C’est officiel, la société Abattoir cessera son activité d’abattage d’animaux dans le quartier Cureghem à Anderlecht
La société Abattoir va arrêter ses activités d’abattage à Anderlecht. La Région bruxelloise explore la possibilité de garder un abattoir à Bruxelles.
- Publié le 03-06-2023 à 07h00
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L’échéance est prévue pour 2028 et le nom du site des “Abattoirs” pourrait bien ne plus correspondre à rien. Avec la fin de son permis d’environnement, dans cinq ans, la Société SA Abattoir réfléchissait au maintien de son activité sur le site anderlechtois.
Le projet Manufakture, qui combinera des ateliers de transformation alimentaires à une piscine à ciel ouvert, prévoyait déjà la destruction des bâtiments de la chaîne d’abattage actuelle. Cette décision du fonctionnaire délégué a été prise afin de pouvoir y développer un grand marché central.
Interrogé par le député bruxellois Jonathan de Patoul (Défi), le ministre président Rudi Vervoort a annoncé que la SA Abattoir “confirme ne pas souhaiter développer un nouvel abattoir.” Il énumère les raisons données par la société. Premièrement, il y a la motivation financière. Du fait de sa taille assez petite “l’exploitation actuelle est déficitaire.” Ensuite, Abattoir évoque un problème d’implantation : “l’exploitation dans un environnement fortement urbanisé devient de plus en plus contraignante.” Enfin, “pour une entreprise privée et dans le contexte de son installation sur le site à Anderlecht, la perspective du marché pour un nouvel abattoir est trop incertaine (évolution de la consommation de viande et de l’abattage sans étourdissement, urbanisation générale du territoire et spécifiquement autour du site, etc.)”
La fin des abattoirs à Anderlecht ?
Est-ce la fin des abattoirs à Anderlecht ? Rien de sûr. La société compte bien poursuivre ses activités, non plus d’abattage mais de transformation alimentaire, notamment dans le futur bâtiment Manufakture. Pour ce qui est de l’abattage, elle “espère tout de même pouvoir poursuivre ses activités jusqu’à la fin du permis en 2028,” précise sa CEO Elke Tiebout. “Il y a trop d’incertitudes sur cette chaîne et la question de l’obligation de l’abattage avec étourdissement est toujours dans l’air.” Pour rappel, l’abattage sans étourdissement préalable reste pratiqué à Anderlecht.
Du côté des autorités régionales, on réfléchit à prendre une initiative publique pour installer un abattoir sur le site même (avec un autre gestionnaire) ou ailleurs en Région de Bruxelles-Capitale. “Une analyse des sites alternatifs et des aspects économiques sur cette question est lancée avec Hub Brussels, Perspective et la Société d’aménagement urbain, en collaboration avec Citydev,” indique le ministre dans sa réponse écrite au député.
À Anderlecht, le bourgmestre Fabrice Cumps (PS) était au courant que l’activité d’abattage était en sursis. “C’était une rumeur qui courrait. On ne peut que le regretter.” Il a déjà été approché par le cabinet Vervoort dans le cadre de l’étude pour maintenir un site d’abattage. “On parle toujours de circuit court. Il me paraît important de maintenir tout le circuit sur le même site. Ce serait aussi important en termes d’emploi.”
Un nouvel abattoir à Bruxelles ? "Ça ne tient pas la route”
Pour le député Défi à l’origine de la question au gouvernement, “l’investissement d’argent public pour le développement d’un nouvel abattoir en région bruxelloise ne tient absolument pas la route au vu des grands enjeux de la région bruxelloise en termes de mobilité, biodiversité, logement et, bien sûr, bien-être animal. Je m’y oppose catégoriquement. Il est nécessaire d’évaluer toutes les options possibles en vue de dynamiser le site des abattoirs. Il faut dès à présent travailler à la reconversion des emplois. On constate par ailleurs des pénuries dans d’autres secteurs.”

Auteur d’une proposition, rejetée par le parlement, visant à rendre obligatoire l’étourdissement avant l’abattage, Jonathan de Patoul dénonce ceux qui, à l’époque de ce débat, prenaient l’argument de l’emploi pour garder une activité d’abattage à Anderlecht. “Ils n’avaient manifestement pas une connaissance fine du dossier.”
La région nous précise que sur l’activité purement d’abattage, et non de transformation, 25 emplois sont concernés.
Si la SA Abattoir ne compte pas poursuivre à Anderlecht, elle ne se positionne pas pour le cas où la région déciderait d’implanter une chaîne ailleurs à Bruxelles. L’étude d’Hub brussels doit s’achever en mars 2024.