Bientôt un cinquième chantier aux Trèfles à Anderlecht, les nuisances continuent malgré les procès-verbaux : “on va attendre un accident pour agir ?”
Poussière, rues bloquées, klaxon à 6H du matin, les riverains de la rue des Trèfles perdent patience au milieu des chantiers.
- Publié le 19-09-2023 à 13h00
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Les Trèfles sont devenus un champ… de grues. En juin dernier, La Dernière Heure recueillait le témoignage des riverains de la rue des Trèfles à Anderlecht, encerclés par quatre chantiers d’ampleur notamment les constructions de logements menés par BlueStone et par le Fonds du Logement. Quelques mois plus tard leur calvaire n’est toujours pas réglé alors qu’un cinquième chantier se profile pour le mois d’octobre (la troisième parcelle du Fonds du Logement).
“Les travaux commencent avant les heures officielles. On est sans cesse réveillé à 6h du matin, parfois 5h30, nous confient plusieurs riverains. Et les travaux ne se termineront pas avant 2025. Vous imaginez, s’inquiète l’un d’eux. Il y a un voisin qui a une tumeur. Il ne sait même pas se reposer. Il y a même eu des coups de klaxon à 6h. Un conducteur voulait juste appeler ses collègues. Il y a peut-être d’autres moyens moins bruyants pour ça.”

À cela s’ajoute l’absence de concertation entre les opérateurs. “Parfois un chantier bloque une rue et l’autre en bloque une autre. On se retrouve obligé de prendre le sens interdit. Un matin, j’ai totalement été bloqué et j’ai dû me rabattre sur le métro. Parfois ce sont des camions du même chantier qui bloquent à eux seuls tous les accès. Pourquoi ne rentrent-ils pas sur la zone de chantier ?” Et ça, c’est quand ces habitants peuvent garer leur voiture. Très souvent les places sont prises par le chantier ou ceux qui y travaillent. “On a une voisine qui a eu son jardinet et ses petites barrières de devanture défoncées à cause d’une camionnette.”
Justice de paix
Pour Saïd, l’un des habitants, le chantier doit se faire. “C’est normal. Mais qu’ils respectent les règles de leur permis, qu’ils nettoient les rues, qu’ils ne les bloquent pas systématiquement et qu’ils arrêtent de nous réveiller.”

Une autre riveraine va plus loin. Elle a lancé une pétition dans le quartier et compte aller devant la justice de paix. “La commune nous dit d’appeler la police. La police nous dit d’appeler la commune ou d’appeler à plusieurs en même temps. On ne va pas sonner chez les voisins pour faire un appel groupé sur les lignes de la police quand même. Ça fait des mois qu’on signale, qu’on envoie des preuves, mais rien ne bouge. Pas plus tard qu’il y a quelques jours, les ouvriers ont oublié de fermer le chantier avec les barrières. Il y a un énorme trou de plusieurs mètres sur le site. On va attendre un accident pour agir ?”


PV et mises en demeure
La commune est bien au fait de la situation. L’échevin en charge de l’urbanisme Alain Kestemont (Défi) a déjà dressé plusieurs PV et mises en demeure. “On a notamment fait stopper les chantiers les samedis. Ils n’avaient aucune autorisation pour le faire. La police ne peut pas faire grand-chose, ce sont les inspecteurs de l’urbanisme qui doivent venir constater les infractions au permis sur le chantier comme le fait de commencer avant 7 h du matin par exemple. J’ai eu une réunion avec les trois chefs de chantier il y a une semaine. Nous avons dressé la liste de ce qu’ils doivent absolument respecter notamment les horaires mais aussi le fait de nettoyer les rues régulièrement et de mieux se concerter.”

Reste que pour certains grands groupes, payer une amende administrative peut être plus efficace que de corriger la situation d’infraction. “Dans ce cas, j’ai toujours le pouvoir de fermer le chantier,” conclut l’échevin.