Conseil communal chahuté à Schaerbeek sur le plan Good Move : "un tel mépris, c'est de la provocation"
Une cinquantaine de Schaerbeekois étaient présents au conseil communal de Schaerbeek ce mercredi soir pour demander l'annulation du troisième volet du plan Good Move.
Publié le 19-10-2022 à 23h19 - Mis à jour le 20-10-2022 à 07h57
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Un coup de sifflet, un carton rouge, et une cinquantaine de personnes qui hurlent sur chaque mot prononcé par les membres de la majorité schaerbeekoise. La majorité Défi-Écolo-Groen de la cité de Ânes en a pris pour son grade ce mercredi soir au conseil communal. "Jodogne démission, Clerfayt démission", comme mots d'ordre. Un bis repetita du conseil précédent.
Comme principaux arguments des manifestants : un manque de concertation, une menace de gentrification et (évidemment) les nombreux "coûts" de Good Move pour ceux qui empruntent tous les jours la voiture. Ralentissements, détours, stationnement. Et avec les manifestants, une opposition qui avait bien compris l'enjeu : il ne s'agissait plus ici de s'adresser à la majorité, mais bien aux anti-good move pour remporter les applaudissements de la salle. On plaide debout, le dos tourné aux échevins. "Le collège n'a pas pris mesure de votre colère qui est légitime, tape du poing Georges Verzin. Vous n'avez pas été consultés, c'est de l'abus de pouvoir et ça mérite d'aller au devant le conseil d'État ! On vous enferme comme des rats !" Avant d'ajouter que "si les ambulances ne pouvaient plus passer à cause du verrou Stephenson et que des personnes en danger de mort dans la MRS (Maisons de repos et de soin) décédaient à cause du retard de l'ambulance" chaque échevin devrait être traîné au pénal sur ce sujet. Rien que ça.
Matthieu Degrez (PS) déplore lui que "nous n'avons jamais pu voter ce plan car le Collège considère que c'est une compétence exclusive". Son collègue socialiste Abobakre Bouhjar parle lui d'une "poolitique volontariste de gentrification dans certains quartiers", et admet que son parti, à Anderlecht, a su faire demi-tour après manifestation de la colère. Leïla Lahssaini du PTB souligne les difficultés que vont rencontrer les travailleurs, les commerçants et les artisans avec le troisième volet de Good Move. Même un conseiller de la majorité a demandé au collège d'écouter la colère. Les Engagés, eux, parlent d'une "grave faute politique (...) qui ne pourra que conduire à mettre un peu plus en danger la cohésion sociale déjà durement ébranlée".
Une réponse inaudible
Et puis, vient la réponse d'Adelheid Byttebier (Groen), l'échevine de la mobilité qui... n'a pas pu en placer une. Les huées couvrant sa plaidoirie, l'échevine s'est résignée à livrer sa réponse sans auditeur. Histoire de dire. Il aura fallu attendre la fin du conseil et les portes closes pour avoir quelques mots de Cécile Jodogne (Défi), bourgmestre f.f., histoire d'entendre la version de la majorité. "Chaque changement suscite des réactions. Aujourd'hui, il y avait un mélange de beaucoup de choses, dont Good Move. L'objectif, ici, c'est de protéger le quartier et éviter le trafic de transit." Avant de promettre une évaluation dans les semaines qui suivront l'entrée en vigueur du dernier volet de Good Move, le 24 octobre et d'assurer que les citoyens sont pourtant bien consultés. "Mais je rencontre aussi des gens contents", rappelle-t-elle avant de fustiger la désinformation et la manipulation rampante dans le dossier.
De prime abord, on pourrait se dire que la démocratie a perdu ce mercredi soir. Débats inaudibles, menaces, mauvaise foi... "Mais quand tu as un tel niveau de mépris, c'est de la provocation", commente Marianne Koplewicz, à l'initiative d'une pétition qui a déjà récolté 1 500 signatures sur le web. "Les gens ne sont pas écoutés depuis des années. Ça impacte leur vie !" Pourtant, elle l'assure, Marianne Koplewicz n'est pas une "anti-vélo", au contraire. "On demande juste que la philosophie de Good Move soit abandonnée pour une politique écologiste comme préconisée par le Giec."
Rendez-vous dans six mois, maximum, pour l'évaluation communale de Good Move. Les manifestants promettent une rencontre bien avant.