Le coût du métro Nord – Bordet grimpe à 2,5 milliards : Beliris met “quatre options sont sur la table” dont l’arrêt définitif du projet
Les devis sont deux fois et demi supérieurs aux estimations originelles. Une offre d’emploi publiée par Beliris sème le doute sur la pérennité du projet du métro 3 à Bruxelles.
Publié le 23-05-2023 à 16h38 - Mis à jour le 23-05-2023 à 18h34
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Une offre d’emploi sème la panique à Bruxelles : Beliris recherche “un accompagnateur de processus de changement”. Les équipes à accompagner sont celles qui planchent depuis des années sur le gigantesque chantier du métro 3 entre Gare du Nord et Bordet, dont le fonds fédéral Beliris est maître d’ouvrage. L’offre d’emploi, retirée du site de Beliris depuis lors, précise ceci : “Beliris est actuellement confronté à une suspension d’urgence de l’un de ses plus grands projets : la construction de la ligne 3 du métro. Au cours des prochains mois, il sera confirmé s’il s’agit d’une suspension ou d’un arrêt définitif.” Le chantier “mis sur pause”, il s’agirait de recaser une vingtaine de travailleurs, annonce L’Echo ce mardi.
Motif de ce mouvement sur l’échiquier des ressources humaines de Beliris : les kilomètres de tunnels et les 7 nouvelles stations engendreraient un “surcoût” qui ne serait plus supportable. D’après nos informations, les devis envoyés par les entreprises à Beliris seraient quasi deux fois et demi supérieurs aux prix estimés à l’origine. Soit un montant de près de 2,5 milliards d’euros au lieu de 1,052 milliard budgétisé en 2018, puis revu à la hausse à 1,4 milliard en 2021. En mars dernier, Beliris avait encore augmenté le budget du tronçon Nord-Bordet à près de 2 milliards d’euros. Avant de recevoir les derniers devis, qui font encore grimper la facture même si “un devis, ça se négocie”. Au cabinet de la ministre Karine Lalieux (PS) en charge de Beliris, on tempère : “Beliris n’a absolument pas suspendu le chantier du métro 3 car ce n’est simplement pas de ses compétences”, nuance Delphine Van Bladel, porte-parole de Karine Lalieux. “Il s’agit d’une décision politique : c’est le gouvernement bruxellois qui doit se prononcer sur ce dossier”.
”Aucune décision n’est prise à ce stade”, assure Rudi Vervoort (PS)
D’où vient donc ce mouvement de panique ? “Ce lundi 22 mai, une note a été remise au gouvernement bruxellois, une sorte d’état des lieux comme en sont faits régulièrement sur les chantiers d’ampleur”, poursuit la porte-parole du cabinet socialiste. “Celle-ci fait état de quatre options” : continuer le programme, suspendre le programme pour l’analyser plus avant, modifier de façon substantielle le programme, arrêter tout. “C’est au gouvernement bruxellois de se prononcer”. Ce qu’il fera certainement ce jeudi lors de sa réunion hebdomadaire.

Voilà en tout cas qui complique encore davantage ce pharaonique chantier, déjà mis à mal par les épineux problèmes de stabilité sous le Palais du Midi (1er tronçon Albert-Nord). Tandis que le chantier du 2e tronçon sous la gare du Nord rencontre les mêmes problèmes que ceux du Palais du Midi, même s’ils sont de moindre ampleur.
Rappelons que la Stib a mis là-bas le chantier sur pause depuis février. À cette occasion, la ministre bruxelloise de la Mobilité Elke Van den Brandt avait avancé que 22 % du budget total, estimé à 732 millions d’euros, avait déjà été dépensé fin 2022. De quoi lui faire dire qu’il est “totalement impensable d’abandonner les chantiers en cours”.
En fin d’après-midi, le ministre-président Rudi Vervoort (PS) s’est étonné de la nouvelle. “On est très surpris. Beliris nous a en effet informés en début de semaine des offres reçues. Le métro reste un projet important pour le gouvernement bruxellois ! Nous allons en discuter ce jeudi au gouvernement. Aucune décision n’est prise à ce stade”, a déclaré son cabinet.