Crise du métro 3 à Bruxelles : le choix du démantèlement du Palais du Midi pour débloquer le chantier de la Stib coûtera 400 millions d’euros
Le gouvernement Vervoort a approuvé ce jeudi le démantèlement de l’emblématique bâtiment.
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- Publié le 08-06-2023 à 14h36
- Mis à jour le 08-06-2023 à 18h00
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Après des mois de tergiversation, le couperet est finalement tombé dans le quartier de Stalingrad. Le Palais du Midi sera finalement démantelé. Le chantier était pour rappel à l’arrêt à la suite de problèmes de stabilité sous l’emblématique bâtiment aux multiples affectations.
Deux choix s’offraient grosso modo aux autorités bruxelloises : creuser plus profond ou démonter le Palais en ne laissant que les murs. C’est finalement cette seconde option qui a été choisie. “C’était la moins mauvaise des solutions”, nous indique une source proche du dossier. Il s’agit également du scénario le moins risqué. Vu l’éventrement du quartier depuis le début de la législature, la fronde des habitants et les récents déboires budgétaires de l’extension nord du métro 3, l’exécutif Vervoort a donc choisi l’option de la sécurité.
”Ça fait mal au cœur”, commente la ministre Elke Van den Brandt (Groen), pour qui les autres options n’étaient pas tenables. L’intérieur du Palais sera dès lors démantelé : seuls les murs resteront, et les machines pourront alors prendre place afin de creuser un tunnel et (enfin) réaliser les 120 mètres de passage souterrain qui restent pour relier Forest à la Gare du Nord. Un chantier qui ne débutera pas avant janvier 2025. La mise en circulation du métro sur ce tronçon nord est désormais attendue pour 2030. “On a pris cinq ans dans les dents”, peste-t-on dans un cabinet ministériel de la majorité.
Une procédure accélérée
Mais avant de voir un métro circuler dans la future station Toots Thielemans, il y a encore du pain sur la planche. Avant le chantier, quantité de formalités administratives doivent encore être réalisées.
Le gouvernement dit lancer une “procédure urbanistique accélérée” : un projet d’ordonnance a été approuvé ce mercredi pour un “raccourcissement significatif” de la procédure. “La durée classique de cette procédure d’urbanisme est ainsi ramenée de 450 jours (+ 6 mois de prolongation possible) à 170 jours indicatifs”, indique le gouvernement bruxellois.
Une fois le tunnel creusé, il faudra en effet reconstruire le titanesque Palais, qui abrite actuellement des commerces, des établissements scolaires et des infrastructures sportives (voir ci-contre).
400 millions de surcoût
Bien sûr, la facture sera à la hauteur du pharaonique travail à réaliser. La ministre Van den Brandt (Groen) évoque un surcoût de 400 millions d’euros. “Mais c’est la seule manière pour achever ce tronçon de métro qui est actuellement en chantier.” Un global montant, encore bien approximatif, qui comprend le changement de technique pour la réalisation du tunnel, l’inflation, les indemnisations et la fameuse rénovation du Palais du Midi.
Ce surcoût conséquent aura-t-il un impact sur l’extension nord de la ligne, entre la Gare du Nord et Bordet ? Pour rappel, les récents devis pour ce tronçon actuellement à l’étude sont trois fois plus élevés qu’estimé. Bruxelles a dès lors lancé le mois dernier un appel à l’aide au fédéral, et des Verts francophones demandent, une nouvelle fois, l’abandon de cette extension schaerbeekoise.
À ce propos, la ministre Van den Brandt, interviewée ce jeudi après-midi, réitère sa fidélité à l’accord gouvernemental malgré ses réserves. “Évidemment, la Région bruxelloise veut opérer un shift modal et offrir des alternatives de mobilité. Le métro est une des réponses, mais on veut aussi que les budgets soient respectés, et avoir des réponses pour les quartiers. Ce qui se passe à Stalingrad, on ne veut pas le répéter à Schaerbeek et Evere.”
En définitive, si le sort semble désormais fixé pour le tronçon sud du métro 3, le tronçon nord reste toujours quant à lui dans l’incertitude.