Le camp de demandeurs d’asile face au Petit Château évacué, mais la crise de l’accueil persiste
La commune de Molenbeek a redirigé les demandeurs d’asile qui campaient face au Petit Chateau vers des hébergements. Cependant, mardi après-midi, environ trente personnes étaient encore à la rue.
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Publié le 07-03-2023 à 16h30
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Une bible qui baigne dans une flaque d’eau. Voilà ce qu’il reste, sur le quai des Charbonnages, après une opération d’évacuation préparée en sous-marin, afin d’éviter un appel d’air comme il y a eu lieu au Palais des Droits, mi-février. Petit rappel des faits : des Afghans occupaient le pont de la victoire, celui reliant Molenbeek à Bruxelles et face au Petit Chateau, l’occupation était tolérée par la commune, car porteuse d’une valeur symbolique et politique. Seulement voilà, après l’évacuation chaotique du Palais des Droits où séjournaient près de mille personnes dont environ 150 n’avaient pas été redirigées vers des structures d’accueil régionales, ces derniers ont regagné l’occupation des Afghans. Une situation intenable pour des questions de sécurité, la zone occupée se trouvait entre le canal et une piste cyclable très fréquentée, pour Molenbeek. Ce mardi, à huit heures du matin, le quartier a été bouclé pour organiser l’évacuation.
Trente minutes pour remballer
En conférence de presse, la bourgmestre molenbeekoise Catherine Moureaux (PS) annonçait que la première phase de l’opération s’était “très bien déroulée”. Une version quelque peu contestée par les acteurs de terrain et les avocats des demandeurs d’asile. L’un d’eux critiquait notamment le manque de communication préalable à l’opération, et notamment un screening réalisé la semaine dernière. “Nos clients nous ont appelés parce que des personnes voulaient noter leur nom sur une liste, ils ne savaient pas ce qu’il se passait, donc dans le doute on leur a dit de ne pas le faire.” Seulement, il fallait figurer sur la liste pour être accueilli au centre Mohamed Ali, où les demandeurs d’asile sont premièrement reçus pour un screening médical avant d’être redirigés vers des solutions pérennes. Treize personnes seraient dans le cas, avance la bourgmestre qui promet que, sous preuve qu’ils occupaient bien le quai des Charbonnages, ils seraient intégrés dans la solution.

Autre inquiétude des conseils des demandeurs d’asile, la destruction des tentes et des effets personnels de ceux qui n’étaient pas sur place ce mardi matin. “Certains avaient un rendez-vous à l’hôpital, ils ont appris la nouvelle et qu’ils avaient trente minutes pour remballer quand ils étaient déjà partis.” La bourgmestre avance là des mesures sanitaires avec lesquelles elle “ne pouvait pas chipoter” au regard des cas de galle, de tuberculose et (peut-être) de diphtérie. Ne reste plus qu’à espérer pour les demandeurs d’asile que les fameuses annexes 26 délivrées par l’Office des Étrangers et conférant quatre mois de protection internationale.
30 personnes toujours sans solution
Outre le cas des treize personnes évoquées plus haut, une trentaine d’hommes est venue gonfler les rangs du quai des Charbonnages depuis le listing établi. “Nous allons faire de notre mieux, mais je ne peux pour l’heure leur garantir une solution”, admet la bourgmestre, qui refuse de faire une sélection et qui dit vouloir offrir une solution à toutes les personnes présentes sur le quai ce mardi. Le secteur associatif s’organise également dans ce sens.
Enfin, l’édile socialiste tenait également à remercier la Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole De Moor, alors que les deux élues n’ont pas manqué de se critiquer sur la gestion de la crise ces derniers mois. “Les litiges qui nous opposent sont amenés à perdurer, mais je remercie Nicole De Moor de m’avoir écoutée.” Et de conférer ses remerciements à son camarade socialiste et Ministre-Président, Rudi Vervoort, “en grande partie impliqué dans la résolution”.
Le quai des Charbonnages retrouvera donc son trottoir d’antan. À deux rues de là, sous le carport de Molengeek, une tente Quechua est encore occupée. En Belgique, 3 000 demandeurs d’asile auront passé l’hiver dehors. La crise de l’accueil n’est, elle, pas encore résolue.