”Ce n’est pas un échec, c’est un choix, une passion” : les métiers techniques et professionnels s’exposent à Charleroi
Trop souvent encore, les métiers manuels sont dévalorisés et les études vues comme un moyen de rester à l’école quand on a raté ailleurs. Les élèves de plusieurs écoles sont encore jusqu’au 1er avril à Ville2, à Charleroi, pour tordre le cou à ces idées préconçues et montrer leur futur métier, qui est aussi parfois leur passion.
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Publié le 15-03-2023 à 13h41 - Mis à jour le 15-03-2023 à 13h45
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De nombreux jeunes se demandent ce qu’ils vont faire de leur vie professionnelle. Même si on peut regretter des barrières artificielles – notamment les prérequis de diplôme de l’administration – il y a tout ce qui concerne “le cerveau”. Derrière un ordinateur, sur des fiches de calcul, dans un bureau, en meeting, dans un labo… il y a de quoi faire. Mais pour certaines et certains, c’est la volonté de faire des choses “de ses mains” qui l’emporte. Et c’est là que les métiers techniques et professionnels ont toute leur place. “Des belles réalisations, des métiers d’avenir, de précision, de savoir-faire, de participation active à la vie quotidienne des gens aussi”, souligne le député provincial Eric Massin, qui s’occupe notamment d’enseignement.
Informatique, boulangerie, mécanique, soudure, ou encore conduite d’autocars : jusqu’au 1er avril, les écoles sont présentes dans Ville 2. L’IETS et le CEFA organisent des journées “découverte” où des élèves de technique et professionnelle exposent, démontrent, expliquent leur futur métier, et ce qu’ils font durant leurs études. “C’est comme une vitrine pour les parents et les futurs élèves, pour aussi raser des idées préconçues. Non, aller en technique ou professionnelle n’est pas le résultat d’un échec. C’est un choix, et ça doit le redevenir pour beaucoup de gens qui ont encore ces préconceptions”, dit l’élu.

Bel exemple d’artisanat, les élèves ont notamment planché sur un four à pizza portatif, sur roulettes. Un espère de super-barbecue. Il est visible dans Ville2. Les conceptions ont été vues en cours généraux, math et français, la structure en métal avec la section soudure, les briques réfractaires posées par les futurs maçons, l’aspect extérieur sera fignolé par les élèves de carrosserie et les boulangers l’utiliseront ensuite pour du pain et des pizzas.
”Moi, je n’aime pas rester assis, faut que je bouge, que je fasse des trucs, je ne pourrais pas rester derrière un bureau”, nous explique Samir au détour d’un couloir. C’est vers l’électricité qu’il s’est tourné : coffrets électriques, disjoncteurs, plans, raccordement de compteur, tirage de câbles, piquets de terre, replafonnage après saignées, panneaux solaires, climatisations ou pompes à chaleur, circuits complets dans des maisons ou sur chantier… “Le rêve, c’est d’ouvrir ma propre entreprise en électricité pour faire des jardins et les maisons des gens”, dit-il.
Plus loin, un autre utilise du mortier pour monter un mur de briques. “Ici on est plutôt pour donner l’occasion à des petits, 2 à 10 ans, de coller des briques” explique l’enseignant à l’IETS. “Mais on va aussi faire plus tard dans la semaine une colonne tournante, le métier de maçon est très varié et chacun peut y trouver son truc : il y a les gros bourrins que ça amuse de monter 100m² de murs par semaine, et d’autres qui vont plutôt consacrer ce temps à réaliser des feux ouverts fins et artistiques, d’autres qui aiment les voûtes romaines, ou les façades décoratives. L’idée, c’est qu’ils sortent de l’école avec les principes de base, puisque quand on est maçon on assemble des “modules”, mais le métier est large.”

On est ensuite passé par le stand mécanique, où Florian et Samet bossent désormais beaucoup sur les voitures électriques. “Nous, les voitures c’est notre passion. On aime beaucoup les moteurs thermiques mais l’électrique c’est l’avenir et il faut vivre avec son temps. C’est un mode totalement différent, bien sûr, mais tout ce qui n’est pas moteur est très similaire : il n’y plus de courroie, de distribution ou d’huile, mais il y a du liquide de frein, des amortisseurs, etc.” La plus grosse différence ? L’équipement : “Les voitures électriques c’est de la haute tension, ça ne rigole pas. Même pour changer des plaquettes il faut débrancher les alimentations, il y a des certifications spéciales. Avec l’électrification, les hybrides, mais même l’électronique qu’on retrouve aujourd’hui partout dans les voitures thermiques, on doit aussi savoir utiliser des outils de diagnostic informatique. Ça ne veut pas dire que le PC nous dit où est la panne, il nous indique où quelque chose ne fonctionne pas, mais il y a toujours ce qu’on adore, c’est-à-dire traquer et comprendre les pannes, trouver exactement ce qui ne va pas, et le réparer. On a toujours les mains dedans et on les aura toujours, c’est aussi ça qu’on aime.” Leur envie ? Soit pousser les études pour un graduat mécatronique, sorte “d’ingénieur en mécanique”, soit ouvrir un garage. “Travailler en concession, malheureusement, ça paie très mal, on l’a vu durant les stages et en parlant autour de nous. Mais on ne s’inquiète pas.”