Catherine Moureaux: "Molenbeek a besoin de quelqu’un de très humain"
Après l’éviction de son père aux communales de 2012, Catherine Moureaux débarque à Molenbeek. Rencontre.
- Publié le 26-02-2015 à 22h09
- Mis à jour le 27-02-2015 à 12h39
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Après l’éviction de son père aux communales de 2012, Catherine Moureaux débarque à Molenbeek. Rencontre. Lors des élections régionales en mai dernier, Catherine Moureaux a réalisé le 3e score socialiste à Molenbeek, juste derrière les ministres Rudi Vervoort et Fadila Laanan. La question de son transfert de Schaerbeek vers Molenbeek s’est alors directement posée. Après neuf mois de réflexion, sa venue a été approuvée mardi par la section locale.
Quels étaient les points à régler avant de prendre cette décision ?
"D’abord, il y avait la question de quitter Schaerbeek, ce qui n’était vraiment pas évident pour moi et ma famille. Et puis, au niveau politique, il y avait aussi un choix à faire. Il s’agit d’aller dans une commune où il y a un besoin énorme de notre projet, je le sais car je la connais très bien. C’est devenu de plus en plus évident que les habitants attendaient ça. Beaucoup de gens, au lendemain des élections, m’ont dit qu’il fallait que je vienne. C’était assez étonnant !"
Comment expliquez-vous cet accueil si chaleureux ?
"Il y a là-bas un grand besoin de quelqu’un de très humain qui comprend bien le terrain social. Forcément, il y a une attente par rapport au nom, c’est vrai. L’équipe en place est déjà forte, mais la majorité prend des décisions telles qu’une partie importante de la population ne se sent plus écoutée. Prenons l’exemple des garderies que l’on fait payer aux familles pour la 1re fois. On ne les consulte pas. Et on fait fi de tout ce qui est amené par l’opposition, considérée comme le diable parce c’est le Parti socialiste."
Si vous en aviez marre d’être décrite comme la fille de, cela ne risque pas de s’améliorer.
"Justement, je n’aurais jamais pu faire cela il y a quelques années. Mais là, j’ai eu 5.000 voix aux dernières élections régionales. Je n’ai pas eu 5.000 voix parce que j’ai ce nom-là, mais parce que j’ai été à la rencontre des gens. J’ai fait 5.000 voix et celles-ci me légitiment en tant que personne, en tant que Catherine Moureaux. Ces 5.000 voix changent tout. Et cette semaine, j’ai suivi la procédure décidée par la section de Molenbeek sans m’immiscer dedans. Et cela a donné ce résultat de quasi-unanimité. C’est autant de preuves de légitimité qui n’ont plus rien à voir avec mon père et ma mère."
Comment gérer le rapport de force avec Jamal Ikazban ?
"Ce n’est pas un rapport de force. Pas une question de personne. Je parlais de la nécessité du projet. Énormément de militants en sont conscients, y compris bien sûr Jamal Ikazban. Notre objectif, c’est de remonter dans la majorité, d’imposer notre projet. C’est notre objectif et on est tous d’accord là-dessus, y compris Jamal Ikazban, qui a voté pour mon arrivée comme leader dans sa section. On a l’habitude de travailler ensemble et on va continuer à le faire."
Mais c’est vous qui tirerez la liste en 2018 ?
"Je ne sais pas. J’ai le leadership aujourd’hui et au moins pour les trois ans à venir. C’est ça que la section a décidé dans une quasi-unanimité. Il y a eu 58 votes favorables sur 65 présents amenés à voter. C’est énorme !"
Devenir bourgmestre en 2018, vous vous en sentez capable ?
"D’abord, c’est l’électeur qui va décider de ce qui va se passer. C’est au centre. C’est la question de savoir qui détermine qui a les compétences. L’expérience que j’ai est multiple : de l’exécutif, du législatif, mon travail d’avant dans le management d’association. Au- jourd’hui, je suis cheffe de groupe à la Cocof. À mon avis, les gens ne se trompent pas de ce côté-là. C’est pour ca que je faisais le lien avec le soutien démocratique. Donc si vous voulez une réponse : oui bien sûr, les capacités, je les ai. Je ne me pose pas cette question. La légitimité étant là, le parcours aussi."
Vous n’occuperez aucun mandat à Molenbeek, comment exister ?
"Nous allons construire un projet ensemble au niveau de la section et des militants. Je m’inscris complètement dans la manière dont Elio Di Rupo a présenté les choses cette semaine : il faut retourner vers les militants. L’intérêt d’arriver maintenant, c’est d’avoir du temps pour construire et faire acquérir beaucoup de crédibilité à notre projet et notre équipe."
Vous avez assisté pour la 1re fois au conseil communal mercredi. Des observations ?
"Par rapport aux autres assemblées que j’ai fréquentées, j’ai remarqué la grande désorganisation de la majorité. Mercredi, une délégation de travailleurs du CPAS était là pour dénoncer le licenciement de cinq employés. Le conseil a démarré avec deux interpellations citoyennes. Ensuite, le président du conseil a proposé une interruption de séance. Surprenant quand on connaît la durée des conseils. Et puis, on a compris. Il s’agissait en fait de proposer au délégué syndical de s’exprimer, dans un micro coupé et sans rien noter dans le P-V. Cette désorganisation nuit au dialogue. Et c’est clairement le fait de la majorité même si on dit souvent que c’est le fait de l’opposition."