The Sorority : l'appli pour alerter les femmes face aux violences sexistes disponible à Bruxelles
Lancée en France, l'application est disponible à Bruxelles depuis peu. L'objectif : permettre aux femmes de se sentir en sécurité chez elles et dans l'espace public.
- Publié le 16-04-2021 à 09h16
- Mis à jour le 16-04-2021 à 15h50
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Attouchements, regards insistants, coups de son (ex-)conjoint, viol : trop rares sont les femmes à n’avoir jamais subi de violences sexistes dans l’espace public ou chez elles. Pour lutter concrètement contre cette problématique, Priscillia Routier Trillard a lancé il y a peu The Sorority. Grâce à un système d’alerte et de mise en relation de femmes prêtes à s’entraider, l'application permet à ses utilisatrices d’agir en cas d’agression. Il leur suffit d’ouvrir l’application pour actionner l’alerte qui prévient alors les cinquante personnes inscrites les plus proches de l’utilisatrice. Celles-ci entrent en contact avec elle pour l’aider au mieux : l’écouter, appeler les autorités, la renseigner ou la rejoindre. Le projet vise ainsi à briser l’isolement dans lequel se trouvent coincées de nombreuses victimes.
"Le but est de casser l’effet de sidération, qui pousse notre cerveau à friser pour nous protéger lorsqu’on se sent en danger, et de l’inverser pour que ce soit l’agresseur qui ne sache plus quoi faire. Les utilisatrices peuvent par exemple enclencher une alarme qui va faire énormément de bruit. Tous les regards vont ainsi se retourner vers elle et l’agresseur qui ne saura plus quoi faire, ce qui permet d’arrêter l’agression. Elles peuvent aussi afficher sur l’écran un message de demande d’aide à adresser à une personne en particulier, ce qui permet de maximiser les chances que les personnes présentes réagissent", explique Priscillia.
Elle est maman de deux bébés et occupe un gros poste dans un grand groupe français lorsqu’elle fait un second burn-out en mars 2019. "Mon médecin traitant m’a tout de suite dit "je te crois, je vais te protéger" et cette bienveillance m’a fait un bien fou. En rentrant chez moi, le terme sororité m’est venu en tête : si on se rendait compte qu’en tant que femmes, on vit toutes les mêmes choses et qu’on est capables de faire des choses incroyables pour s’aider, on pourrait enfin se sentir en sécurité." C’est ainsi qu’elle lance The Sorority, une "technologie au profit de l’humain", avec la graphiste Fanny Chevalier et les développeurs Thibaud Dervily et Adrien Saulnier.

Outre le bouton "alerte", l’application dispose d’une fonction "recherche". Il permet aux utilisatrices de trouver toutes les personnes disponibles pour les écouter, par exemple en cas de violences conjugales (anciennes victimes, juristes, etc.), mais aussi de trouver un lieu sûr à proximité si elles souhaitent quitter leur domicile. Le poste "quoi faire" précise quant à lui l’ordre des démarches à suivre afin de gérer au mieux les situations de crise. D’abord lancée en France, l’application s’exporte désormais dans d’autres pays, dont la Belgique. Chez nous, c’est à Bruxelles que le projet compte le plus grand nombre d’utilisatrices. "Il y en a moins qu’en France mais elles sont hyper engagées !"
Parmi elles, Carmen a participé à la dernière session d’entraînement mensuelle. "Face à cette espèce de tension et d’impression de menace constante dans l’espace public, on se sent assez isolée. Quand on parle de ce qu’on vit, c’est souvent minimisé ou mal compris. Avoir à portée de main des gens qui s’impliquent avec des solutions concrètes, ça aide beaucoup, on se sent soutenue. Quand j’ai déclenché l’alerte lors de l’entraînement, j’ai reçu dans la minute quatre ou cinq messages d’utilisatrices. J’étais assez bluffée par cette efficacité et par la bienveillance totale des messages."
L’application est réservée aux femmes et aux minorités de genres (personnes trans, non binaires, etc.). "On sait ce que c’est que de vivre ces agressions donc on se comprend. On n’a rien contre les hommes et on les encourages à nous soutenir, à tendre l’oreille dans la rue et à agir mais on ne peut pas prendre le risque qu’un (ex-)conjoint violent vienne sur l’appli." Un selfie en temps réel et une copie de la carte d’identité sont nécessaires pour s’en assurer. "On valide chaque profil à la main. S’il se passe quelque chose, on peut supprimer la personne en deux secondes." L'équipe The Sorority travaille à l'ouverture de la partie "alerte" aux hommes et de l'application aux moins de 15 ans.