Licenciements à Avery Dennison : Ministres et députés bien décidés à réduire au maximum le nombre d’emplois menacés
Plusieurs actions seront mises en place dans les prochaines semaines pour identifier les vraies raisons des licenciements et accompagner au mieux les travailleurs.
Publié le 21-03-2023 à 12h15
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Députés, travailleurs, élus locaux ou encore syndicats étaient présents au Parlement wallon ce mardi matin pour discuter de l’avenir des travailleurs de l’entreprise Avery Dennison de Soignies. Depuis l’annonce du licenciement de 245 travailleurs, le pouvoir public est en effet mobilisé afin de réduire au maximum ce nombre d’emplois menacés et accompagner les travailleurs licenciés dans leur recherche d’un nouvel emploi. Les ministres de l’emploi, Christie Morreale (PS), et de l’économie, Willy Borsus (MR), étaient ainsi réunis dans une commission conjointe.
Les discours des différents partis politiques étaient assez unanimes : il faut diminuer au maximum le nombre d’emplois menacés et accompagner les travailleurs en levant un maximum de leviers possibles pour les aider. Les députés Antoine Hermant (PTB), Laurent Devin (PS), François Desquesnes (Les Engagés) et Manu Disabato (Ecolo) ont tour à tour exposé leurs inquiétudes aux ministres afin de mettre un maximum de poids dans les actions qui seront entreprises par la suite.
“Les ministres ont pris la mesure des choses et partagent notre objectif de réduire au maximum le nombre d’emplois menacés et de mettre la pression sur la direction”, confie François Desquesnes, député wallon. “Toute une série d’actions concrètes ont été demandées. Nous voulons tout d’abord impliquer un maximum de pouvoirs publics. La commune de Soignies se positionnera ce soir lors du vote d’une motion en faveur des travailleurs, il fallait également que la Région soit impliquée. Elle compte le faire, c’est donc une bonne chose. ”
En plus d’impliquer un maximum de pouvoirs publics autour d’une même cause, les députés ont demandé l’ouverture d’un dialogue entre les syndicats, les autorités et la direction. Cette dernière fait d’ailleurs profil bas depuis l’annonce des 245 licenciements. Plusieurs raisons avaient été évoquées par l’entreprise pour expliquer sa décision d’avoir recours à un licenciement collectif. La direction souhaite transformer le site de Soignies en un site Graphique avec des produits de flocage et de décoration à haute valeur ajoutée. Elle compte automatiser et moderniser l’outil afin de le rendre performant. Les autres produits fabriqués à Soignies comme le Tapes (mousse, double-face) et le Label (étiquettes) seront transférés sur d’autres sites du groupe.
Une justification que les élus souhaitent faire analyser objectivement par les ministres. “Nous voulons connaître les vraies raisons de ces licenciements annoncés et analyser si elles sont valables ou pas”, poursuit François Desquesnes. “Lors de la réunion avec la direction, nous devons pouvoir jouer carte sur table et, donc, objectiver ces raisons avant qu’elle n’ait lieu. Le pouvoir public possède des responsabilités envers les travailleurs qu’il se doit d’assumer. ”
Par le passé, l’entreprise avait pu bénéficier de soutien financier de la part de la Région. Soutien financier qui n’était pas conséquent. Des solutions peuvent donc peut-être être trouvées également de ce côté-là. “Nous devons mobiliser le plus de leviers possibles”, ajoute François Desquesnes.
Diminuer les pertes d’emplois est une chose, accompagner les travailleurs en est une autre. “Nous devons anticiper les choses. Il faut que des outils régionaux soient disponibles dès maintenant pour que les travailleurs puissent éventuellement se reconvertir préventivement aux licenciements s’ils le souhaitent”, explique François Desquesnes.
Des actions peuvent être menées au travers d’un accès anticipé à la pension pour les travailleurs les plus âgés. Elles ont néanmoins un impact limité à en croire le député écologiste, Manu Disabato, qui révèle que “seuls une quinzaine de travailleurs peuvent prétendre à ce départ à la retraite anticipé”.
De façon plus générale, l’ancrage des multinationales sur le territoire wallon pourrait être revu pour éviter pareils épisodes à l’avenir. De nombreux points mis à la connaissance des ministres.
Le ministre Borsus a pris d’abord pris la parole en rappelant l’historique de l’entreprise. Il a ensuite indiqué “qu’il s’associe pleinement au combat des parlementaires, des familles, des syndicats et des élus locaux. Je mesure bien l’inquiétude qui peut régner dans ce dossier. Je veux trouver de façons actives des solutions pour celles et ceux qui seraient concernés par ces licenciements. ”
Il a ensuite confirmé que les premières actions mises en place viseront à réduire au maximum les emplois menacés. “J’ai également mené une analyse plus économique et industrielle du dossier. Nous souhaitons qu’une réunion puisse être organisée avec les parlementaires, élus locaux, syndicats et direction. Nous allons maintenir les contacts avec les syndicats afin de réduire le nombre de personnes concernées, plaider la pérennité du site et l’investissement dans celui-ci. Nous voulons, enfin, plaider pour une croissance de ce site, ayant vécu moult péripéties dans le passé. ”
Toutes les forces vives seront donc mobilisées. Du côté de la ministre de l’emploi, Christie Moreale, on ne veut évidemment pas d’un nouveau séisme social. “La région a déjà été marquée par les pertes d’emplois liées à la fermeture de Durobor. On se demande vraiment pourquoi cette mesure doit être prise alors que la Ville de Soignies s’est mobilisée à de nombreuses reprises pour aider l’entreprise. Avec le ministre Borsus, nous essaierons toujours d’intervenir conjointement dans le dossier pour limiter au maximum les pertes d’emplois”, explique la ministre Moreale.
La ministre a confirmé son soutien à la cause des travailleurs et a rappelé qu’aucun contact avec la direction n’a été obtenu pour le moment. “Nous envisagerons toutes les pistes. La Région a certains leviers d’actions possibles. Nous y travaillons d’ailleurs d’arrache-pied. Cependant, ces actions sont assez limitées. Si licenciement il y a, des cellules de reconversion seront évidemment mises en place rapidement”, ajoute la ministre.
Un dossier qui sera remis sur la table dans deux semaines. “La Région a pas mal de travail à fournir dans ce dossier. J’interpellerai à nouveau les ministres dans 15 jours afin de m’assurer que des actions concrètes ont été mises en place”, conclut François Desquesnes.