur TikTok d’où la "sensation" est partie, et autres réseaux sociaux, les vues se comptent par millions. Les partages et remix par milliers.

"C’est fou," se marre Père Aurélien en zyeutant la vidéo via le compte TikTok qu’il s’est récemment créé pour apprécier le buzz.

60 millions de vues sur TikTok et des reprises par les DJ David Guetta et Bob Sinclar

Pourtant, Comment ne pas te louer est une chanson que le prêtre-musicien a écrite il y a déjà bien longtemps. Pour remercier le Seigneur. "J’habitais Douala, au Cameroun, étant petit, à côté de l’église. Je jouais du piano, sur mon petit Bontempi, dès le plus jeune âge, raconte-t-il. À 13 ans, j’ai été touché par une maladie mystérieuse, probablement neurologique, qui m’a provoqué des pertes de mémoire. Après un an de galère, j’en ai guéri miraculeusement et je me suis mis en tête de remercier Dieu. Je voulais aussi lui dire merci pour ce qu’il fait pour les gens qui m’entourent. Le Père Eby Richard, de mon église, m’a dit: “Écris-lui une chanson”. J’ai trouvé l’idée super."

Comment ne pas te louer venait de naître. "J’ai d’abord proposé la chanson à ma paroisse. Puis, je l’ai réenregistrée sur des lecteurs de cassette. Elle s’est exportée doucement vers d’autres églises, villes et pays d’Afrique. Bien plus tard, dans les années 2000, j’en ai fait un enregistrement grâce à un ami professionnel. Puis, en 2009, j’ai tourné le clip dans les rues de Douala (voir ci-dessous, NDLR) ."

 Le prêtre-musicien s’amuse du succès rencontré sur des applis comme TikTok.
Le prêtre-musicien s’amuse du succès rencontré sur des applis comme TikTok. ©EdA Mathieu Golinvaux

Nous sommes au début de l’année 2023. La chanson a été reprise sur TikTok par unechorale de Kinshasa. Les "likes" et "partages" se sont enchaînés. Avec la suite que l’on sait désormais. "La chaîne française BFMTV a été la première à m’interroger, fin janvier. Depuis, ça n’arrête plus vraiment (rires) . Même les médias flamands écrivent sur moi…"

Et pour cause: plus de 60 millions de vues sur TikTok, son clip qui frise les 3,5 millions de vues sur YouTube. "C’est inattendu et ça dépasse carrément la sphère religieuse. Comment l’expliquer ? Je pense, d’abord, que cette musique – inspirée du makosa, un rythme camerounais entraînant et très répandu au pays – donne envie aux gens de bouger. C’est un son qui fédère, qui donne le sourire. Derrière ça, les paroles sont simples, l’air est joyeux. C’est un hymne à l’amour, au partage…"

Que tout le monde s’approprie. Ils sont nombreux, de tous horizons et de toutes confessions, à remercier Aurélien Saniko depuis la "ré-émergence" du morceau. "Beaucoup de musulmans m’écrivent pour me dire qu’ils aiment ma musique, pourtant partie d’une église catholique à l’origine. Des juifs aussi. Des athées. Des vieux, des jeunes. Des blancs, des noirs, etc. Une dame m’a laissé un message émouvant disant qu’après le décès de sa maman, ma chanson a apaisé sa peine. Une musulmane m’a dit: “J’aime votre chanson et je ne veux pas la faire sortir de ma tête”."

Un succès inattendu et qui fait donc tomber bien des barrières pour une chanson, jusque-là, surtout connue des catholiques…

"C’est merveilleux. Je suis né pour évangéliser et faire se rencontrer les gens. Et avec cette chanson, mon but, ainsi que celui de Dieu, est atteint: tout le monde se rassemble pour crier – dans un monde où les conflits se multiplient malheureusement – un langage commun, celui de l’amour. Et j’en suis persuadé, la religion de l’avenir sera la religion de l'amour..."

Un but atteint donc et un rêve à concrétiser, pour Aurélien Saniko. "Je lance un appel à Stromae, Angèle, Big Flo & Oli et tous ces grands artistes de partout: contactez-moi et revisitons ce chant ensemble, traduisons-le, partageons-le ensemble. Allons, pourquoi pas, le chanter en Russe et en Ukrainien, à la frontière de ces deux pays en guerre. Faisons-en quelque chose de beau, un hymne à l’amour et à la paix !"

Des "reprises" populaires sur TikTok :

Quand David Guetta remixe "comment ne pas te louer"

La chorale du Lycée Kabambare qui a "popularisé" la chanson sur TikTok :

Ambiance dans une église :

 La musique, Père Aurélien la voit comme un moyen pour faire (re)aimer la religion aux jeunes. "Le temps de la musique grégorienne dans les églises est révolu, désolé de le dire..."
La musique, Père Aurélien la voit comme un moyen pour faire (re)aimer la religion aux jeunes. "Le temps de la musique grégorienne dans les églises est révolu, désolé de le dire..." ©EdA Mathieu Golinvaux

"Comment ne pas te louer", le titre du Père Aurélien cartonne à millions sur TikTok. Jusqu’à toucher Angèle et Stromae ? Il en rêve...

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...