Viol et séquestration d’une étudiante liégeoise : le doute profite aux prévenus, qui sont acquittés
Le tribunal correctionnel de Charleroi a relevé plusieurs éléments qui rendent “vraisemblables” les versions données par les trois prévenus.
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Publié le 08-02-2023 à 16h41 - Mis à jour le 08-02-2023 à 17h11
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Quand le doute existe, il profite toujours au prévenu. Cette notion judiciaire s’est appliquée, ce mercredi matin, en faveur d’Elias, d’Angy et de Hamdi. Le trio était poursuivi pour plusieurs viols et la séquestration de Laura (prénom d’emprunt). Cette dernière s’est, le 13 janvier 2018, rendue dans une boîte de nuit bruxelloise. Après ne pas s’être sentie en forme après avoir consommé un verre, la jeune femme a décidé de sortir à l’extérieur du club.
À 6 h 47, les images de caméra de surveillance montrent la jeune femme titubante, qui déambule dans la rue accompagnée d’un individu. Pour le parquet, cet homme non identifié était l’un des prévenus. La plaignante confie que trois individus, dans une voiture, l’ont embarquée à Bruxelles en prétendant la ramener du côté de Liège. À 7 h 18, le GSM de Laura borne du côté de Charleroi, dans un studio. C’est l’heure d’arrivée de la victime. Le premier acte sexuel a lieu. À 9 h 10, le téléphone s’éteint. Le 14 janvier 2018, un dossier est ouvert à la suite du signalement aux autorités de la disparition de Laura (prénom d’emprunt) par sa mère. Le lundi 15 janvier, le quatrième et dernier fait de viol, selon la victime, prend fin. Cinq hommes, dont Elias, Angy et Hamdi, auraient violé la jeune femme, selon ses dires.
Retrouvée grâce à la géolocalisation
La jeune femme fut finalement retrouvée durant la nuit qui suit, grâce à des messages envoyés à son frère sur Messenger et à un partage de géolocalisation via Google Maps. “Elle a notamment envoyé 'je suis à Charleroi, faut que vous me retrouviez'. Ce ne sont pas les mots d’une jeune fille qui semble tranquille”, insistait Me Mallants, partie civile pour la victime. L’intervention policière dans le studio de Hamdi, rue des Trois Pistolets à Charleroi, permet aux agents d’interpeller Elias et Hamdi, en slip. Laura, elle, est recroquevillée dans un fauteuil.
Cinq ans plus tard, Elias, Angy et Hamdi niaient avoir violé et séquestré Laura. Pour les trois hommes, c’étaient eux les victimes dans l’histoire. L’un y a vu là l’occasion de faire la fête et de faire l’amour avec une “fille facile”, tandis que Hamdi jurait que Laura était “100 % consentante”. “Elle nous a même fait à manger, elle a dansé, mis de la musique. Elle pouvait quitter l’appartement quand elle le voulait.”
Angy, lui, affirmait ne pas s’être éternisé dans le studio de son ami. Pour le trio, la jeune femme se trouvait “dans un état normal.”
Plusieurs éléments qui laissent planer le doute
Pour le parquet, Laura n’était pas en état de consentir quoi que ce soit. Le changement de version opéré dans le dossier par la victime (affirmant avoir donné son consentement à la vue d’une vidéo d’un des actes sexuels) était un “mécanisme de défense d’une victime”, selon la substitute Garcez. Me Mallants, lui, parlait d’une solution “pour prendre la fuite et tourner la page” après une publicité des faits dans la presse.
Compte tenu de l’état de santé mental des trois prévenus (atteints d’un trouble mental au moment des faits et qui persiste aujourd’hui), une mesure d’internement avait été requise. Ce mercredi matin, les trois avocats à la défense ont obtenu gain de cause : Elias, Angy et Hamdi ont été acquittés des faits reprochés. Le tribunal correctionnel de Charleroi a estimé ne pas avoir suffisamment d’éléments pour confirmer la culpabilité des prévenus. “Il n’est pas démontré que les relations sexuelles ont été forcées et il n’est pas certain que les portes et fenêtres étaient fermées.” Le tribunal est également revenu sur le changement de version opéré par la jeune femme dans le dossier, ainsi que sur l’absence d’inquiétude des amis de Laura, au moment où cette dernière a quitté la boîte de nuit bruxelloise.