Il tire sur les forces spéciales à Manage et sollicite une peine de travail
Jérémy a écopé d’une peine de sept ans de prison en première instance. Il a fait appel
Publié le 20-03-2023 à 11h04
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Nous sommes le 26 avril 2022 à la rue de la Croyère à Manage. Il est cinq heures du matin. Les unités spéciales de la police entourent une maison. Ils ont un mandat de perquisition signé par un juge d’instruction. L’habitant est soupçonné de détenir un véritable arsenal. Un policier tente de forcer le verrou de la porte. Celle-ci ne s’ouvre pas, car il y a trois verrous. Les forces de l’ordre utilisent la manière forte, le bélier, sous l’œil d’une caméra de surveillance.
Jérémy, qui dort à l’étage de la maison, est réveillé en sursaut par le bruit du bélier contre la porte. Il se saisit de son Browning 7.65 qu’il cache sous son oreiller. Il se rend à la fenêtre et tire. Il sort de sa chambre et croise les agents des forces spéciales dans les escaliers. “Police ! Montrez vos mains ! ” ordonne un policier vêtu de noir, qui porte un brassard fluorescent sur le biceps.
Le gaillard refuse d’obtempérer. Les policiers le plaquent au sol et lui mettent la tête dans une cagoule. Jérémy se débat. Les armes et les munitions qu’il détient sont saisies. Il détenait bien un arsenal. Les policiers constatent que le 7.65 s’est enrayé.
Deux procès, deux peines
Le jeune homme est inculpé de la tentative de meurtre d’un policier, de rébellion, de détentions d’armes, de munitions, de cannabis et de cocaïne. L’affaire est renvoyée devant la 6e chambre du tribunal correctionnel du Hainaut, division de Charleroi, qui traite l’affaire en deux temps. Le 10 octobre 2022, il écope de sept ans de prison ferme pour la tentative de meurtre et la rébellion armée. Deux mois plus tard, le 22 décembre, il est condamné à trois ans de prison avec sursis de cinq ans pour détention d’armes, de munitions et de drogues.
“Ces deux dossiers auraient dû être joints initialement”, maugrée l’avocat général en appel. Me Salvatore Callari, pour la défense, partage cet avis. C’est le seul point sur lequel les deux parties sont d’accord.
L’avocat général requiert une peine unique, de sept ou huit ans, contre celui qu’il qualifie de “Tony Montana” de Manage. Il considère que toutes les préventions sont établies. “Le coup de feu n’a pas été tiré en l’air. Il a visé le sol, la balle a ricoché sur le bitume, est passée à cinquante centimètres d’un policier, et s’est logée dans le volet d’une habitation en face. Le policier a clairement été visé. On ne se comporte pas comme dans les films de gangsters ou dans les jeux vidéo”, dit-il.
Braqué à plusieurs reprises
Interrogé par la présidente de la cour, Jérémy ne conteste pas le coup de feu. “J’ai déjà été braqué dans le cadre de mon trafic de stupéfiants. J’ai acheté cette arme pour me protéger. Je n’ai pas réfléchi, je ne les ai pas crus quand ils ont crié police”, dit-il.
Son avocat précise que les forces spéciales sont habillées en noir, et non pas en bleu comme leurs collègues de la zone. “Il est 5h16 du matin. Il fait noir. Il est réveillé par les coups de bélier. Il est confus. Je suis convaincu qu’il ne sait pas ce qu’il se passe. Vingt-six secondes séparent le premier coup de bélier du coup de feu, tiré par la fenêtre. On ne peut pas affirmer, au-delà de tout doute raisonnable, qu’il s’agisse d’une tentative de meurtre”, plaide Me Callari.
Ce dernier plaide l’acquittement pour la tentative de meurtre et ne s’oppose pas à une requalification en menaces. Il conteste aussi la rébellion, “sa réaction fut un réflexe quand les policiers l’ont attrapé et mis la tête dans une cagoule”. Le reste n’est pas contesté.
Jérémy était bien actif dans un trafic de drogues. Enfant battu par un père alcoolique, placé dans des centres d’accueil, il fut livré à la sauvagerie de la rue à ses 18 ans. La mendicité, les squats. Avant son arrestation, Jérémy s’était repris en main, travaillant comme cantonnier sous contrat article 60. Il n’avait aucun antécédent judiciaire. “C’est un garçon récupérable pour notre société”, insiste son avocat.
Arrêt à la fin du mois.
C.K