Dans le bâtiment occupé boulevard Albert II, demandeurs d’asile et citoyens déterminés dans l’attente d’une décision judiciaire
Au cœur du bâtiment fédéral occupé depuis une semaine à Saint-Josse, demandeurs d’asile et citoyens s’organisent pour vivre dans un équilibre pacifique et raisonné.
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Publié le 20-03-2023 à 16h22
”Pas de lit pour nous ? Pas de canapé pour vous !” La banderole affichée sur un joli canapé est un pied de nez cocasse du fait que le meuble ornait il y a quelques semaines encore le cabinet de la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Nicole De Moor (CD&V). La Belgique n’ayant pas respecté l’obligation européenne de fournir des conditions d’accueil dignes aux demandeurs d’asile, la justice a alors saisi des meubles dans le cabinet De Moor, meubles rachetés par les soutiens de l’occupation.

Outre cela, une septantaine de demandeurs d’asile occupent ce bâtiment fédéral de Saint-Josse depuis dimanche dernier. Nombre d’entre eux étaient au Palais des Droits à Schaerbeek, cet hiver, et puis dans le camp de tentes face au Petit Château en février, et puis à l’allée du Kaai. C’est le cas de Nahar, 27 ans, il a fui le Yémen, mais il songe parfois à y retourner. “J’ai quitté le Yémen à cause de la guerre et pour la liberté. Mais je me demande si je ne ferais pas mieux d’y retourner, quitte à mourir sous les balles.”
Organisation organique
Ceci n’est pas un squat, c’est une occupation politique, revendiquent les occupants dont la vingtaine de citoyens venus apporter leur soutien. Ici, les règles et les codes sont décidés en société, avec l’accord de chacun : c’est, ce qu’ils appellent, une “organisation organique”. Chaque jour, une communauté différente s’occupe du ménage. En cas de conflit, des représentants sont désignés, et les entrées et sorties du bâtiment sont contrôlées. Ici, équilibre est un mot-clé, et le spectre du Palais des Droits où la situation sanitaire et sécuritaire s’était fortement dégradée plane encore.

La justice décidera s’il y a expulsion
Ce mardi matin, la justice de paix de Saint-Josse-ten-Noode tranchera quant à l’avenir de l’occupation. D’une part, elle entendra la régie des bâtiments, propriétaire des lieux, et les avocats des occupants. La première entend expulser les occupants des bâtiments. Alors que les seconds feront valoir le droit à l’accueil, “violé des milliers de fois par l’État”, et demanderont qu’une place leur soit attribuée au sein du réseau Fedasil.
Si le juge donne raison à l’organisme fédéral, les conseils des demandeurs d’asile iront plus que probablement en recours, puis en cassation, affirment deux citoyennes qui occupent les lieux. “Ces personnes ont des droits, comme celui d’être logées. Mais pour l’instant, toute la procédure est en stand-by. […] On est en train de lutter pour l’État de droit, qui est bafoué depuis dix-huit mois.”