Un hébergement de transit pour les mineurs étrangers non accompagnés à Ixelles : un tremplin vers l’autonomie pour combler l’absence du Fédéral
11 places d’hébergement de transit pour mineurs étrangers non accompagnés ont été inaugurées à deux pas de la place Flagey. Les premiers mineurs, garçons comme filles, arriveront le 6 avril.
Publié le 29-03-2023 à 10h00 - Mis à jour le 29-03-2023 à 10h05
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Aux commandes on retrouve Julie Demarez co-fondatrice et coordinatrice de Maison Babel. C’est cette ASBL qui va encadrer le nouvel hébergement de transit pour mineurs étrangers non accompagnés (Mena) inauguré rue Félix Bovie à Ixelles. La commune vient d’achever deux ans de travaux de rénovation pour proposer désormais 11 chambres réparties en trois appartements. Le projet a été lancé en 2018 et depuis, 1.2 millions d’euros ont été injectés. La région a notamment mis la main au portefeuille via le fond de refinancement des communes. La secrétaire d’État au logement Nawal Ben Hamou était d’ailleurs présente pour l’inauguration Des partenaires privés comme la Fondation Roi Baudouin ont aussi financé la maison.

Grâce à ces efforts, Maison Babel double son nombre de place pour les Mena. L’association dispose déjà d’une maison de quatre places à Forest et de cinq places à Schaerbeek. À Ixelles l’ASBL pourra accueillir des filles ce qui n’était pas possible dans ses autres logements : “dans les autres maisons il n’y a qu’une seule salle de bains,” explique Julie Demarez. Ici, un des trois appartements, le plus grand, sera réservé aux filles. En plus d’un salon par appartement les jeunes auront aussi accès à une salle commune à l’immeuble avec une petite terrasse. le tout à quelques mètres de la place Flagey. “Ils ont bien chacun leurs espaces pour gagner en autonomie mais des espaces communs aussi pour pouvoir rompre l’isolement.”

Maison Babel, fondé en 2017 espère ainsi venir en aide au Mena surtout au moment où ils passent leur 18e anniversaire. En effet si le Fédéral est censé prendre en charge les mineurs étrangers non accompagnés, passé 18 ans, les jeunes se retrouvent souvent seuls face à des falaises administratives et sans accompagnement. Maison Babel offre justement une alternative à cette fracture pendant cette période charnière entre 16 et 20 ans. Elle propose un logement de transit (6 mois reconductibles trois fois) et surtout un accompagnement administratif social, scolaire et psychologique. “Ça va de démarche auprès des CPAS, à des formations ou des suivis de santé et surtout qu’il soit autonome quand ils sortent de nos logements”, nous explique un travailleur social même s’il reconnaît que la tâche n’est pas aisée. “Un an et demi c’est souvent court, surtout quand il y a encore la barrière de la langue.” L’association assurera une présence quotidienne puisqu’elle installe aussi ses bureaux au rez-de-chaussée.
L’ASBL fonctionne beaucoup au bouche à oreille et quand la demande de logement est trop grande par rapport au roulement, “on choisit les plus vulnérables” En sortant de ce tremplin, les jeunes ont toujours une solution de logement plus ou moins parraine. “On n’a remis personne à la rue après un an et demi.”
Du côté d’Ixelles, on se réjouit de voir le projet aboutir. Le dossier a mobilisé Anaïs Camus (Ecolo), échevine du Logement, Yannick Piquet (PS), échevin des travaux publics et plus largement le collège communal en remontant même à certains échevins de l’ancienne mandature comme Caroline Désir. “Ces adolescents qui arrivent en Belgique sans aucune famille représentent un public particulièrement vulnérable. Le fait de trouver un logement est indispensable pour commencer une nouvelle vie dans la stabilité et l’autonomie. La Commune qui a pour ambition de développer des logements dignes permettant l’accueil des personnes les plus fragilisées avait à cœur de concrétiser un tel projet sur son territoire,” commente l’échevine du Logement.

En 2022, l’office des étrangers a enregistré 3.615 demandeurs d’une protection internationale ayant déclaré être des mineurs étrangers non accompagnés. 12,3 % de plus qu’en 2021 selon le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides. Les vérifications sont encore en cours pour savoir si tous sont réellement mineurs mais sur ses 3 615, 2 394 sont déjà considérés comme tel. Parmi eux on retrouve 93.8 % de garçon. Julie Demarez nous explique rencontrer majoritairement de jeunes Afghans, Érythréen ou Somaliens.
À Ixelles, la première à bénéficier des nouveaux logements emménagera le 6 avril.