“J’ai eu droit à des injures, des menaces de mort” : Pascal Smet réfute les accusations des UberFiles
Auditonné au Parlement bruxellois, l'ex-ministre de la Mobilité a rappelé : "j’ai bien eu droit à des messages de haine, des intimidations, des injures, des menaces de mort, et cela de manière parfois quotidienne".
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Publié le 30-03-2023 à 18h55 - Mis à jour le 30-03-2023 à 19h31
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Après les auditions de représentants d’Uber et du secteur des taxis, de l’ancien lobbyiste Mark MacGann et d'autres, c’était au tour des politiques d’être auditionnés par la commission spéciale Uber, ce jeudi au Parlement bruxellois. Ces auditions font pour rappel suite aux “Uber Files”, enquête journalistique, qui a mis en lumière les pratiques agressives, et parfois illégales, de la société californienne lors de son arrivée en Belgique en 2014. Ont notamment été épinglés les relations de l’entreprise avec Pascal Smet, alors ministre bruxellois de la Mobilité.
L’actuel secrétaire d’État en charge de l’Urbanisme s’est livré à un exposé détaillé d’une heure et demi. Avec comme conclusion : “les Uber files ont montré qu’Uber s’est également engagé dans certaines pratiques qui, selon moi, ont clairement enfreint la loi, s’agissant d’empêcher des actes d’enquête et de tentatives de saper le contrôle de mon administration. J’espère que le pouvoir judiciaire va en juger. Toutefois, en ce qui concerne les contacts de lobbying avec moi et mon cabinet, je pense que vous devriez conclure avec moi qu’aucun élément compromettant ne peut m’être reproché”. Le socialiste assure : “en termes d’influence, il n’y a jamais eu de cadeaux et autres avantages. En revanche, j’ai bel et bien eu droit à des messages de haine, des intimidations, des injures, des menaces de mort, et cela de manière parfois quotidienne. ‘Attachons une pierre au cou de Smet et balançons-le dans le canal. À vélo dans une rue obscure, un accident est si vite arrivé’.”
Quatre rencontres
Au total, plus de 130 rencontres ont eu lieu avec le cabinet de Pascal Smet et le secteur des taxis, et une septantaine avec les LVC, dont 33 avec Uber, lors du gouvernement Vervoort II. Le secrétaire d’État dit n’avoir été personnellement présent qu’à quatre rencontres avec Uber lors de son mandat. Il reconnaît un contact privilégié avec Mark MacGann, qu’il ne qualifie pas d’“ami” mais de “connaissance”. “Je ne peux pas dire que c’est un ami”, disait également de son côté l’ancien lobbyiste. Invité à un gala de bienfaisance en 2014, Smet dit avoir finalement décliné l’invitation lorsqu’il avait appris que MacGann travaillait pour Uber.
Les “Uber Files” faisaient également état de contacts privilégiés entre le cabinet et la société américaine. L’ex-ministre confirme notamment la stratégie de communication coordonnée avec Uber avant une conférence de presse en 2015: “nous avions recommandé à Uber ainsi qu’au secteur des taxis de ne pas faire de déclarations provocatrices et de coopérer lors de nos réunions dans le but d’élaborer un plan de réforme. C’était nécessaire car le débat était très polarisé à l’époque.”
Sur le fond de ses projets de réforme à proprement parler, Pascal Smet a évoqué le “climat très positif” dont bénéficiait Uber à son arrivée. “Mon approche a toujours été double. À savoir qu’Uber, Heetch, CarASAP, Djump, et les autres plateformes de partage étaient les bienvenues sur le marché bruxellois, pour autant qu’elles se conforment à la réglementation en vigueur d’une part, et que d’autre part j’allais procéder à une réforme du secteur prévu dans l’accord du gouvernement.”