Scandale du Logement molenbeekois : La SLRB au courant de la situation depuis mai 2018
Céline Fremault envoie un commissaire du gouvernement pour faire le ménage.
Publié le 22-01-2019 à 09h04 - Mis à jour le 22-01-2019 à 12h39
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Céline Fremault envoie un commissaire du gouvernement pour faire le ménage.
Les révélations sur la gestion désastreuse du Logement Molenbeekois ont fait réagir l’ensemble de la classe politique hier. Le conseiller communal Dirk De Blok se pose une question : “Pourquoi la SLRB n’a pas réagi avant ?” D’après l’élu PTB, “la SLRB avait déjà reçu ce fameux dossier avec toutes les infos bien avant que la ministre Fremault ne l’ait reçu”. Quand ça ? Au mois de mai 2018 très exactement. Une source bien informée et très documentée a envoyé un épais dossier purement factuel, dont chacune des accusations était étayée par des preuves. Via son pouvoir de tutelle, la Société du logement de la région de Bruxelles-Capitale aurait dû agir. “Au contraire, le dossier a été enterré.”
Six mois plus tard - au mois de novembre donc -, cette même source bien informée a donc envoyé ce même dossier au cabinet de la ministre du Logement Céline Fremault (CDH) qui a exigé que la SLRB fasse réaliser un audit, dont on a pu lire la synthèse dans La Libre et La DH hier. Plusieurs hypothèses expliqueraient l’absence de réaction de la SLRB. D’aucuns disent que le directeur du Logement molenbeekois (Alain Bultot – PS – dirige la Sisp depuis plusieurs décennies) et le directeur de la SLRB Yves Lemmens (PS lui aussi, directeur de la SRLB depuis des décennies lui aussi) sont très proches. D’autres pensent également à quelque intervention politique destinée à classer ce dossier en mode vertical. Des rumeurs...
Tous les élus molenbeekois contactés ont par ailleurs dénoncé la mainmise “du couple Bultot” sur la gestion de la Sisp. La compagne d’Alain Bultot est en effet secrétaire du Logement molenbeekois. “C’était un État dans l’État”, glisse un conseiller communal. “Ils faisaient la pluie et le beau temps”, poursuit un autre. “Si vous ne vous entendiez pas avec la compagne du directeur, vous sautiez.” Pour Dirk De Block, “il était un secret public que la secrétaire du Logement Molenbeekois était la compagne du directeur Bultot. Tout le monde savait le salaire mirobolant qu’elle touchait. À deux, le couple contrôlait tout l’organigramme. Ce n’est plus très sain.”
De son côté, Michaël Vossaert (Défi) a demandé “la tenue d’un conseil communal extraordinaire et l’intervention d’un commissaire du gouvernement bruxellois”. Chose faite pour la deuxième requête. Défi attend la réponse de Catherine Moureaux (PS) pour la première. La bourgmestre de Molenbeek a brièvement réagi hier : “À ce jour, je n’ai été saisie d’aucun rapport et je n’ai aucune vue sur la gestion précédente. Ma famille politique n’était pas dans la majorité précédente et n’a, à ce jour, toujours aucun pouvoir décisionnel au Logement molenbeekois. Ce dossier est dans les mains de la ministre Fremault. Si des actes à caractère de fraude ont été constatés, ils doivent être sanctionnés."
“Des manquements extrêmement graves”
Pour la ministre de tutelle Céline Fremault (CDH), “l’audit effectué par Ernst & Young au sein du Logement molenbeekois est sans appel et constate des manquements extrêmement graves dans la gestion du Logement molenbeekois, notamment en matière de marchés publics, de gestion des charges locatives, de gestion du personnel et de politique salariale. Ces constats sont la preuve d’un dysfonctionnement généralisé. Au vu de ces constats accablants [...], je veux que l’exercice des compétences des organes de la Sisp soit suspendu et que la SLRB s’y substitue pendant la période de régularisation. Après avoir lu un tel rapport, il n’est en effet absolument plus possible d’avoir la moindre confiance dans les organes de gestion de la Sisp. À ce stade, ceux-ci ne paraissent plus en mesure de redresser la situation.”