Procès des attentats à Bruxelles : Abdeslam alterne entre les postures du petit gars de Molenbeek et celle du soldat de Dieu

"Salah Abdeslam alterne entre les postures du petit gars de Molenbeek et celle du soldat de Dieu. Le sujet oscille entre la revendication d'un engagement déterminé et la manifestation d'une humanité", est-il ressorti d'un rapport d'expertise psychiatrique réalisé en novembre 2021, au cours du procès des attentats à Paris.

BRUSSELS, BELGIUM - MAY 11 : Salah Abdeslam pictured during the trial of the attacks of Brussels. On March 22 2016, 32 people were killed and 324 got injured in suicide bombings at Zaventem national airport and Maalbeek / Maelbeek metro station on 11, 2023 in Brussels, Belgium, 11/05/2023 ( Photo by Didier Lebrun / Photonews
BRUSSELS, BELGIUM - MAY 11 : Salah Abdeslam pictured during the trial of the attacks of Brussels. On March 22 2016, 32 people were killed and 324 got injured in suicide bombings at Zaventem national airport and Maalbeek / Maelbeek metro station on 11, 2023 in Brussels, Belgium, 11/05/2023 ( Photo by Didier Lebrun / Photonews ©DLE

Ce rapport a été présenté mardi après-midi devant la cour d'assises de Bruxelles, qui juge les attentats du 22 mars 2016, par l'un de ses auteurs, le docteur Daniel Zaguri.

Dans ce rapport, les psychiatres, qui ne se sont entretenus qu'une seule fois avec Salah Abdeslam durant 2h30, reviennent sur son parcours de vie, son entrée dans la vie professionnelle et son adhésion au modèle de l'État islamique, "cet arsenal déshumanisant".

"Salah Abdeslam nous décrit d'abord son enfance et ses origines marocaines, mais très brièvement, sans entrer dans les détails", a exposé l'expert psychiatre français. "Comme s'il voulait se désarrimer de l'histoire familiale, ne voulant pas mêler ce cercle (proche) à l'opprobre du procès".

"Mais ensuite, quand il aborde les faits, son discours est entier et sans nuance. Le choix du combat était, à ses yeux, une action de guerre nécessaire liée à l'intervention militaire des Français en Syrie et aux exactions commises par le régime de Bachar el-Assad", a-t-il expliqué. L'accusé a cependant exprimé une forme d'empathie vis-à-vis des victimes. "Il dit ne pas être insensible à leur souffrance, tout en soulignant le fait que ces victimes sont la conséquence d'un mal initié par d'autres".

Au cours de son entrevue avec les médecins, Salah Abdeslam répétera à plusieurs reprises "ne pas avoir de sang sur les mains", un peu comme s'il récusait l'idée de violence gratuite, a avancé Daniel Zaguri avec précaution.

"À chaque question qu'on lui posait, il nous récitait le bréviaire des radicalisés mais pas comme un perroquet. On sentait que sa carapace n'était pas si solide que ça. On avait l'impression qu'un vacillement, une oscillation était à l'œuvre", a-t-il précisé.

Interrogé sur la radicalisation de Salah Abdeslam, l'expert a répondu que l'accusé était "un homme-système comme tous les sujets radicalisés, embrigadés dans un régime autoritaire". Il a ajouté que "néanmoins on sent que l'homme-système n'a pas complètement fait disparaître l'homme, sa personnalité intérieure n'a pas été complètement enfouie. Il est traversé par des courants contraires".

L'expert a aussi déclaré que "dès le départ et tout au long de notre entretien, il a insisté pour que l'on montre de lui une image plus humaine que celle que réverbéraient les médias".

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