Valentine Godin, une ingénieure de Genappe au secours des golfeurs avec sa plateforme Maya
Âgée de 25 ans à peine, Valentine Godin est déjà à la tête de son entreprise. Elle a développé une plateforme dans le but d’entretenir les terrains de golf de façon éco-responsable, en s’aidant de l’intelligence artificielle.
- Publié le 04-03-2023 à 15h00
De la graine de championne ! Valentine Godin, 25 ans, est déjà CEO de sa propre boîte, GVE Europe. En un an, sa start-up a gagné la confiance d’une vingtaine de clients, des clubs de golf situés en Belgique, France, Royaume-Uni et Espagne.
Le golf n’était pas la passion de Valentine, au départ. “J’ai grandi à Glabais (Genappe), et à 17 ans, je suis partie étudier en Angleterre. J’ai enchaîné et fait mes études d’ingénieure à Londres. C’est dans le cadre de mon mémoire, en 2020, durant le Covid, que j’ai rencontré un greenkeeper, donc une personne responsable des pelouses dans un golf. Il me fallait un sujet local et facilement accessible, c’est ainsi que le sujet de la gestion de l’eau dans les golfs est venu.”
De fil en aiguille, Valentine termine ses études et revient en Belgique où elle fait le lien entre son mémoire et le problème du zéro phyto dans les golfs, qui est unique et propre à la Wallonie depuis 2018.
”La Wallonie est le seul territoire au monde où a été imposée l’interdiction totale de produits phyto pour entretenir les parcours de golf. Cela oblige les greenkeepers à utiliser des méthodes naturelles, et c’est ainsi que j’ai compris que j’avais des outils pour les aider. J’ai commencé à tester des capteurs connectés pour prendre des données météo sur le terrain. Christophe Descampe, du golf de Rigenée, a accepté de jouer le jeu. On a posé trois sondes sur leur terrain, et j’ai imaginé une application qui croisait les données relevées sur le terrain. Cinq golfs pilotes l’ont utilisée pendant un an. On a vu que ça les aidait énormément.”
En juin dernier, Valentine a perfectionné son application avec une équipe de développeurs. Depuis novembre, elle commercialise sa plateforme, baptisée Maya.

Pour obtenir des données, la jeune entrepreneuse et son équipe installent une station météo sophistiquée, qui peut notamment mesurer la quantité d’eau que la plante va évacuer pour être précis au niveau de l’arrosage ; une sonde de sol qui va mesurer l’humidité du sol et la température ; et un capteur d’humectation qui repère la rosée. “C’est la rosée qui véhicule les maladies fongiques, les champignons. Une alarme se déclenche dès qu’on a de la rosée sur le terrain, et les greenkeepers peuvent réagir rapidement.”
C’est là qu’intervient l’intelligence artificielle. Au fil du temps, grâce à l’accumulation et au croisement des données fournies par ses utilisateurs, Maya enrichit ses algorithmes et s’améliore sans cesse. En un an, elle est devenue un précieux outil de prévention des maladies qui permet aussi d’économiser 30 % d’eau, grâce à la précision de l’arrosage. En BW, les golfs du Bercuit, de Rigenée, de l’Empereur et d’Hulencourt, se sont laissés convaincre. “L’ambition est de convaincre 100 golfs avant fin 2023, annonce la CEO dont la start-up emploie déjà trois personnes et embauche encore. Le data est bien plus puissant que nous ! Maya ne coûte que 300 € par mois et permet aux golfs de faire 20 à 30 % d’économies, en travaillant en préventif.”
Et puisque l’Europe va vers des interdictions de pesticides partout pour 2030, la Belgique est un laboratoire pour les autres pays. “On peut aider pour les vignobles, les parcs et jardins, les terrains de sport sur gazon…” Les horizons de la société de Valentine sont donc aussi vastes que le jardin d’Eden.
”Nous ne sommes plus des jardiniers, mais des techniciens”
Au golf de Rigenée, à Villers-la-Ville, six personnes sont chargées de maintenir un green impeccable. “Sur les 60 hectares du domaine, nous avons 1,5 hectare à vraiment chouchouter, c’est 2 % du parcours. Et 30 hectares sont à tondre deux fois par semaine, en saison”, explique Lucas Mercelis, assistant greenkeeper qui se lève tous les jours à 5 h du matin pour combattre la rosée et entretenir le parcours.

Rigenée est un des golfs pilotes du système Maya. Christophe Descampe l’a testé en 2021 pour l’aider à faire face à l’interdiction wallonne des pesticides.” Nous ne sommes plus des jardiniers, mais des techniciens. Maya nous permet de faire de la prévention, c’est l’idéal. Désormais, nous devons être très bons dans la prévision et hyper-réactifs en cas d’alerte si on veut faire du bon travail. Car l’apparition du mycélium, ça se joue en un jour. Malgré tout, ça nous arrive encore d’être trop tard sur une maladie, mais c’est de moins en moins grave. On s’améliore. Maya évolue aussi car il se nourrit des infos qu’on renvoie vers la plateforme, et c’est de plus en plus précis.”