Non, 25% des véhicules bruxellois ne seront pas interdits à la circulation à partir de 2022
“25% de la flotte bruxelloise” sera-t-elle interdite de circulation dans les 19 communes dès 2022, comme l’affirme Alexia Bertrand (MR) ? Faux. L’étude de 2019 sur laquelle se base la parlementaire n’est plus pertinente. Selon Bruxelles Environnement, seuls 9% des véhicules ne pourront plus circuler dans la Zone de Basses Émissions de la région à partir du 1er janvier.
Publié le 01-07-2021 à 12h31 - Mis à jour le 01-07-2021 à 13h27
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Le 25 juin dernier, la cheffe de groupe MR au Parlement bruxellois Alexia Bertrand, était invitée sur le plateau de RTL Info pour revenir sur la suppression des moteurs diesel à Bruxelles. Depuis 2019, il est en effet prévu d’interdire progressivement tous les véhicules polluants dans la zone de basse émission (Low Emission Zone, LEZ) de Bruxelles-Capitale, soit les 19 communes, d’ici 2030.
Ces nouvelles restrictions reposent et dépendent de ce qu’on appelle la “norme Euro”, inscrite sur le certificat d'immatriculation du véhicule. Plus les émissions et l’ancienneté d’un véhicule (voiture, camionnette, bus et autocar) sont importantes, plus la norme Euro est élevée (échelonnée de 0 à 6).
À partir de 2022, seront concernés par l’interdiction de circulation, les véhicules diesel de norme Euro 4, c’est-à-dire de plus de 12 ans. Alexia Bertrand (MR) affirme sur RTL Info qu’ils représentent “un quart de la flotte bruxelloise”.

25% des véhicules bruxellois interdits de circuler dans six mois ? Faux.
Le pourcentage avancé par Alexia Bertrand provient d’une étude publiée en janvier 2019 par Bruxelles Environnement, Bruxelles Fiscalité, Bruxelles Mobilité, le Centre d’Informatique pour la Région Bruxelloise et Bruxelles Prévention Sécurité. Contactée par La Libre le 28 juin, la députée MR confirme s’être appuyée sur un article du Soir de février 2021, faisant référence à ce document.
L’étude en question a été réalisée sur base de chiffres remontant à 2016, et évalue effectivement la part des véhicules concernés à 25% du parc immatriculé de Bruxelles d’ici 2022. Mais cette hypothèse n'est qu'une “estimation”, comme l’indiquent clairement ses auteurs, et cela pour deux raisons majeures.
D’abord, le critère du “lieu d’immatriculation ne renseigne pas nécessairement sur la flotte circulant en Région bruxelloise”. Il a été choisi par défaut car les auteurs ne disposaient “pas d’informations précises sur les véhicules qui circulent en Région de Bruxelles-Capitale” au moment de la collecte de données. Des véhicules sont immatriculés dans la région sans forcément circuler sur le territoire, tandis que d’autres y circulent tout en étant immatriculés ailleurs.
Cette hypothèse est, par ailleurs, qualifiée de “maximaliste” par les auteurs de l’étude. “Dans les années à venir, le nombre de personnes confrontées à l’interdiction de circuler [pourrait être] plus faible, notamment grâce aux changements de comportement que la LEZ ou d’autres politiques de mobilité auront induits”.
De nouveaux chiffres en 2021
En mai 2021, Bruxelles Environnement a collecté de nouvelles données et estimé à 35 700 le nombre de véhicules interdits à la circulation dans la zone de basse émission d’ici le mois de janvier. Soit environ 9% du parc automobile bruxellois.
Contrairement à sa précédente évaluation, l’organisme bruxellois ne se base plus sur l’immatriculation des véhicules, mais les données de circulation dans la Région. Données issues des caméras ANPR (Automatic Number Plate Recognition) ou LAPI (Lecteur Automatique de Plaques d'Immatriculation) auxquelles Bruxelles Environnement a directement accès. “À l’époque, nous n’avions pas ces informations” souligne Pascale Hourman, sa porte-parole. “C’est beaucoup plus précis et pertinent, en plus d’être beaucoup plus actualisé”.
Pour Alexia Bertrand, “9% du parc, ça reste colossal”. La parlementaire MR estime également qu’il est difficile de tirer des conclusions sur une période inédite, au trafic perturbé, en raison de la pandémie de Covid-19. Argument audible, mais écarté par Bruxelles-Environnement et le cabinet de la Ministre bruxelloise de la Mobilité Elke Van den Brandt, qui ont tous deux adopté cette nouvelle méthodologie et mettent en avant l'évolution du parc automobile.
Selon la porte-parole de la ministre, Marie Thibaut de Maisières, le nombre de véhicules bruxellois concernés par l'interdiction de circuler qui entrera en vigueur dans six mois est “en diminution rapide, car les gens se préparent à la zone de basse émission et s'y adaptent.” Une information confirmée par les relevés de Statbel, qui indiquent que les ventes de voitures hybrides (essence ou diesel + électrique) en Belgique ont en effet été deux fois plus importantes en 2020 qu’en 2019.

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