Émeutes après la mort d’Adil : “aucun élément ne permet d’établir le concert préalable”
La troisième audience avait lieu ce lundi. C’était au tour de la défense de plaider, elle a notamment remis en question l’analyse des images faite par la police.
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Publié le 22-05-2023 à 18h35
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Les avocats des prévenus étaient appelés à plaider, ce lundi, au Palais de Justice. Pour rappel, 19 jeunes hommes comparaissent depuis lundi dernier devant le tribunal. Ils sont accusés d’avoir participé aux émeutes, en avril 2020, qui ont suivi la mort d’Adil, un jeune Anderlechtois de 19 ans percuté par une voiture de police qui venait en contresens, quai de l’Industrie. Ce soir-là, Adil cherchait à se soustraire à un contrôle, une raison suffisante pour les forces de l’ordre de déclencher la course-poursuite à l’issue fatale.
”Tout s’est passé comme une mèche qui s’allume”, l’avocate d’un des prévenus reprenait les mots de son client, évoquant un quartier totalement dépassé par les évènements. Pendant le confinement, que l’on sait plus difficile à vivre dans les quartiers populaires, la mort d’Adil fut la flamme qui alluma la mèche, notamment car le jeune homme était bien connu par pléthore des prévenus. L’un d’entre eux était présent lorsque les parents d’Adil ont appris la mort de leur fils, un autre était son ami d’enfance. “Ces incidents renforcent les tensions entre les jeunes et les forces de l’ordre”, plaidait l’avocate Pauline Leloup, en prenant soin de rappeler que son client avait compris son erreur et le caractère inacceptable de celle-ci. C’est bien l’émotion qui a envahi les rues d’Anderlecht le 11 avril dernier, jour des émeutes et lendemain du décès d’Adil. “Aucun élément ne permet d’établir le concert préalable des émeutes”, complète l’avocate.
Un cri de colère
La semaine dernière, un nouvel élément est venu bousculer le dossier de la mort d’Adil, lié à celui du jour. Pour rappel, le policier derrière le volant de la voiture ayant provoqué la collision mortelle est accusé par plusieurs de ses collègues de racisme, sexisme et xénophobie, s’étant même vanté d’avoir “sorti un des jeunes de la rue”. Après ce nouvel élément, il y avait lieu de se demander si ces nouvelles révélations interféreraient dans les jugements des émeutes.
La réponse tend plutôt vers le négatif. Mais l’avocat Yannick De Vlaemynck a tout de même rappelé que ce n’était pas la première fois qu’il était question de racisme dans la police, notamment lorsque deux policières se filmaient en patrouille à insulter les jeunes du même quartier. La robe noire énumérait les propos injurieux quand son client s’est tourné pour lui faire remarquer qu’il avait oublié le mot “singe” dans sa liste. “Comment ça se fait qu’une partie de nos jeunes soient dans la rue ? C’est un cri de colère contre la police, contre les contrôles intempestifs. Cela ne justifie pas les évènements du 11 avril, mais c’est un cri de colère. Et ces quartiers sont souvent des poudrières, il ne faut pas grand-chose pour y mettre le feu.”
Un slip au cœur de la controverse
Enfin, maître De Vlaemynck défend un prévenu qui réfute les accusations qui lui sont faites, et critique la version policière se référant aux images de caméras de surveillance. “On a pourtant fait le nécessaire sur le plan scientifique, qu’a dit l’expert ? Que les images sont de mauvaise qualité. Mais les enquêteurs sont des X-Men, ils sont formels.” L’enjeu est ici de savoir l’implication de son client dans les émeutes, que le dossier établi par la présence… d’un slip rouge. “Heureusement que Superman n’était pas là, ça en devient dangereux…”
Les audiences reprendront mercredi.