Haren, Neder-Over-Heembeek… : ces zones de Bruxelles délaissées par les opérateurs de trottinettes et vélos partagés
Les opérateurs de micromobilité rechignent à couvrir les zones excentrées de Bruxelles. Manque de service pour la Deuxième Couronne pour certains ? Ou bénédiction pour d’autres ? La situation risque en tout cas de changer.
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Publié le 15-03-2023 à 19h00
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En 2018, les premières trottinettes en libre accès faisaient leur apparition sur les trottoirs bruxellois. Cinq ans plus tard, plus de 21.000 engins ornent les artères de la capitale. Mais leur répartition – les habitants de la Deuxième Couronne le savent – est ô combien inégale.
Place Flagey, abords des gares, Parvis de Saint-Gilles, place Jourdan à Etterbeek, on retrouve des dizaines de véhicules entassés sur quelques mètres carrés. À Jette ou Watermael-Boitsfort, en revanche, il faut parfois parcourir plusieurs centaines de mètres avant de trouver un deux-roues. De surcroît, certaines zones sont d’ailleurs totalement délaissées… La rédaction a fait le constat sur les différentes plateformes de micromobilité partagée. Dans le centre-ville, Ixelles, Saint-Gilles, on retrouve pléthore de véhicules.
À la lecture des cartes, le regard est directement attiré vers le sud. À Uccle, à part quelques vélos, c’est le désert. Les applications interdisent en effet le stationnement d’un véhicule dans la localité du sud. Mais la situation est ici le fruit d’un choix politique. Le bourgmestre Boris Dilliès (MR) a mis en place une politique d’intransigeance vis-à-vis du stationnement. Avec pour résultat : le départ des opérateurs.
”Toutes les semaines, une équipe de la voirie enlève les trottinettes mal stationnées et les ramène au dépôt. Un PV de 250€ est alors dressé par trottinette mal stationnée”, explique le libéral, qui ne regrette pas la mesure, même si Uccle est désormais la seule commune bruxelloise à n’être presque pas desservie. “Je constate que depuis 5 mois la situation a changé et les Ucclois peuvent circuler sur les trottoirs. Cela a donné le résultat espéré : le respect des piétons.”
Le nord, un laissé-pour-compte
Outre le cas particulier d’Uccle, on constate que les zones à proximité de la frontière flamande (bas de Watermael-Boitsfort, Neerpede…) sont peu desservies. Mais c’est dans le nord de la Région que la carence est la plus forte. Impossible par exemple de prendre une trottinette Pony du côté de l’avenue Charles Quint, ou une e-step Bolt place Schweitzer à Berchem, ou un véhicule Lime à Jette… “Ce sont des questions économiques”, nous glisse un acteur du secteur, sous couvert d’anonymat. “Les zones qui sont les plus rentables sont au centre, et certains opérateurs préfèrent ne pas prendre des risques.”
Deux zones ne sont presque pas desservies, sans, comme à Uccle, de raison politique : Haren et Neder-Over-Heembeek. D’après nos relevés, seuls deux opérateurs sont présents dans ces deux localités du nord de Bruxelles-Ville : Dott et Voi.
”Notre but est d’offrir un service, on veut desservir entièrement les 19 communes de Bruxelles. C’est dès lors important d’avoir suffisamment de véhicules pour que le système reste fiable”, explique Marien Jomier, à la tête d’une flotte Dott de 1.300 vélos et plus de 4.000 trottinettes. Même son de cloche auprès de Voi : “Quand on a agrandi la flotte, on a pu étendre le territoire”, nous explique Yessin Aattache, country manager chez Voi.
Une garantie avec le nouveau cadre
Alors les habitants de Haren et Neder-Over-Heembeek, délaissés par la micromobilité, ou miraculeusement épargnés par ce que d’aucuns nomment un fléau ? Du côté de l’échevinat bruxellois à la Mobilité, on ne voit pas cette apparente carence comme un problème. “On ne reçoit pas de demandes des habitants de Haren et Neder-Over-Heembeek. Pour l’instant, on est plus occupés à gérer les conséquences néfastes là où les trottinettes sont implantées qu’à vouloir étendre le système”, commente le porte-parole de Bart Dhondt (Groen).
Au second semestre, la desserte de l’entièreté du territoire sera inscrite dans le prescrit légal, et devrait – théoriquement – être garantie. Conséquence de la, tant attendue, réforme régionale de la micromobilité. L’ordonnance générale a déjà reçu le feu vert du parlement bruxellois ; l’arrêté précisant les règles est attendu pour l’été. La Région va pour rappel encadrer plus strictement le nombre de véhicules et les permis.
Plusieurs types de licences devraient voir le jour : une petite pour 300 trottinettes, et une moyenne de 1.500 engins, et une grande de 5.000 véhicules. Seuls deux opérateurs pourront exploiter ces super-licences de 5.000 trottinettes et auront dès lors l’obligation de couvrir l’entièreté du territoire régional. “Une question d’équité entre les communes”, commente la porte-parole d’Elke Van den Brandt (Groen).