Des Bruxellois apprivoisent les renards
Pendant deux ans, le réalisateur Bernard Crutzen a observé les animaux sauvages présents sur le territoire de la Région bruxelloise. Résultat ? Un reportage inédit oscillant entre le film animalier et le documentaire de société.
Publié le 07-10-2014 à 19h59 - Mis à jour le 08-10-2014 à 14h35
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Un documentaire interroge la place des animaux sauvages dans notre capitale. Pendant deux ans, le réalisateur Bernard Crutzen a observé les animaux sauvages présents sur le territoire de la Région bruxelloise. Résultat ? Un reportage inédit oscillant entre le film animalier et le documentaire de société. Durant une heure, le réalisateur de Bruxelles sauvage, faune capitale nous entraîne dans une réflexion sur la place des animaux sauvages en milieu urbain et sur l’avenir de leur cohabitation avec les citadins, tantôt fascinés, tantôt craintifs.
Diplômé de l’Ihecs en 1985 et déjà auteur d’une vingtaine de documentaires diffusés sur des chaînes de télévision belges et françaises, Bernard Crutzen a dû faire montre de beaucoup de patience pour immortaliser avec une grande proximité certains de ces animaux.
"Un soir, l’un des renards que je suivais est venu tout près de moi, car il était très intrigué par le coupe-vent poilu de ma caméra. Et il faut dire qu’à force, je savais comment les aborder" , explique le réalisateur bruxellois, qui a effectué plus de 108 sorties pour ce film. "Je n’appelle pas cela des tournages car il m’est arrivé souvent de rentrer bredouille. Comme les deux nuits où je me suis gelé en forêt de Soignes pour tenter de filmer le sanglier Suske."
C’est au fil de rencontres avec des citadins que les animaux font leur apparition. Comme ce conducteur de tram qui aperçoit souvent une biche lors de ses trajets nocturnes. Des scènes cocasses ont aussi pu être capturées grâce à la complicité d’acteurs de terrain tels que le garde-forestier de Bruxelles-Environnement : la tentative de capture d’un chevreuil dans un jardin particulier ou le sauvetage d’une fouine blessée sous un véhicule.
Pour les Bruxellois qui n’ont jamais pris le temps d’observer la riche faune de la capitale de l’Europe, le film sera très certainement instructif. On y apprend, par exemple, que le premier renardeau officiellement bruxellois est né en 1984, que des lérots hibernent dans les nichoirs à oiseaux de la réserve naturelle du Moeraske et que des lapins de Garenne ont littéralement envahi la rive gauche du canal.
Quant à savoir si les animaux sauvages ont leur place en ville, la question restera en suspens. "Je veux juste éveiller les consciences sans avoir de parti pris dans mes documentaires. Conscientiser ceux qui nourrissent les renards sur les risques de surpopulation mais aussi remettre les pendules à l’heure concernant la prétendue agressivité de cette espèce."
Ce documentaire coproduit par la RTBF est en compétition au festival Nature Namur, où il sera projeté les 16 et 17 octobre. Quant à l’avant-première bruxelloise, elle aura lieu le 18 novembre à 20 h 30 au W : Hall (centre culturel de Woluwe-Saint-Pierre).
Des Bruxellois apprivoisent les renards
Même s’il n’est pas interdit, le nourrissage des renards est déconseillé par l’IBGE.
Le documentaire Bruxelles sauvage nous amène à la rencontre de Bruxellois ayant pris l’habitude de nourrir des renards.
Il y a Marie-Louise, une octogénaire qui laisse la porte de son jardin ouverte pour recevoir la visite de Zorro, et Milena qui nourrit à la main tous les goupils de son quartier, ou encore Paul qui tente d’apprivoiser Oscar à l’aide de boîtes pour chat.
Même si le fait de nourrir les renards n’est pas interdit par la loi en Région bruxelloise, l’Institut bruxellois pour la gestion de l’Environnement (IBGE) le déconseille vivement car cela pourrait causer un problème de surpopulation. "C’est la quantité de nourriture disponible qui va déterminer la densité d’une population. En caricaturant un peu, cela signifie que si vous donnez de la nourriture pour un milliard de renards, il y aura alors un milliard de renards" , explique Guy Rotsaert du département Biodiversité de l’IBGE.
Même s’ils sont intimement convaincus de réaliser une bonne action, les Bruxellois qui nourrissent les renards ne leur rendent, en réalité, pas service. "Le renard doit faire son travail de bestiole sauvage, notamment en chassant les rongeurs. Ce n’est pas l’homme qui a inventé la fainéantise : si le renard reçoit sa nourriture, il n’ira plus courir après. Et dans le pire des cas, il ne saura même plus chasser."
L’augmentation du nombre de goupils pourrait également entraîner un rejet de cette espèce par les citadins. Certains de ces animaux ont d’ailleurs déjà été victimes de pièges...
"Il y a des gens qui ont horreur des renards ! Les nourrir d’un côté pour qu’ils se fassent piéger de l’autre n’a pas beaucoup de sens. C’est pourquoi il est très important de garder une population de renards naturelle, avec un niveau qui soit acceptable pour une majorité de Bruxellois" , conclut Guy Rotsaert.
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