Farciennes, commune numéro 1… du plus grand nombre de demandeurs d’emploi !
Seule une personne sur deux travaille dans cette petite commune à l’est de Charleroi. Des chiffres impressionnants, mais qui ne sont pas une fatalité. Analyse.
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Publié le 09-03-2023 à 06h40 - Mis à jour le 09-03-2023 à 08h42
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Avec 25 % tout rond de “taux de demande d’emploi”, Farciennes est la commune qui bat tous les records, se plaçant devant les habituelles villes de Liège et Charleroi. Selon les chiffres fournis par le Forem, une personne sur quatre dans cette petite commune de 11 000 habitants est donc “demandeuse d’emploi” sans occupation. On ne compte pas là-dedans les personnes en formation, celles au CPAS, etc. D’ailleurs, dans les personnes en âge de travailler, moins de la moitié ont effectivement un emploi (44,5 %). Et cela se ressent, évidemment, dans les revenus des habitants, dont la médiane est établie sous la barre des 21 000 €, avec même un ménage sur dix renseignant un revenu annuel inférieur à 10 000 €, pour les déclarations recensées par Statbel en 2021.
D’où viennent ces chiffres qui peignent un tableau d’une région sinistrée ? Il y a déjà l’historique : Farciennes était, au XXe siècle, une des communes les plus riches de Wallonie. Une centrale et un charbonnage tournaient à plein régime. Puis tout a fermé et il n’y a plus eu, quasi du jour au lendemain, le moindre emploi disponible. “La classe moyenne est partie, et pour ne pas laisser les ouvriers sans rien des logements sociaux ont été construits, beaucoup de logements sociaux”, explique-t-on au cabinet du député-bourgmestre socialiste Hugues Bayet. Jusqu’à récemment, 33 % du parc immobilier de Farciennes étaient des logements sociaux, un chiffre aujourd’hui revenu à 25 % mais qui reste trois fois plus haut qu’ailleurs en Wallonie. La population des logements sociaux étant, par définition, précarisée, la commune n’a plus attiré que ce type de public durant des décennies. “Cela, le fait que pendant des décennies il y a un eu un sous-investissement public massif… additionné à de très faibles rentrées d’impôts qui ne nous permet même aujourd’hui de ne réaliser aucun investissement sans subsides, met les chiffres en contexte.”
La double crise, Covid puis énergétique, a été vécue de plein fouet à Farciennes : puisque la plupart des personnes ayant un emploi sont sous contrat précaire (chauffeur, magasinier, etc.), “ils ont été les premiers à trinquer durant les crises”, précise la Commune.
C’est donc une fatalité ? Pas du tout. Le taux d’emploi est en progression depuis dix ans (+1 point) et devrait encore s’accélérer dans les années à venir. La population de Farciennes est jeune – 40 % des habitants ont moins de 30 ans – et un effort a été fourni pour développer de l’activité économique : Google a annoncé son installation à l’Ecopôle, à côté d’autres entreprises, ce qui amènera des centaines d’emplois directs et indirects, dont de nombreux peu qualifiés. Le zoning des Fontenelles, à côté de Fleurus, vient d’être construit et les entreprises s’y installent, petit à petit, promettant la création de 400 emplois dans les prochaines années. Enfin, la création de la Cité des Métiers et d’un campus universitaire à Charleroi – seule ville européenne sans université jusqu’ici – ouvrira aussi des portes vers les métiers tant intellectuels que techniques… et c’est à 9 km à peine de Farciennes.
Le taux le plus bas à Attert, proche du Grand-Duché de Luxembourg
La meilleure élève de la classe ? La Commune d’Attert, située en province de Luxembourg, avec un taux de 5,6 % de demandeurs d’emploi en février 2023. Un taux plancher dont se félicite le bourgmestre, Josy Arens. “Je suis très fier de ce résultat qui s’explique principalement par la proximité du Grand-Duché de Luxembourg, souligne-t-il. En effet, beaucoup de personnes qui y ont trouvé du travail s’installent chez nous car elles ne peuvent se permettre d’acheter un terrain à bâtir ou une maison côté grand-ducal car les prix y sont astronomiques. Dans ma commune, six travailleurs sur dix ont un emploi au Grand-Duché. La Commune organise des cours de luxembourgeois pour les habitants.” Le bourgmestre ajoute que ce faible taux de demandeurs d’emploi s’explique aussi par la présence, sur le territoire communal, d’une importante maison de repos qui procure du travail à 127 personnes et de plusieurs établissements scolaires qui emploient, au total, 130 personnes. Un deuxième home, actuellement en construction, génèrera bientôt une cinquantaine d’emplois supplémentaires