Pas de prime après 65 ans : la double épreuve du handicap des seniors en Région bruxelloise
Certaines personnes handicapées bruxelloises de plus de 65 ans n'ont pas accès aux "aides matérielles individuelles" de la Région. Une situation jugée discriminatoire par certaines associations et qui dure depuis plus de 20 ans...
Publié le 21-12-2021 à 15h05
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Le handicap est-il oublié par la Région bruxelloise s’il se déclare après 65 ans ? Les services "Phare" ( Personne Handicapée Autonomie Recherchée ) ne sont en effet plus accessibles après cet âge. Seules les personnes inscrites avant leur 65 ans peuvent continuer de bénéficier de ces aides individuelles. Ceux qui s’enregistrent après feront chou blanc... De plus, si vous êtes déjà enregistré pour une déficience avant vos 65 ans mais que vous en développez une nouvelle après, cette dernière ne pourra pas être prise en compte.
"Une condition discriminatoire"
Le député Écolo du Parlement bruxellois Ahmed Mouhssin nous explique l'origine de ce décalage. "Dans les années 60, cette aide était nationale et elle s'inscrivait dans un programme d'insertion vers l'emploi. D'où l'âge de 65 ans." Par la suite, la compétence est devenue communautaire puis régionale dans les années 90. L'âge, lui, n'a pas changé. Aucune évolution non plus après la réforme de la retraite à 67 ans.
L'Unia, institution publique indépendante qui lutte contre la discrimination, a émis un avis le 11 octobre dernier mettant en lumière le caractère discriminatoire de cette condition d'âge. L'institut pointe même du doigt une violation de certains articles de la Constitution.
Le problème n'est cependant pas que bruxellois. Michel Magis, président de la Ligue Braille, qui accompagne des personnes aveugles ou malvoyantes sur tout le pays, nous explique qu'en Flandre et en Wallonie le problème est le même. "Il y a cette limite aussi pour les autres dispositifs régionaux, seule la communauté germanophone est mieux lotie."
PHARE: unique et indispensable
Le dispositif Phare n'est pas la seule aide proposée aux personnes handicapées, mais c'est la seule en termes de prise en charge de matériel individuel pour les Bruxellois. Pour Michel Magis, ces aides sont essentielles : "Dans l'immense majorité des cas, elles prennent en charge l'ensemble des frais d'un équipement. Pour notre ASBL, on propose des systèmes vidéo-loupe qui coûtent plus de 1000 euros. À payer vous-même si vous n'êtes pas reconnu PHARE." Plus largement ces aides peuvent financer l'installation d'une douche plus ergonomique, ou d'un monte-escalier par exemple. "On reste dans le "strictement raisonnable" en termes d'aménagements."

Des changements à l'études
Le député Ahmed Mouhssin a alors porté cette question aux oreilles de Rudy Vervoort (PS), ministre-président également en charge du Handicape à la Cocof. Le socialiste reconnaît l'aspect dépassé de cette limite d'âge et l'importance d'entrer dans "une inclusion plus globale" au lieu de rester sur la seule insertion professionnelle mais il veut prendre le temps de l'analyse. "Si la reconnaissance du handicap pour les personnes de plus de 65 ans est fondamentale, elle n'en demeure pas moins complexe au vu des multiples implications, pas seulement budgétaires", répond-il au parlementaire.
Impossible de savoir combien de personnes n'ont pas accès à ces aides en Belgique. La Ligue Braille, qui représente une seule ASBL pour un seul type de handicap, nous affirme avoir reçu environ 1.000 nouvelles demandes cette année. 50% des demandeurs avaient plus de 65 ans et n'étaient donc plus éligibles aux aides...