Que deviennent les moulages de plâtre que les dentistes utilisent pour imprimer votre bouche en vue d’y placer ici un dentier, là une prothèse?Et bien pas grand-chose: une fois le moulage réalisé, ces empreintes en négatif sont jetées. La créatrice Lyse Lecrit y voit une mine d’or: elle recycle cette matière dans… des porte-savons.
"Un petit cabinet dentaire belge produit une dizaine de moules par jour.Et ce plâtre à usage unique est jeté dans la foulée", tique la designeuse.Tombée un peu par hasard dans le milieu, la Bruxelloise s’est rapidement interrogée: "Ces poubelles remplies de plâtre, ça m’a questionnée.Comme le “one shot” dans la consommation.Je me suis alors mise à récupérer ce plâtre".

Assiettes, bols, tasses…
C’est que la Tournaisienne d’origine n’est pas destinée à mouler les dents chancelantes toute sa vie. "J’ai suivi un bac en stylisme de l’objet à Saint-Luc Tournai. En plus de travailler des matériaux comme le métal, le bois, on y apprend la 3D nécessaire à l’usinage et à la production massive". Mais la consommation, très peu pour Lyse Lecrit. "Ces études n’approchent pas du tout le recyclage ou l’environnement. Même: plus les matières premières sont neuves et coûtent cher, plus les projets sont bien cotés".

Fraises
On connaît la suite: Lyse quitte rapidement les stridences des fraises et les fragrances mentholées des désinfectants.Mais elle emporte des déchets de plâtre en souvenir. "Les marques de ces plâtres dentaires utilisent des couleurs pour indiquer la dureté de chaque matériau.Je trouvais ça esthétique.Je les ai pilés et concassés pour les intégrer à d’autres plâtres, unis, et créer du terrazzo". Le résultat: un bel objet dans les tons pastels aux incrustations colorées très tendance.

Bougies?
Pour l’instant, le joli porte-savon de Lyse Lecrit ne s’achète qu’à une seule adresse: Yuman, le magasin saint-gillois dédié aux produits circulaires. "Je ne souhaite pas augmenter drastiquement ma production: je ne suis pas une machine.Et je veux garder d’autres activités". La designeuse bruxelloise s’est en effet spécialisée dans l’upcycling et le slow design: elle crée des chouchous en récupérant des cravates et de la vaisselle à base de terre belge."J’ai essayé de cuire celle de mon jardin mais ça n’a pas marché".
