La Louvière : il fonce vers un homme avec une voiture volée, ce n’est pas une tentative de meurtre

Nous sommes le 30 janvier 2022. Il est environ 6h30 du matin. Le maraîcher Calogero s’est levé tôt pour livrer ses clients. Alors qu’il est occupé à charger son véhicule de caisses de légumes frais, un homme s’installe derrière le volant et démarre. Cet homme, c’est Quentin, délinquant récidiviste qui consomme drogues et alcool à outrance. Lui n’a pas dormi de la nuit.

Quentin démarre, fait demi-tour. Calogero se place sur la rue du Marché pour empêcher Quentin de poursuivre sa route. Il fait de grands gestes avec ses bras. Quentin fonce et touche Calogero, lequel se jette sur le bas-côté de la route. Miraculeusement, il n’est que légèrement blessé.

L’intention de tuer contestée

Pour le tribunal correctionnel de Mons, c’est une tentative de meurtre. Un avis que partage, en appel, le ministère public. “Il a eu la volonté de supprimer un obstacle pour prendre la fuite. Nous avons là un homme qui est sous le couvert de plusieurs décisions judiciaires”, avait déclaré l’avocat général dans son réquisitoire.

L’avocat de la défense a contesté cette tentative d’homicide et la cour lui a donné raison. “Il a accéléré pour assurer sa fuite et non pas pour attenter à la vie de la partie civile”, estime la cour. Selon celle-ci, la distance était trop courte pour atteindre une vitesse suffisante et des conséquences létales. La victime a d’ailleurs été capable de courir derrière son véhicule, note la cour. La peine prononcée est donc de trois ans de prison, assortie d’une amende de 208 euros.

C’est la deuxième fois que la cour se montre moins sévère que le tribunal avec Quentin. Elle avait déjà réduit de douze mois une condamnation pour un vol avec violence et des coups portés à un proche. Il avait finalement écopé de 12 et 10 mois de prison.

Un homme dépressif

La cour a probablement pris en compte le parcours personnel de Quentin, lequel a dû jouer le rôle de père de famille en 2020 après le décès de sa maman. La cohabitation avec ses frères et sœurs était difficile. Le jeune homme s’est réfugié dans ses addictions. “Je vivais à l’époque une grosse dépression et je ne voulais pas l’admettre. Je n’avais jamais eu le moindre problème avec ce voisin”, avait-il raconté devant ses juges.

Le ministère public l’avait comparé à “une grenade dégoupillée”. Toutefois, selon son avocat, Quentin a démontré qu’il pouvait faire autre chose que de se droguer et boire. En août 2022, il avait décroché un emploi de barman. Quentin reste détenu.