Tourner un film comme on fait un jeu vidéo: c'est le pari de "Magic Loom" à Marcinelle
Il n’y a ni décors ni fond vert, seulement un grand écran composé de panels LED, une caméra et des ordinateurs: voici la technologie qui peut changer la production cinéma d'après les fondateurs du nouveau studio Magic Loom, à Marcinelle.
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- Publié le 23-02-2022 à 17h16
- Mis à jour le 23-02-2022 à 17h49
Le studio Magic Loom a ouvert ses portes à Marcinelle, dans l’enceinte des éditions Dupuis à côté de Dreamwall. Si des scènes ont déjà été tournées ces dernières semaines, c’était l’occasion de présenter le concept - novateur - notamment au ministre Borsus.
Le principe est simple : c'est un studio de tournage. Mais il n'y a ni décors ni fond vert, seulement un grand écran composé de panels LED, une caméra et des ordinateurs. "On projette directement autour des acteurs, sur l'écran, ainsi qu'à la caméra, un décor interactif virtuel composé à base d'images réelles ou de synthèse", précise le fondateur Hervé Verloes. C'est avec un moteur graphique qui sert d'habitude aux jeux vidéo, l'Unreal Engine (Fortnite, Kingdom Hearts III, Borderlands 3, etc.), que Magic Loom propose cette prouesse : les acteurs sont réellement dans l'environnement virtuel, ils le voient de leurs yeux, plutôt qu'un fond vert qui sera traité en post-production. "C'est finalement la réunion du jeu vidéo et du cinéma, dont les techniques convergent de plus en plus."

Magic Loom promet des gains de temps considérables, puisque tout se fait en amont du tournage. "Pour une série néerlandophone, la production avait prévu 10 à 15 jours de tournage, en mobilisant 45 personnes, pour des scènes en voiture", exemplifie Hervé Verloes. "Ils sont venus ici, et en deux jours ils avaient tout plié." Les images parlent d'elles-mêmes : les voitures sont emmenées dans le studio, un fond animé défilant est projeté sur l'écran, pendant que la caméra capture tout et qu'une personne appuie de temps en temps sur l'attache-remorque pour faire croire que la voiture bouge au gré des nids-de-poule. "C'est comme rouler en vrai, sans les aléas d'un tournage en extérieur." Autre exemple : Benoît Poelvoorde est venu tourner à Marcinelle. Pour une série, il aurait dû se déplacer dans 50 lieux différents, à la place il est venu tourner en décors virtuels à Magic Loom. "Depuis Marcinelle, on peut ainsi imaginer un coucher de soleil au Maroc sans dépendre d'un timing bien précis, de la météo, de devoir se déplacer jusque-là, etc."

Les écrans projettent aussi des lumières et réflexions réalistes sur les objets, accessoires, et acteurs. Un autre écran au-dessus du plateau permet aussi d’avoir ces réflexions et un éclairage intelligent. Et la caméra principale, sur laquelle sont connectés les puissants ordinateurs qui se chargent de tout calculer en temps réel, est bourrée de capteurs pour que l’image virtuelle suive les mouvements réels, pour un effet bluffant.

Magic Loom vise à proposer à ses clients "tous les services de la production virtuelle." De la motion capture pour le jeu vidéo, l'animation ou les effets spéciaux cinéma, mais aussi des concerts en direct dans le "métaverse" auxquels les spectateurs assistent de chez eux, ou encore des événements ou compétitions d'e-sport. Soutenu par Wallimage et Sambrinvest, avec du matériel Motion Capture prêté par l'UMons, le studio proposera aussi un volet formation via le K6 Animation Institute. Ministre, partenaires et investisseurs avaient l'air ravis de la présentation de ce nouvel acteur wallon à Charleroi, qui peut accueillir des productions à Marcinelle ou se déplacer partout en Europe sans trop de difficultés.
