Dans le quartier Brabant, riverains et commerçants excédés par l’insécurité : “c’est un problème de surpopulation et de précarité”
Un comité manifestait devant le commissariat 5 ce mardi matin.
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Publié le 28-03-2023 à 14h58 - Mis à jour le 28-03-2023 à 19h29
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”Ça a augmenté depuis le Covid.” Devant le commissariat qui jouxte la gare du Nord, ce mardi matin, un commerçant et riverain qui préfère rester anonyme dépeint une situation qui se corse chaque jour un peu plus, dans le quartier Brabant. Sa famille tient un restaurant dans une rue adjacente, “ils n’arrêtent pas de déranger les clients, ça les décourage à entrer”. “Ils”, ce sont “les dealers, les drogués”, mais Doris, une travailleuse du sexe sort de l’analyse faite par son voisin pour en livrer un autre. “En fait, c’est un problème de surpopulation et de précarité, et c’est ça qui ouvre la porte à la drogue. Je n’ai rien contre les fumeurs de joints, j’ai connu mai 68, mais ici ce sont des drogues dures.”
De fait. Avec plus de 24 000 personnes par kilomètre carré, le quartier Brabant est l’un des quartiers les plus denses de la capitale. Le cinquième le plus pauvre, également, avec un revenu médian imposable avec moins de 16 000 euros annuels. “J’habite ici depuis dix ans, mais je n’ai pas les moyens de partir, poursuit Doris, notez que les loyers ici deviennent aussi hauts qu’à Uccle.”
Sept revendications
Devant la trentaine de personnes présentes, Thierry Balsat, citoyen engagé et bien connu, prend la parole, et demande de libérer la réserve fédérale de la police pour venir en renfort aux officiers dans le quartier. “Nous ne voulons plus que des clients, des enfants, des commerçants… Et des policiers, soient abattus dans l’indifférence.” L’emprunte de Thomas Monjoie et de son assassinat en pleine rue est encore là, celle d’un jeune homme tué aussi. Par ailleurs, les riverains saluent la décision d’avoir fermé les cafés après une heure du matin après l’évènement tragique, ce qui avait ramené un peu de sérénité au sud de la gare du Nord. Un concept dont le premier échevin tennoodois, Philippe Boïketé (PS), ne se dit pas contraire. “Si ça a porté ses fruits, pourquoi pas ne pas aller dans ce sens ?”

En clair, les riverains sont venus devant le commissariat avec sept revendications. Plus de moyens humains pour la zone de police, un appel à la réserve nationale en renfort, des patrouilles canines dans les rues, la création d’une ligne d’urgence au commissariat 5 disponible en 24/7, l’application de la tolérance zéro à l’encontre des délinquants, la création d’un groupe de travail entre autorités et usagers du quartier, et la distribution d’articles de presse (ou autres) sur le suivi des opérations dans le quartier. Bref, la grosse armada.
”La répression ne marche pas toujours”
Pour Audrey Dereymaeker, la porte-parole de la zone nord, c’est tirer des conclusions un peu rapides. “On n’est pas contre plus de collègues. Mais ce qui est important, c’est que tous les problèmes n’attendent pas une solution policière. La réponse répressive ne marche pas toujours.” Et d’ajouter qu’une collaboration est en cours avec les services communaux, qu’un magistrat de référence a été désigné, et que le budget recrutement suit. À voir si ça suffira, en attendant, Doris (qui habite un rez-de-chaussée), fermera ses volets en rentrant chez elle, le soir.