Tri des déchets : "Les hôpitaux bruxellois doivent s’améliorer"

Jonathan de Patoul plaide pour une meilleure gestion des déchets en milieu hospitalier.

Sarra El Massaoudi
Tri des déchets : "Les hôpitaux bruxellois doivent s’améliorer"

Jonathan de Patoul plaide pour une meilleure gestion des déchets en milieu hospitalier.

Sacs blancs, verts, jaunes, bleus et orange : le tri des déchets s’inscrit de plus en plus dans les mœurs bruxelloises. Certaines institutions ont cependant plus de mal à s’y plier. C’est notamment le cas des hôpitaux qui, législation sanitaire de l’usage unique oblige, sont de grands producteurs de déchets. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 85 % de ces déchets sont assimilables à des ordures ménagères et ne sont donc pas dangereux. Les 15 % restants peuvent être infectieux, chimiques ou radioactifs. "La quantité moyenne de déchets dangereux par lit d’hospitalisation et par jour est de 0,5 kg dans les pays à revenu élevé", quantifie l’OMS.

Avec environ 8 953 lits, les hôpitaux en Région bruxelloise produiraient donc par an près de 1 633 tonnes de déchets infectieux et près de 9 250 tonnes de déchets assimilables aux ordures ménagères, calcule Jonathan de Patoul (Défi). Pour le député bruxellois, le constat est clair : la gestion des déchets hospitaliers constitue un enjeu important tant pour les hôpitaux que pour les pouvoirs publics. "La gestion des déchets en milieu hospitalier doit être améliorée pour réduire les coûts de leur prise en charge et leur impact environnemental."

Il existe un tri entre les déchets d’activité de soins à risques infectieux (DASRI) et les déchets assimilables aux ordures ménagères (DAOM). "Le prix des poubelles jaunes pour les DASRI est de 3,68 € hors TVA. Leur évacuation jusqu’à Anvers pour être incinérés coûte 650 € la tonne et l’impact est de 950 kg d’équivalent CO2. Pour les DAOM, cela se chiffre à 195 € la tonne pour 360 kg d’équivalent CO2." La gestion des déchets à risques infectieux est ainsi plus complexe, plus onéreuse et plus polluante. "Il est difficile d’obtenir des chiffres exacts mais des témoignages montrent que l’objectif de 15 % de DASRI fixé par l’OMS est loin d’être atteint : les déchets toxiques dépassent les 15 %."

Plus que le tri, le recyclage

Outre une optimalisation du tri des déchets au sein des hôpitaux pour garantir un ratio DASRI-DAOM le plus proche de 15-85, Jonathan de Patoul prône le traitement et le recyclage des déchets toxiques. L’OMS valorise plusieurs alternatives plus écologiques à l’incinération des déchets dangereux comme l’autoenclave, les micro-ondes ou le traitement chimique. La société belge AMB a elle opté pour le principe du micro-ondes qui, grâce à une température de 100 degrés, permet une décontamination. Les DASRI se transforment donc en DAOM et peuvent être triés et revendus. "Paradoxalement, cette entreprise n’a pas encore convaincu les hôpitaux belges, alors qu’elle exporte déjà dans plus de cinquante pays."

Emballages, vêtements et outils chirurgicaux : les hôpitaux produisent aussi une grande quantité de déchets non dangereux, peu triés. "On estime que près de 30 % des déchets hospitaliers proviennent du bloc. Pourtant, les salles d’opération ne contiennent généralement pas de poubelles de tri, il faut changer cela."

Le député propose ainsi à la Région d’engager un travailleur dédié à la question de l’efficience de la gestion des déchets en milieu hospitalier. Sa mission durerait deux ans avec pour objectif structurel le zéro DASRI. "Une meilleure gestion des déchets générerait des centaines de milliers d’euros d’économie et une réduction importante de la pollution émise. Une politique efficace de la gestion des déchets des hôpitaux sera source d’activité pour l’économie belge et pour l’économie sociale grâce au recyclage des métaux (voir ci-dessous) ."

Recycler les métaux pour aider les enfants hospitalisés

Pour optimaliser la gestion des déchets, une cellule développement durable est en train de voir le jour à l’hôpital Delta. "Les papiers administratifs et les gros cartons sont recyclés par l’hôpital mais c’est plus compliqué pour tout ce qui touche au bloc opératoire, explique Antoine Bouthros, médecin anesthésiste. Au nom de l’hygiène, on interdit beaucoup de choses, parfois de manière excessive. Or les interdictions diffèrent selon les régions. Certaines règles ont changé en France quand les hygiénistes se sont rendu compte qu’ils allaient parfois trop loin."

Ainsi, chez nous, tous les emballages de médicaments et d’outils chirurgicaux utilisés en salle d’opération ne peuvent être triés, alors qu’ils ne sont pas en contact avec le patient et ne présentent donc aucun risque infectieux. "Il suffirait de prévoir une poubelle carton." En ce qui concerne les PMC, les règles diffèrent selon les régions. "À Bruxelles, les bouteilles d’eau sur les plateaux-repas des patients et les cannettes ne peuvent pas non plus être recyclées alors que les gens dans les hôpitaux ne sont pas plus sales que dans la rue."

Pour ce qui est des métaux jetés en salle d’opération, l’association française Les ptits doudous les récupère depuis 2011 dans de nombreux hôpitaux hexagonaux. Après un protocole spécifique de décontamination, l’ASBL les revend à des ferrailleurs et utilise l’argent récolté pour améliorer le vécu des enfants, des parents et des soignants à l’hôpital, par exemple en offrant des doudous aux enfants hospitalisés.

"En France, cette démarche écoresponsable a permis de recycler 93 762 kg de métaux en 2019. Nous pouvons faire de même à Bruxelles", estime le député bruxellois Jonathan de Patoul (Défi). "C’est une démarche importante pour valoriser les métaux et cela permet de récolter des sous pour aider les enfants, ce qui est un facteur motivant pour les équipes. On espère pouvoir ouvrir Les ptits doudous en 2020 à Delta", confirme Antoine Bouthros.

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