À Bruxelles, les Français ont largement plébiscité un deuxième tour Macron - Mélenchon
Dimanche, au Heysel, les 25 000 votants ont largement préféré le candidat de La France Insoumise à Marine Le Pen, qui ne fait que 2.46%. Le président sortant caracole en tête.
Publié le 13-04-2022 à 17h06 - Mis à jour le 13-04-2022 à 18h24
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Ils étaient nombreux, trop nombreux en témoignaient les longues files menant aux isoloirs, à s’être déplacés pour voter au premier tour de l’élection présidentielle française ce dimanche. Et les Français installés aux alentours de Bruxelles ont rejeté massivement le programme du Rassemblement National, à la faveur de Jean-Luc Mélenchon. De fait, le leader de La France Insoumise a récolté 31,7 % des voix, le président sortant en compte lui 39.7 %, quant à Marine Le Pen, elle récolte 2.46 % des suffrages. Anne HIdalgo (PS) et Valérie Pécresse (LR) récoltent 2,48% et 3,71% des votes. Alors, pourquoi une différence si grande avec le vote dans l’hexagone ?
Pour Nicolas Baygert, professeur à l'ULB et Docteur en Sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris-Sorbonne, il y a lieu d'observer une double tendance, qui nécessite de se pencher en même temps sur la démographie de la diaspora française à Bruxelles, sur son âge et sa catégorie professionnelle. "C'est une hypothèse, mais le vote Mélenchon se porte très bien chez les jeunes, de même manière que dans les métropoles françaises." Bruxelles compte 20 000 étudiants sur son territoire, ce qui peut expliquer cette première tendance, "mais il ne faut pas surestimer ce nombre de jeunes, dont beaucoup rentrent chez eux pour voter".

À Bruxelles, l’extrême-droite n’accroche pas
Emmanuel Macron, quant à lui, stagne à 39 %, comme en 2017. "Il faut prendre en compte les Français liés de près ou de loin aux institutions européennes", précise Nicolas Baygert. Mais la vraie nuance avec le vote hexagonal, c'est la dégringolade de la candidate du Rassemblement National. 3.1 % en 2017, 2.46 % en 2022. Bruxelles fait barrage, ce qui n'est pas le cas pour toute la Belgique, la populiste d'extrême-droite récolte 23.95 % des suffrages à Mouscron, par exemple. "Marine Le Pen veut parler aux électeurs à gauche comme à droite, c'est une candidature ouvertement populiste", précise le professeur de l'ULB, et d'ajouter que sa stratégie de campagne basée sur le pouvoir d'achat se rapproche de l'extrême-gauche. À ce petit jeu, c'est le parti frère du PTB qui rafle la mise, soit La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
Quant à Eric Zemmour, le polémiste d'extrême-droite n'a pas su profiter de l'espace libéré par sa rivale, et récolte 5.27 % des sondages. Un résultat nettement moins "compressé" que celui de Le Pen, "le vote Zemmour se porte très bien chez les bourgeois, c'est un vote conservateur, on est très loin de l'offre Le Pen".
À Anvers, bastion de la N-VA et du Vlaams Belang, en revanche, Le Pen et Zemmour ne font guère mieux (respectivement 4.99 % et 6.27 %). "C'est probablement parce que les expatriés français ne sont pas intégrés dans les milieux socioculturels flamands. Ils ne sont pas touchés par l'extrême-droite flamande", en dépit de la campagne commune entre la nationaliste française et les nationalistes flamands en 2019.
L’écologie politique plus imprégnée chez nous
Au Heysel, Yannick Jadot triple son score, avec 12.37 %, son plus haut dans le plat pays. "Ça veut dire que l'écologie politique a su bien s'imprégner dans le paysage francophone belge." Mais ce n'était pas assez pour le candidat d'Europe Écologie Les Verts, dominé par Jean-Luc Mélenchon, qui a présenté "un programme de gauche, de rupture, plus éclairé sur la justice sociale et l'écologie".
Dernier constat du vote bruxellois (et belge dans une moindre mesure), le vote utile, qui se fait moins ressentir. La participation a chuté de 13 %, probablement à cause du contexte géopolitique, de la crise sanitaire et du manque d'enthousiasme généralisé pour une campagne qualifiée d'assez ennuyante. Un "vote utile" et "l'urgence du barrage à l'extrême-droite" se feront également moins ressentir au deuxième tour à Bruxelles et on voit mal comment la candidate d'extrême-droite parviendra à renverser la vapeur. "Il faudra voir le réservoir de voix de Jean-Luc Mélenchon", le tribun de La France Insoumise qui récolte, quant à lui, 137 des 283 bulletins au Consulat Général de France, réservé aux électeurs de Saint-Josse uniquement.