Auderghem : des centaines de réclamations contre le projet Oaktree, drève de Willerieken

L'enquête publique s'est achevée ce jeudi. Le service d'urbanisme de la commune croule sous les courriers.

A. H.
Projet Oaktree
Projet Oaktree ©Tanguy Maisin

L'enquête publique s'est achevée ce jeudi. Le service d'urbanisme de la commune croule sous les courriers. "Oaktree", c'est le nom d'un grand projet immobilier d'ARH Invest prévu sur la drève de Willerieken. Située en bordure de Forêt de Soignes, à cheval entre Auderghem et Overijse, cette rue plutôt calme s'apprête à voir arriver la construction de huit villas unifamiliales et deux immeubles de trois à huit étages. Cet ensemble abriterait 99 logements, un appart-hôtel de 42 unités, 735 m² de bureaux, un centre de fitness-wellness, et 190 emplacements de parking privés répartis sur deux niveaux de sous-sol. Trop pour les riverains, qui n'ont pas hésité à manifester leur mécontentement lors de l'enquête publique. "On a reçu énormément de réclamations. On croule véritablement sous les courriers... Il doit y en avoir des centaines" , confie le service d'Urbanisme de la commune.

Outre plusieurs pétitions papier qui ont récolté des centaines de signatures, une pétition en ligne a rassemblé 1400 personnes autour d'un même message : Non au projet Oaktree. "Notre plus gros reproche, c'est qu'il ne tient pas compte de l'environnement dans lequel il s'inscrit" , affirme Michèle Verhaert, à l'origine de la pétition. Plusieurs points posent problème pour les riverains, à commencer par le gabarit des bâtiments. "Il est prévu de construire une tour de huit étages, ce qui est beaucoup trop grand. Elle dominerait la forêt et le quartier, qui ne se compose que de petites maisons, et serait visible à des kilomètres à la ronde" , déplore Michèle.

L'hôtel inquiète également. "Il y en a un autre de l'autre côté de l'E411 et il n'est pas toujours plein, pourquoi en construire un nouveau ?" , s'interroge-t-elle. La mobilité dans le quartier pourrait aussi être mise à mal, d'après les habitants. "Etant donné qu'il n'y a pas beaucoup de transports en commun dans le coin, les gens vont devoir venir en voiture, mais il n'y a pas assez d'emplacements de parking. Que vont-ils faire ? Se garer sur la chaussée et gêner le traffic ? L'afflux de voitures va également créer de gros embouteillages, notamment pour rejoindre la E411" , assure la jeune femme.

Enfin, les riverains regrettent l'impact sur la faune et la flore d'un tel projet, mais surtout, ils s'étonnent de son non-raccordement aux égouts. "Ils vont construire deux stations d'épuration qui rejetteront les eaux traitées dans le sol, mais elles ne seront pas absorbées ! Ça va créer des marais et les gens auront les pieds dans l'eau ! Et puis, qu'avons-nous comme garantie que l'eau sera propre, qu'elle ne contiendra pas de métaux lourds par exemple ?"  , s'exclame Michèle Verhaert, qui est également géologue. "En fait, nous pensons que ce n'est tout simplement pas le bon endroit pour construire un tel projet" , résume-t-elle.

De son côté, le bureau d'architecture, en charge du projet, se défend. "C'est surtout une affaire communautaire" , lance d'entrée Tanguy Maisin, l'architecte. "J'ai assisté à la réunion de concertation, fin octobre et les attaques contre ce coin de terrain provenaient surtout de Flandre" , note-t-il. Pour lui, tout a été réalisé dans le respect des réglementations. "Nous avons étudié le projet pendant plus d'un an avec les autorités communales et régionales" , affirme l'architecte, qui déplore une attitude systématique de rejet dans ce genre de dossiers.

Sur la hauteur du plus grand immeuble, l'homme ne peut se contenir : "Huit étages, ça correspond à un gabarit moyen, ce n'est pas à comparer avec une tour !" Quant aux problèmes de mobilité, il avance une étude de mobilité. "En période de pointe, il y aurait entre 30 et 32 voitures par heure en plus, ce qui est très peu" assure-t-il. Il admet néanmoins que des embouteillages peuvent se former quand il s'agit de prendre la bretelle. "Mais avec ou sans mon projet, ça ne change rien. Le problème se situe au Carrefour Léonard." Enfin,concernant les égouts, l'architecte est très clair : "Nous avons voulu éviter de nous enliser dans un problème communautaire en demandant le raccordement à la Flandre. Nous avons donc opté pour les stations d'épuration. Celles-ci ont été soumises à l'avis de Bruxelles Environnement et nous avons réalisé des tests d'infiltration."

Si Tanguy Maisin défend son projet bec et ongles, il n'est cependant pas opposé à réaliser quelques modifications. "Pour le parking, nous pourrions réaliser un niveau -3, de quoi obtenir entre 90 et 95 places en plus. Pour la "tour", nous réfléchissons à un revêtement en pierre beaucoup plus clair que le noir initialement prévu ", explique-t-il. L'architecte se dit par ailleurs ouvert à toute discussion. Reste désormais à la commune de décider de rendre un avis favorable, ou pas. 

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