"Il y aura 6 000 emplois de plus sur Charleroi d’ici 2027-28", d'après Paul Magnette
Paul Magnette partage sa vision "macro" du redéploiement économique de Charleroi.
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Publié le 09-09-2022 à 14h09 - Mis à jour le 09-09-2022 à 14h23
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Créer 1 000 emplois par an. C’est l’objectif que s’est fixé Paul Magnette, bourgmestre de Charleroi, pour les cinq prochaines années.
"Une ville c’est de la brique, du végétal, de l’organique, bien sûr. Mais comme l’année dernière dans mon discours des Fêtes de Wallonie j’avais fait le point sur les investissements - plus d’un milliard d’euros - cette année ce sera sur l’activité économique. Parce qu’une ville c’est avant tout des êtres humains, qui travaillent parce qu’on fait toustes toujours quelque chose avec nos mains ou nos esprits. Cet aspect "travail", c’est d’autant plus marqué à Charleroi que c’est une ville industrielle, née du travail et qui l’a façonnée durant des années."
Pour étayer sa vision de Charleroi et faire le point sur l’activité économique, Paul Magnette a pris deux grands axes : la création d’emploi et la formation.
"6 000 emplois prévus, des annonces fermes"
Dans le district Centre, on concentre des emplois publics, des bureaux, des services ainsi des commerces et de l'Horeca. Un pôle digital et créatif se crée autour d'A6K, Sambrinvest, Charlewood et le Quai 10, tandis que Charleroi Entreprendre accompagne les créations d'activités. "Vu les mètres carrés de bureaux prévus, sur cinq ans il y aura 1 000 emplois à créer pour remplir l'espace", dit le bourgmestre.
À l'Est, c'est l'économie circulaire qui se développe avec Tibi, Filao et Retrival, le port multimodal ainsi que l'écopole de Farciennes et l'arrivée prochaine de Google en bords de Sambre (600 emplois).
À l'Ouest, "c'est compliqué : c'est à la fois industriel avec Air Liquide, Industeel et autres, mais aussi des friches abandonnées". Il y aura donc l'arrivée de la "caserne du futur" de l'armée belge (1 000 emplois militaires et civils), le nouveau stade de Charleroi et des activités agroalimentaires (cuisine centrale) et logisitiques (hub alimentaire et Weerts).
Au Sud, plus "résidentiel", ce qui reste des ACEC (Alstom, Thales, Nexans) continue de grandir et vient d'être rejoint par la plus grande usine de satellites d'Europe, Aérospacelab (500 emplois). Comet de son côté consolide ses activités de tri et de recyclage.
Au Nord enfin, le biopark continue de grandir, et il y a des annonces de l'arrivée du parc d'attractions Legoland (800 emplois directs, 640 indirects) et de démantèlement d'avions à côté de l'aéroport (900 emplois). "En tout, ça fait 6 000 emplois prévus pour 2027-28, via des annonces fermes. Et je précise qu'il y a aussi eu, cette année au Forem, l'ouverture de 2 250 offres sur l'arrondissement."
"Créer des emplois c’est bien, mais ça doit aller aux Carolos"
Sauf que pour Paul Magnette, créer des emplois c'est une chose, mais il faut qu'ils profitent aux Carolos. "L'avantage c'est qu'on voit que les emplois qui vont se créer sont pour tous les travailleurs, du docteur en biosciences à celui qui a décroché de l'école", détaille-t-il. "Mais le taux de chômage des jeunes et de longue durée est toujours haut à Charleroi."
Là, une seule réponse pour Paul Magnette : la formation. On note le redéploiement de la Cité des Métiers d'ici 2025, le futur campus universitaire à la ville haute, les investissements dans A6K-E6K pour la manufacture avancée, Charlewood et Becode, l'IFAPME pour la technique et même Duo For A Job qui vient d'arriver sur la région, pour épauler les demandeurs d'emploi d'origine étrangère victime de discrimination. "Nos hautes écoles aussi se déploient : la HELHA veut s'étendre dans les secteurs de l'alimentation durable et la biopharma, et la HEPH fait un master en Jeu Vidéo et vise l'économie solidaire et la diététique", insiste le bourgmestre. Enfin, la European Biotech School annoncée sur le biopark formera de façon pointue les diplômés de biotech aux besoins spécifiques des entreprises locales. "N'oublions pas la reconversion et la réinsertion, avec les cellules du district Ouest ou Monceau-Fontaine, par exemple, ainsi que le Territoire Zéro Chômeur de longue durée qui va se déployer."
"Ne pas répéter les erreurs du passé"
Charleroi s'est construit sur le charbon et l'acier. Mais quand ça s'est écroulé, tout le reste est tombé en même temps. "C'est la raison pour laquelle on mise sur une diversification, pour éviter un choc à l'avenir", précise Paul Magnette. "Je ne vois pas dans 30 ans l'agroalimentaire ou les biotechs s'écrouler, mais si ça devait se produire, on n'aura pas tous nos œufs dans le même panier. Et les secteurs sont à gros potentiel de croissance, ce qui est aussi très prometteur." Les secteurs identifiés comme forces à développer par le plan Catch (logistique, biotechs, manufacture avancée, aérospatial et aéronautique) seront complétés par des nouveaux, émergents : l'agroalimentaire, le digital et la "cleantech", c'est-à-dire l'économie d'énergie, le renouvelable et le circulaire.
"Charleroi, c'est un paradoxe : un cycle de création et de destructions d'emplois", détaille le bourgmestre. "Entre 2005 et 2015, il n'y a eu que 1 000 emplois nets créés, soit 100 par an à peine. Ce n'est pas qu'on ne crée pas de nouveaux emplois, il y en a eu 11 000 en dix ans, mais en parallèle on en a eu 10 000 détruits, avec Carsid, Caterpillar, etc. Mais depuis cinq ans, il n'y a plus eu de grandes annonces de fermeture, on croise donc les doigts pour que ce cycle soit donc enfin terminé après 30 ans de destruction de l'outil industriel carolo. Sans compte qu'il y a eu, dans le même temps, une augmentation démographique qui a créé pas mal de chômage chez les jeunes. Mais à nouveau, aujourd'hui la démographie s'est stabilisée. Il faut maintenant créer des emplois, mais il faut aussi former les jeunes Carolos pour qu'ils décrochent ces emplois, locaux."