Le "plan genre" de Charleroi critiqué: la non-binarité oubliée
Un mois après son adoption, le plan genre de la ville de Charleroi fait l’objet de critiques. La non-binarité y a été oubliée.
Publié le 14-02-2023 à 17h02
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Un plan genre pas assez… genré ? C’est de l’avis de certains observateurs l’un des défauts du plan d’action genre de Charleroi présenté pour l’exercice 2023-2024. Bien sûr (et heureusement !), l’égalité femmes hommes est au cœur du projet, elle se décline autour de 62 engagements concrets.
Mais si elle est essentielle, cette ambition ne peut se prévaloir d’effacer toutes les autres: les agenres, c’est-à-dire les personnes qui ne déterminent pas leur identité par rapport à un sexe, les intersexués, nés avec une ambiguïté visible et des organes sexuels impossibles à définir comme mâle ou femelle, voire des personnes trans qui revendiquent leur neutralité peuvent éprouver des difficultés à se retrouver individuellement dans le document.
Il arrive en effet que des personnes ne se sentent ni homme ni femme, ou au contraire, se sentent les deux. D’où la nécessité de ne pas tout ramener à des choix binaires, le monde est plus complexe que ça. Et, au minimum, ces identités se retrouvent au sein d’un troisième choix, celui de la non-binarité.
Voici un an, une note de service de la direction générale de la Ville imposait au personnel l’usage d’un vocabulaire genré. Plus question de parler d’agents si ce sont des "agentes", d’appeler "madame l’inspecteur général" l’inspectrice générale qui occupe ce poste. Depuis lors, un véritable précis de vocabulaire et de grammaire régit la qualification des fonctions et grades féminins, cela sur tous les supports et documents officiels de la Ville, conformément au décret du 14 octobre 2021.
Pour désigner des ensembles d’hommes et de femmes, l’emploi de formules doubles est également requis. Par exemple, les puéricultrices et les puériculteurs, les enseignantes et les enseignants… On doit enfin veiller à compléter des mots épicènes (qui conviennent aux deux sexes) comme bibliothécaire, par l’expression "tant femmes que hommes". Quant aux offres d’emploi, appels au recrutement ou à la promotion et autres propositions de formation, il leur est interdit de se réduire à deux sexes. C’est ainsi que les mentions F/H ou M/F doivent être obligatoirement complétées par un X pour n’exclure personne. Un premier plan genre ne peut être parfait. Pour ne plus prêter le flanc aux critiques, le suivant devra renforcer son caractère inclusif.