Inauguration de la nouvelle rue Wayez : pour certains commerçants anderlechtois, “la commune n’a pas tenu ses promesses”
Alors que les chantiers rue Wayez sont terminés, certains commerçants retrouvent leurs clients mais d’autres se sentent trahis par la commune. Nous sommes retournés prendre le pouls de l’artère commerçante pour sa fête inaugurale.
- Publié le 03-06-2023 à 18h25
- Mis à jour le 03-06-2023 à 23h15
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Frites et croustillons naviguent entre les pieds des géants. Ce samedi, la fête d’été de la rue Wayez à Anderlecht marquait la fin officielle de travaux de réaménagement de la voirie et pour l’occasion, le tram historique était de sortie.
Cette fin de chantier couplée au retour des beaux jours, “c’est excellent” pour les affaires de Vasken que nous avions déjà rencontré il y a quelques mois pendant des soldes d’hiver plutôt maussades. “Aujourd’hui, on voit que les gens reviennent. Je n’aime pas trop le style 'pots de fleurs rouillés' qu’ils ont installé, mais la rue est bien mieux, plus large avec de la place pour les poussettes par exemple. On avait beaucoup de clients qui se plaignaient de ça avant les travaux.”


Seule critique pour le commerçant spécialiste des chaussures : le stationnement. “C’est encore un peu compliqué, mais les gens vont prendre de nouvelles habitudes, ça va bien revenir.”

Quelques mètres plus haut, Edith dans son magasin de vêtement est plus inquiète sur la fréquentation à venir : “Il y a du mieux mais c’est très léger. On perd tous les clients de Dilbeek ou de Forest qui venaient avant en voiture. J’habite aussi dans le quartier et ma fille ne vient plus me voir parce qu’elle ne sait plus se garer. Y’a rien à faire, le Belge tient à sa voiture. Les nouveaux bancs qu’ils ont installés, c’est super pour les personnes âgées, mais s’il faut se parquer à 1 km, ça devient compliqué […] Ça fait 20 ans que je suis là, j’ai toujours eu des cartes de fidélité et les clients les remplissaient. Maintenant, j’ai dû les jeter parce que les clients ne sont que de passage. Plus personne ne revient plusieurs fois donc les cartes ne servent plus à rien. Je ne suis pas un gros H&M moi… c’est compliqué.”


Pour certains comme Nasser, le poissonnier, la situation est même plus grave. Comme d’autres commerçants, il a d’ailleurs apposé une affiche sur sa devanture pour demander le retour des places de stationnement. “Depuis les travaux, j’ai perdu 80 % de ma clientèle, 60 % de mon chiffre d’affaires et ma facture d’électricité est passée de 880 à 2100 euros mensuels. Même les clients qui passent pour nous faire plaisir commencent à dire que cela devient impossible de se garer ici et qu’ils ne reviendront plus. Regardez… en pleine après-midi, mon étal est encore plein. Si ça continue comme ça, je devrai fermer fin de cette année,” explique le commerçant, implanté rue Wayez depuis 2014.

Cette détresse, il n’est pas le seul à la porter. Une association de commerçants menée par Youssef, vendeur de chaussures, réclame que la commune tienne ses promesses. “On nous avait promis 90 places sur les 170 d’avant les aménagements. On est pour l’équilibre entre le stationnement et les autres usages, mais ici, l’équilibre promis n’est pas respecté. On est à 27 places pour les clients et 30 de livraisons… Ce n’est pas tenable il faut qu’on nous rajoute des places pour les clients. C’est le parcours du combattant pour eux.”
Accompagnés de membre du collectif “non au plan Good Move,” les opposants aux nouveaux aménagements s’étaient donné rendez-vous en marge de la fête pour tracter auprès des habitants et les informer de leurs doléances.

Du côté de la commune, l’échevine en charge de la Mobilité et des Travaux publics, Susanne Muller Hubsch (Groen) est ravie que les travaux soient enfin finis “avec même un peu d’avance, on parlait pendant longtemps de finir en septembre. On sait que les commerçants ont souffert. On va continuer de les suivre.” Concernant la promesse non tenue des 90 places, l’édile se justifie. “On a introduit le permis en 2019. À ce moment-là on avait 9 terrasses de prévues. Puis avec le covid on a laissé la possibilité pour 15 terrasses. Sauf qu’au moment de superposer ces nouvelles terrasses avec le stationnement prévu, ça ne collait plus. On a donc choisi les terrasses pour soutenir les commerçants. Remettre du stationnement sur la rue, ce serait dire aux terrasses de fermer. En attendant, on a un parking temporaire sur l’îlot Shell (Quai Fernand Demets) et, sur cette parcelle, un projet immobilier devrait être introduit dans l’année. Il y aura un parking souterrain et on est en contact avec le promoteur pour mutualiser des places.” Autre annonce de l’échevine, la caméra à reconnaissance de plaque censée contrôler le respect de la zone piétonne à Saint Guidon devrait arriver pour l’automne 2023.
L’enthousiasme d’Ecolo-Groen et d’une partie du PS présent à la fête n’est toutefois pas partagé par toute la majorité : le chef de groupe PS, les élus Défi et certains des Engagés ont boycotté l’événement “en soutient aux commerçants.”
