Crise du métro 3 à Bruxelles : pourquoi le MR, pourtant dans l’opposition régionale, se positionne en grand défenseur du métro, projet phare du PS
”L’appel au privé est une piste qui doit être mise sur la table”, selon David Leisterh.
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Publié le 24-05-2023 à 16h30
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Depuis sa conception, le parcours du métro 3 s’est rapidement transformé en un chemin de croix. D’une part, les retards ne cessent de s’accroître : annoncé l’an dernier pour 2031-2032, le tronçon Gare du Nord-Evere est désormais prévu pour août 2033. D’autre part, la facture explose : 1,04 milliard en 2016 pour ce tronçon schaerbeekois à sept stations, alors que les devis actuels atteignent les 2,5 milliards. À cela s’ajoute la “grosse bourde” de Beliris ce mardi, qui a, unilatéralement nous dit-on, anticipé la suspension du projet avant tout accord politique sur la question.
Face à ces écueils, c’est le malaise dans la sphère politique. Autrefois dans l’opposition régionale, désormais aux manettes de la mobilité, les Verts n’ont jamais caché leur position anti-métro. Chez Défi, la question est esquivée. Quant au grand argentier Open VLD, il sonne inlassablement l’alarme budgétaire. Les socialistes, quant à eux, défendent officiellement le métro, “leur” projet. Chef de groupe bruxellois, et bourgmestre d’une des communes concernées, Ridouane Chahid (PS) n’hésite d’ailleurs pas à mouiller sa chemise et à réitérer son soutien face aux critiques. “On n’a pas changé d’une ligne notre position : on est pour le métro et on a toujours soutenu le métro”, nous assure l’Everois.
Une condition pour une éventuelle montée dans une majorité
Mais là où Good Move suscitait quantité de réactions socialistes, rares sont tout de même les réactions d’élus PS sur le projet de ligne souterraine. Question “stratégique” d’une communication maîtrisée, selon le parti… Il n’en reste pas moins que, pour trouver le plus grand soutien au projet du métro, le “bébé du PS”, il faut aller chercher… dans l’opposition régionale. C’est en effet le MR qui se profile comme le parti pro-métro. Une position somme toute inattendue étant donné que les libéraux francophones n’ont été, depuis les bancs d’opposition, que spectateurs d’un projet porté par les socialistes, appuyé hier par les humanistes.
”Historiquement, nous avons toujours été en faveur du métro”, défend le patron du MR bruxellois, David Leisterh. Des propos appuyés par l’ancien chef de groupe et patriarche des libéraux francophones : “Il n’y a pas de meilleur moyen pour se rendre rapidement d’un point A à un point B sans toucher à la circulation de surface. C’est une évidence si on veut favoriser le transport modal”, commente Vincent De Wolf.
Dans son argumentaire, le MR pointe un “retard” de Bruxelles par rapport aux autres métropoles européennes. “On doit rougir face à d’autres villes qui viennent de développer un réseau ambitieux, comme Madrid et Copenhague”, juge le député Leisterh qui, à l’instar du PS, pointe la situation à Schaerbeek et Evere, “des quartiers souvent délaissés et qui méritent d’avoir cette ligne”.
Un financement privé
Chez les Verts et dans l’associatif, un refrain revient : promouvoir le métro, c’est ne pas s’attaquer à la surface et à la place de la voiture. “Un raccourci dommageable”, dénonce le Boitsfortois. Mais tout de même : quid de la facture à rallonge ? Qui plus est pour une formation prônant à tire-larigot une orthodoxie et un assainissement budgétaire ? “Comme pour le TGV à Bordeaux ou le réseau de Paris, on doit garder des projets d’ambition. Le métro, c’est un investissement dans un meilleur développement économique, avec donc un retour sur investissements.”
Le MR pointe dès lors quatre pistes : “l’intervention de l’Europe une meilleure négociation des marchés avec les entrepreneurs, la révision de l’intervention fédérale et l’appel à des fonds privés”. Seule cette dernière piste, à savoir la privatisation, généralement abhorrée de la gauche, constituerait un véritable changement de cap. “L’appel au privé est une piste qui doit être mise sur la table. Plusieurs villes l’ont déjà fait. Je ne dis pas que la situation est simple, et elle ne le sera jamais. Mais on attend du politique de trouver des solutions hors du lot.”
Ce jeudi, le gouvernement Vervoort est appelé à se pencher sur la question du métro nord et ses devis explosifs. Selon des sources, la piste d’une non-décision, à savoir une étude complémentaire des devis, serait la plus probable. À plus long terme, le MR assure déjà : il fera, le cas échéant, de la poursuite du projet du métro une condition lors des futures négociations gouvernementales. “L’abandon n’est pour nous pas une option”, assure Leisterh.