Un papy d’Ecaussinnes poursuivi pour des attouchements sur ses petites-filles. L’une aurait été violée. Le parquet a requis 10 ans de prison
Une mise à disposition du tribunal d’application des peines, pour une durée de cinq ans, a également été demandée. L’homme conteste les faits, sauf le viol de sa fille, qui s’est déroulée trente ans plus tôt et qui est prescrit.
- Publié le 18-09-2023 à 16h02
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C’est l’histoire d’une famille qui a traversé trois décennies en gardant un lourd secret. Un père de famille a abusé sexuellement de sa fille et il a été convenu avec cette dernière et sa maman de ne pas déposer de plainte. Madame n’envisageait pas d’assumer seule quatre enfants. C’était dans les années 90.
Trente ans plus tard, au début du mois d’août 2020, la famille se retrouve dans un camping à la mer du Nord. Le couple a convié ses quatre enfants, ses beaux-enfants et ses petits-enfants à un repas à quelques mètres de la plage. Lors de ce repas, le patriarche fait sauter l’une de ses petites filles sur ses genoux. Il la chatouille, en glissant ses mains sous ses vêtements. Il insiste sur les parties intimes.
La maman de la petite n’ose pas intervenir, au contraire de la grand-mère qui retire l’enfant des mains de son mari. Le ton monte entre le grand-père et sa fille, laquelle n’a jamais oublié les faits survenus trente ans plus tôt. On réclame des comptes au grand-père qui passe aux aveux pour le viol de sa fille. Il ne conteste pas non plus les attouchements sur sa petite-fille, se réfugiant derrière l’excuse de l’alcool.
La cellule familiale explose, les autres enfants tombent des nues. Deux semaines plus tard, la famille est une nouvelle fois ébranlée. La grand-mère met fin à ses jours, en raison du comportement de son époux. Dans des SMS et des lettres échangés avec sa fille, elle confirme les suspicions qui pèsent sur son mari.
Deux petites filles
Lundi matin, le patriarche a comparu devant la 6e chambre correctionnelle du tribunal correctionnel du Hainaut, division de Mons. Si les faits commis à l’égard de sa fille sont prescrits, il doit répondre d’atteinte à l’intégrité sexuelle de sa petite-fille, mais aussi de la même prévention et d’un viol commis à l’égard d’une autre petite-fille, elle aussi mineure.
Le 25 octobre 2020, la fille de l’un de ses fils se confie à sa maman. Elle raconte que son grand-père s’enfermait avec elle dans une chambre, qu’il glissait la clé dans sa chaussette, et qu’il abusait sexuellement d’elle. La petite fille évoque, avec des mots d’enfants, des pénétrations digitales, anales et des fellations. Elle aussi avait onze ans au moment des faits.
Une instruction est ouverte au parquet de Mons. Le juge d’instruction sollicite des devoirs d’enquêtes, comme les déclarations vidéo filmées des petites filles qui sont jugées crédibles par les experts, ou encore l’analyse du matériel informatique du suspect. On y découvre des images d’enfants nus.
Suivi psychologique
Aujourd’hui, cette famille est totalement détruite. Les enfants font l’objet d’un suivi psychologique. Leurs avocats racontent que le prévenu avait demandé aux petites-filles de garder le silence, sous la menace de ne plus venir chez les grands-parents. Selon la maman d’une des filles, celle-ci fait des crises d’angoisse, s’enferme dans le silence et a même tenté de mettre fin à ses jours, à l’âge de onze ans.
Le prévenu conteste toutes les préventions, sauf le viol de sa fille, mais les faits sont prescrits. Il a déclaré qu’il s’agissait d’un fait “éducatif” pour qu’elle se rende compte que sa vie sexuelle allait changer lors du passage à l’école secondaire. Il a fait des aveux partiels concernant des attouchements sur une petite fille, mais il s’est rétracté à l’audience. Son avocate a plaidé son acquittement, déclarant que les enfants étaient présents lors de la réunion familiale et qu’ils ont tout entendu.
Le ministère public considère qu’il existe un faisceau d’éléments précis et concordants qui convergent vers la culpabilité du prévenu : les révélations confirmées par son épouse, l’audition d’une petite-fille qui apporte des éléments très précis, le témoignage de sa fille violée il y a trente ans et les images retrouvées dans le GSM du prévenu. Une peine de dix ans, assortie d’une mise à disposition du tribunal d’application des peines pour une durée de cinq ans, est requise.
Le jugement sera prononcé dans un mois.