Possible déconstruction du Palais du Midi : encore beaucoup d’inconnues quant au délai et au budget, le quartier toujours pris en otage
La Stib a été auditionnée ce mardi au Parlement bruxellois. Les négociations se poursuivent avec l’entrepreneur du métro 3. “On est en discussions confidentielles.”
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Publié le 14-03-2023 à 16h10 - Mis à jour le 14-03-2023 à 21h39
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Le dossier est toujours au point mort. Ça négocie, ça étudie, ça inspecte au niveau du Palais du Midi. Le chantier du métro 3 bruxellois est, pour rappel, enlisé dans de complexes questions d’étanchéité du sol, ancien lit de la Senne.
Ce mardi au Parlement bruxellois, la Stib a été auditionnée sur les raisons de ce blocage et ses conséquences. Côté politique, aussi bien dans le chef de l'opposition que de la majorité, beaucoup d’interrogations sur les budgets, les tracés, les risques connus d’avance et l’absence d’études suffisantes.
”La Stib est dans une situation très difficile, critique même. Dans laquelle elle s’est mise elle-même”, assène la députée Isabelle Pauthier (Ecolo). Rappelant que le chantier devait être fini en 2021, Marie Nagy (Défi) évoque un “quartier martyr” et un “désastre du chantier”. “Aujourd’hui, pour moi en tant que politique, l’option démolition du Palais du Midi n’est pas une option. C’est un élément historique, un élément urbanistique, un instrument de vie pour le quartier.”
Sur les bancs de l’opposition, Geoffroy Coomans de Brachène (MR) accuse la majorité de manque de vigilance. “Tout le monde se dédouane”, s’indigne l’ancien échevin bruxellois à l’Urbanisme. “Plus personne ne se sent redevable, responsable, y compris les partis qui sont dans cette majorité régionale depuis plus de trente ans.”
Un cadastre incomplet
Petits rétroactes. Le chantier de la future station de métro Toot Thielemans, projet conçu sous la précédente législature, a débuté en 2020 et est en réalité bien avancé. Il ne manque pour ainsi dire, outre un petit tronçon jugé non problématique, qu’à réaliser la partie entre l’avenue de Stalingrad et le boulevard Lemonnier, à savoir celui qui passe sous le Palais du Midi.
L’entrepreneur sélectionné devait réaliser ces travaux avec la technique du “jet-grouting”, à savoir l’injection de ciment dans le sol afin de créer des colonnes. Mais entre la situation planifiée et la réalité du sous-sol bruxellois, il y a un fossé. En 2015, au moment des études, l’accès aux caves a été limité et de fâcheuses surprises sont apparues lors du chantier. “Les plans qu’on a retrouvés dans les archives ne correspondaient pas avec la réalité qu’on a retrouvée, graduellement, sur le terrain”, a expliqué devant l’assemblée l’employé de la Stib responsable du projet.
En 2021, lors des travaux, les soucis sont dès lors apparus lors de l’injection du ciment. Rapidement, un constat s’impose : il faut revoir la technique. Une solution est alors imaginée en modifiant les paramètres des pieux. L’entrepreneur l’évalue… “C’est là qu’on est tombé de notre chaise.” Le budget explose, à quoi s’ajoutent des nuisances supplémentaires et un retard de plusieurs années.
Une alternative fait alors surface : passer à l’intérieur du Palais du Midi. Un scénario “à la de Brouckère”, qui ne touche a priori pas les façades du Palais du Midi et qui permet de recourir à des techniques maîtrisées.
”En discussions confidentielles”
Si une solution se dessine, restent encore les épineuses questions de responsabilités, aux lourdes conséquences financières. Pour les entrepreneurs, il s’agit de risques imprévisibles. Pour la Stib, le problème était connu. D’où le différend.
Deux questions sont sur toutes les lèvres : quel prix et quel délai pour cette reprise du chantier en passant dans le Palais ? “On est en discussions confidentielles”, se borne la Stib. “C’est du jamais vu ce qu’on a fait. Ce sont des négociations pour éviter un litige juridique, qui serait le plus mauvais pour tout le monde : pour le consortium, pour la Stib, et pour le quartier. Car on risque de prendre le quartier en otage avec une expertise juridique qui peut prendre des années.”
La Stib tient toutefois à rassurer : “il n’y a pas de risque technique de stabilité au niveau du Palais”. Au total, une trentaine de commerces sont greffés dans le majestueux édifice. “En cas de démolition partielle, probablement une dizaine devrait être délogée”, estime la société de transport. Mais d’autres pourraient également faire la demande de quitter les lieux à cause des nuisances. Un deuxième Stalingrad-Village pourrait être créé. Mais cela aurait un impact sur le planning de réaménagement de l'espace public.