Affaire Adil : le conseil de police de la zone midi sous tension, “on ressent de la haine et de la colère”
Plusieurs dizaines de citoyens manifestaient en marge du conseil de police pour demander des mesures concrètes pour lutter contre le racisme au sein de la zone de police midi.
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Publié le 23-05-2023 à 07h00
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Dans la foulée du procès des 19 jeunes impliqués dans les émeutes ayant suivi la mort d’Adil se tenait le conseil de la zone de police Bruxelles-Midi, sous haute tension. La semaine dernière, la RTBF, le Soir et Blast révélaient le comportement raciste, sexiste et xénophobe d’un policier directement impliqué dans la mort du jeune Anderlechtois de 19 ans.
Ce lundi soir, une petite centaine de personnes avaient donc fait le déplacement jusqu’à la place Van Meenen, profondément choqués par les récentes révélations et dans le but de demander que le policier concerné soit démis de ses fonctions. “En tant que mère, on ressent de la haine et de la colère suite à ces nouvelles informations, d’autant plus que les responsables étaient sûrement au courant. On demande aux bourgmestres de prendre leurs responsabilités ainsi que des sanctions”, expliquait Latifa Elmcabeni, cofondatrice du Collectif des Madrés, impliqué dans la lutte contre les violences policières.
”Justice pour votre police”
Pour conclure les échanges dans une salle du conseil sous tension, le chef de corps Jurgen De Lanndsheer a réfuté le fait qu’il y ait du racisme structurel dans la police, avant de demander “justice pour Adil, mais justice pour votre police”. Des mots largement hués par le public. “C’est la quatrième génération d’immigration et nous avons encore peur pour nos enfants, même pour un simple contrôle, on est à bout”, déplorait un père de famille présent dans le public.
De son côté, la bourgmestre de Forest et présidente du Collège de police, Mariam El Hamidine (Ecolo), a contesté toute complaisance envers les accusations de racisme qui touchent (un membre de) sa police. “Le jour même où nous avons appris les nouveaux éléments via la presse, le Collège s’est réuni pour poser des questions au chef de corps et savoir comment se positionner. Le Collège a directement demandé qu’une enquête soit lancée.”
Estimant qu’il s’agissait d’un point touchant à un membre du personnel, le Collège de police n’a pas donné de réponse publique aux interpellations des conseillers. Selon nos informations, en huis clos, il a été indiqué qu’une enquête est en cours afin de savoir quelle position adopter. Quelques minutes avant le début du conseil de police, les trois communes de la zone Midi (Anderlecht, Saint-Gilles et Forest) annonçaient avoir “chargé le comité́ de direction de la zone de mettre en place un plan d’actions, accompagné par un organisme indépendant, afin d’améliorer les dispositifs existants pour démontrer l’exemplarité des services de police”.
Avant cela, le public est alors sorti de la salle en scandant “police partout, justice nulle part” pour montrer son mécontentement. “Il n’y a pas que de la frustration, commentait le militant Anas Amara, notre demande première est restée sans réponse, et nous n’avons pas eu d’informations sur les mécanismes possibles et existants pour lutter contre le racisme dans la police.”
Lors de la première audience des émeutiers ayant dégradé des véhicules de police au lendemain de la mort d’Adil, ceux-ci avaient répondu avoir agi “par colère”. Ce lundi soir, au sortir du conseil de police, ce mot était sur beaucoup de bouches.