Alain Maron : “On dit que l’abandon de la voiture, c’est un truc de bobos, la réalité ne montre pas ça”
Le ministre fait le point sur la prime Bruxell’Air en 2022. 58 % des primes versées sont majorées car les bénéficiaires ont des revenus “modestes”.
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Publié le 31-03-2023 à 07h30
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”En trois ans, à Bruxelles, le vélo est passé d’un sujet de niche à un sujet massif. On est devenu beaucoup plus cyclable.” Parfum de bilan avant le début de la campagne au cabinet Maron. Et le ministre en profite pour faire le point sur la prime Bruxell’Air, octroyée aux automobilistes prêts à troquer leur plaque d’immatriculation contre un chèque à dépenser dans différentes options de mobilité dans la capitale. La somme s’élève à 500, 700 ou 900 euros en fonction des revenus du bénéficiaire.
En 2022, sous une nouvelle mouture, 2 301 Bruxellois ont donc conclu le deal avec la Région, soit 3,4 fois plus que l’année précédente, encore marquée par le Covid, certes. Mais Alain Maron le soutient mordicus, “la prime fonctionne, et on a voulu la renforcer, le budget a triplé et on a augmenté la somme de la prime”. De cette success story, le ministre de l’Environnement tire une conclusion : le vélo a le vent dans le dos à Bruxelles. Sur les 2 300 primes octroyées, 1 112 bénéficiaires ont choisi d’investir l’argent reçu dans un budget vélo, “on est dans une nouvelle ère”, appuie le ministre. En comparaison, 711 personnes ont préféré utiliser la prime dans un abonnement de la Stib, et 467 auprès du service de car-sharing Cambio. À noter que la prime pouvait être partagée dans plusieurs offres. Une préférence pour la petite reine qu’Alain Maron justifie également par la visibilité offerte à celle-ci. “Il faut le lire en parallèle de l’explosion du vélo à Bruxelles, quelque chose se passe. Il y a un effet d’entraînement, c’est évident, quand on voit ses proches rouler à vélo, on se dit 'pourquoi pas moi ?'. En revanche, on doit continuer à investir dans de nouvelles infrastructures cyclables et sécuriser. Mais c’est clair qu’on est passé dans une nouvelle dynamique.”

Rééquilibrage
”Il y a une répartition assez homogène entre les communes au regard de leur taux de motorisation”, note le ministre. C’est pourquoi, à Saint-Josse, moins de 30 personnes ont rendu leur plaque au profit d’un chèque mobilité, mais elles reçoivent presque systématiquement une prime majorée, à l’instar de 58 % des demandeurs, leur ménage engrangeant moins de 52 600 euros annuels (37 600 pour les personnes isolées). “Si on considère la population générale et le taux de motorisation, la répartition est plutôt homogène.”

”Globalement, ça touche la cible. On est sur des tranches de revenus moyens, voire moyens inférieurs. Ce ne sont pas des bourgeois. On a tendance à dire que l’abandon de la voiture, c’est un truc de bobos. La réalité des chiffres ne montre pas ça. 58 % des primes à 900 euros, c’est très significatif.” Et pour aller un cran plus loin, il semblerait que les plus hauts revenus rechignent même à abandonner l’auto, puisque 11 % des primes seulement ont profité aux plus hauts revenus (au-dessus de 90 100 euros par ménage, ou 75 100 euros pour les isolés).
Autre statistique dont se réjouit Alain Maron : 46 % des demandeurs de la prime sont en fait des demandeuses, “il y a une augmentation importante de femmes.” Anciennement considérée comme un sport, la petite reine est en train de devenir, à Bruxelles, un moyen de locomotion. “On retrouve monsieur et madame Tout-le-monde sur un vélo.”
Et malgré tout, encore du chemin à faire
La transition est donc en cours en région bruxelloise. Et pourtant, à un an de la fin de la législature, le ministre de l’Environnement concède qu’il y a encore du chemin à faire. 60 % des déplacements qui sont exécutés en voiture à Bruxelles font moins de cinq kilomètres. 98 % des Bruxellois respirent un air plus pollué que ce que l’OMS recommande, et la capitale compte encore trop de kilomètres de file chaque jour, “le droit à la mobilité n’est pas encore rencontré”. Des chiffres qui pénalisent avant tout les plus précaires, malgré leurs efforts derrière le guidon.